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Social - En 2011, inégalités et pauvreté ont continué de progresser, mais moins vite

L'Insee publie son étude annuelle sur l'évolution des niveaux de vie. La présente livraison porte sur l'année 2011. Elle montre que le niveau de vie médian a stagné en 2011, à hauteur de 19.950 euros, soit 1.630 euros par mois. Ce résultat est légèrement meilleur que celui de 2010, qui avait vu le niveau de vie médian reculer de 0,5%, après avoir progressé de 0,4% en 2009. Témoignant de l'ampleur de la crise, ces chiffres sont loin de ceux de la période 2004-2008, qui voyait le niveau de vie médian progresser de 1,8% par an en moyenne.

Des évolutions de revenus divergentes

La stagnation observée en 2011 recouvre toutefois des évolutions divergentes selon les déciles, qui se traduisent par un creusement des inégalités (même si la France figure toujours parmi les pays les moins inégalitaires). Ainsi, les 10% les plus aisés (neuvième décile, avec au moins 37.450 euros) voient leur niveau de vie médian progresser de 2,1% en euros constants. A l'inverse, les quatre premiers déciles connaissent en 2011 un recul de leur revenu médian, compris entre -0,2% et -0,8% selon le décile. Il s'agit, pour ces catégories, de la troisième année consécutive de recul, mais ce dernier ralentit nettement. Il était en effet compris entre -0,7% et -1,7% en 2010 et entre -0,4% et -1,1% en 2009. Le ratio entre les 10% les plus aisés et les 10% les moins aisés s'établit ainsi à 3,6 en 2011, après 3,5 en 2010 et 3,4 en 2009.
L'Insee estime que ce creusement des inégalités "est en partie dû à l'augmentation des disparités salariales". En 2011, comme en 2010, les bas salaires ont pâti de la faible revalorisation du Smic horaire brut. En moyenne annuelle, celui-ci a en effet baissé de 0,3% en euros constants, après une baisse de 0,4% en 2010. Autre explication : la part des salariés du premier décile qui ont un emploi à durée limitée ou à temps partiel a augmenté en 2011, ce qui pèse sur le revenu médian. L'Insee constate qu'"à l’opposé, les revenus salariaux évoluent plus favorablement dans le haut de la distribution". De même, les revenus du patrimoine ont augmenté en 2011, sous l'effet de la légère hausse des taux d'intérêt et de la progression des revenus des valeurs mobilières. Si les revenus du patrimoine jouent peu sur l'évolution du niveau de vie de 90% de la population - pour lesquels ils constituent en moyenne moins de 6% du revenu disponible -, ils représentent en revanche 27% du revenu disponible des 10% les plus aisés.

14,3% de la population sous le seuil de pauvreté monétaire

Ces évolutions et ce creusement des inégalités ont bien sûr un effet sur l'évolution de la pauvreté. En 2011, 8,7 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté monétaire à 60% du revenu médian, soit 11.724 euros par an et 977 euros par mois. La moitié d'entre elles vivaient même avec moins de 750 euros par mois. Le taux de pauvreté monétaire concerne ainsi 14,3% de la population. Le nombre de personnes concernées continue de progresser pour la troisième année consécutive, mais à un rythme qui se ralentit sensiblement : +0,3 point en 2011, contre +0,6 point en 2010 et +0,5 point en 2009. Ce ralentissement n'empêche pas le taux de pauvreté monétaire d'atteindre, en 2011, son plus haut niveau depuis 1997.
L'Insee relève également que la composition de la population la moins favorisée se modifie légèrement. La part des retraités parmi les adultes pauvres diminue (passant de 10% à 9,3%), grâce notamment à la revalorisation du "minimum vieillesse" au 1er avril 2011 (+4,7% pour une personne seule), à celle des pensions à la même date (+2,1%) et au nombre croissant d'actifs arrivant à la retraite avec une meilleure carrière. A l'inverse, le taux de pauvreté des actifs progresse en 2011, passant de 10,2% à 10,9%. Cette progression vaut pour les salariés comme pour les chômeurs. Comme déjà indiqué, les premiers pâtissent de la diminution des bas salaires en euros constants. La hausse de la pauvreté chez les chômeurs s'explique à la fois par l'allongement de la durée du chômage (avec son effet dégressif sur les revenus de remplacement) et par des revalorisations des allocations chômage inférieures à l'inflation.
Les jeunes adultes (18 à 29 ans) sont les plus touchés par la crise. Leur taux de pauvreté s'accroît de 1,7 point en 2011, passant ainsi à 19,4%, et leur niveau de vie médian recule de 2,6%, après être resté stable en 2010. Ces évolutions s'expliquent par un taux d'inactivité ou de chômage plus important et - pour les jeunes adultes actifs - par une précarité croissante de l'emploi (CDD, temps partiel...). Ainsi, le taux de pauvreté des jeunes ayant un emploi augmente en 2011 de 1,4 point à 11,5%, contre + 0,5 point à 8% pour l’ensemble des personnes ayant un emploi. 

 

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