Social - La taux de pauvreté varie de 7% à 46% selon les villes

7% à Versailles, 46% à Roubaix : le taux de pauvreté varie de 1 à six entre les villes les plus riches et les plus pauvres de France, selon une étude du Compas.

Le Compas - structure associative qui se consacre depuis une vingtaine d'années à la veille sociale et a notamment créé en 2009 l'Observatoire des inégalités territoriales - publie une étude originale sur le taux de pauvreté des principales villes françaises. Celle-ci consiste à mesurer, à partir des revenus 2009, le taux de pauvreté à 60% du revenu médian (la nouvelle norme européenne en la matière) dans chacune des communes de l'échantillon.
L'étude porte sur 98 villes et fait apparaître des écarts considérables. Si le fait qu'il existe des communes riches et des communes pauvres ne constitue pas véritablement une révélation, l'ampleur des écarts ne manque pas de surprendre. Le rapport est en effet de plus de un à six. Le taux de pauvreté varie ainsi de 7% à Versailles, Rueil-Malmaison et Neuilly-sur-Seine à 46% à Roubaix et à Saint-Pierre de La Réunion. Ce dernier département est d'ailleurs particulièrement mal loti avec quatre communes classées parmi les six plus pauvres (Le Tampon, Saint-Paul et Saint-Denis de la Réunion, en plus de Saint-Pierre). La méthodologie retenue "défavorise" toutefois les villes d'outre-mer, puisque le Compas retient comme référence le niveau de vie médian national, alors que l'Insee prend en compte un niveau de vie moyen spécifique aux DOM, inférieur d'environ 300 euros.

Les grandes villes, pièges à pauvreté ?

Autre enseignement de l'étude : la violence des contrastes en Ile-de-France. Parmi les dix villes affichant le plus faible taux de pauvreté, huit sont en effet des communes de l'ouest francilien (Hauts-de-Seine et Yvelines) présentant un taux de pauvreté compris entre 7 et 10%. Seules Saint-Maur-des-Fossés - le Neuilly de l'est parisien - et Pessac (Gironde) parviennent à se glisser aux septième et huitième places de ce classement. A l'inverse, le nord-est francilien compte plusieurs villes affichant des taux de pauvreté élevés, comme Aubervilliers (39%), Saint-Denis (35%), Sarcelles (33%) ou Bondy (28%). Avec un taux de pauvreté monétaire de 16%, Paris se situe dans la moyenne nationale (15%). Ce contraste entre villes d'une même région se retrouve également - de façon atténuée - en région Paca : 12% de taux de pauvreté à Antibes, 14% à Aix-en-Provence, 15% à Hyères, mais 22% à Toulon et 26% à Marseille.
Toujours en termes géographiques, certaines villes moyennes de province tirent bien leur épingle du jeu, à l'image de Quimper (13%), Dijon (13%), Cholet (14%), Niort (15%) ou Saint-Nazaire (16%). Parmi les grandes métropoles, c'est Lyon qui affiche le taux de pauvreté le plus faible (15%), suivie de Paris (cf. supra), Nantes (17%) et Bordeaux (18%). A l'inverse, certaines villes perçues comme "riches" affichent des taux de pauvreté significatifs, à l'image de Strasbourg (24%). De façon plus large, l'étude montre que la pauvreté tend à se concentrer dans les villes les plus importantes. Les communes de l'échantillon rassemblent ainsi un tiers de ménages pauvres, alors qu'elles n'abritent qu'un cinquième de la population française. Sur les 98 villes de l'échantillon, seules 20 affichent un taux de pauvreté inférieur ou égal à la moyenne nationale.

Des difficultés méthodologiques à lever

Bien sûr, il serait facile de relever plusieurs difficultés méthodologiques, dont certaines évoquées par les auteurs de l'étude eux-mêmes : faute de connaître la répartition des prestations par ville, n'est-ce pas un biais que de considérer "que l'on peut associer aux niveaux de vie locaux l'équivalent de ce qui est perçu au niveau national" ? La notion de commune est-elle la plus pertinente et ne vaudrait-il pas mieux raisonner en intercommunalité pour tenir compte du phénomène des villes centres et des banlieues ? L'approche strictement monétaire de la pauvreté est-elle un reflet fidèle de la réalité des situations ?... Enfin, on peut aussi se demander - comme le faisait d'ailleurs l'un des auteurs dans un texte récent (voir notre article ci-contre du 2 septembre 2011) - si l'on est pauvre de la même façon à Paris et à Aurillac.
Il reste que cette étude a le grand mérite d'exister et de susciter la réflexion. Le Compas entend d'ailleurs poursuivre son travail et apporter rapidement de nouveaux développements à cette approche territoriale de la pauvreté.

 

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