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Lutte contre l'exclusion - Pauvreté en Europe : la France pas si mal placée

Eurostat n'a pas coutume de régler ses publications sur des événements nationaux. Mais la sortie d'un communiqué de presse sur la pauvreté en Europe, à quelques jours de la Conférence nationale contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale, les 10 et 11 décembre, relève au moins des hasards heureux.
Le chiffres publiés - qui s'appuient sur l'exploitation de l'échantillon EU-SILC, source des données européennes sur la pauvreté - témoignent de l'ampleur des écarts au sein de l'Europe à 27. Ainsi, l'étude montre qu'en 2011, 24% de la population du vieux continent était "menacée de pauvreté ou d'exclusion sociale", ce qui représente environ 120 millions de personnes. Plus précisément, cette population correspond aux individus relevant d'au moins l'un des trois cas de figure suivants : personnes à risque de pauvreté après transferts sociaux, personnes en situation de privation matérielle sévère ou personnes de 0 à 59 ans vivant dans des ménages à très faible intensité de travail. Cette moyenne de 24% recouvre toutefois des écarts très importants. Ce taux est en effet de 15% en République tchèque, de 16% aux Pays-Bas et en Suède et de 17% au Luxembourg et en Autriche. Mais il monte à 49% en Bulgarie, à 40% en Roumanie et en Lettonie et à 33% en Lettonie. La France ne s'en sort pas trop mal - toutes proportions gardées - avec un taux global de 19,3%, inférieur à ceux de ses principaux partenaires (Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Espagne...). Contrairement à la plupart des autres Etats, le taux français est même en très légère baisse en 2011 (19,2% en 2010), mais il reste en hausse par rapport à 2008 (18,6%).
Si l'on distingue les trois éléments composant l'indicateur synthétique, les écarts sont variables selon les cas de figure considérés. Sur les personnes à risque de pauvreté après transferts sociaux (autrement dit le taux de pauvreté monétaire), le pourcentage de personnes concernées va de 9,2% en Islande et 9,8% en République tchèque à 22,3% en Bulgarie et 22,2% en Roumanie. La France affiche un taux de 14%, inférieur à la moyenne européenne (16,9%) et aux chiffres de tous nos grands voisins.
En revanche, les écarts sont considérables sur la population des personnes en situation de privation matérielle sévère. Ce cas de figure est quasiment inconnu au Luxembourg (1,2%), alors qu'il concerne près de la moitié de la population en Bulgarie (43,6%). Avec un taux de 5,2% pour une moyenne européenne de 8,8%, la France se situe à nouveau dans une situation très honorable, à quasi égalité avec l'Allemagne et le Royaume-Uni (5,3% et 5,1%), mais derrière l'Espagne (3,9%).
Enfin, les écarts sont plus resserrés pour les personnes de 0 à 59 ans vivant dans des ménages à très faible intensité de travail, ce qui recouvre très largement la définition du chômage. Avec un taux de 9,3% pour une moyenne européenne de 10%, la France affiche un meilleur résultat que l'Espagne et le Royaume-Uni, mais aussi que l'Allemagne (11,1%, alors que le chômage y est plus faible).