Audiovisuel - Ecran noir pour Angers 7 TV, privée du soutien de la ville
La nouvelle n'aura pas surpris grand monde : le 12 mai, le tribunal de commerce d'Angers a prononcé la mise en liquidation judiciaire de la chaîne locale Angers 7 TV. Déjà, lors de la précédente audience, le 21 avril, le tribunal avait accordé une mise en redressement judiciaire assortie d'une période d'observation de six mois, mais en laissant à peine plus de trois semaines à la chaîne pour présenter une solution de continuation (voir notre article ci-contre du 21 avril 2010). Les juges avaient d'ailleurs déjà écarté deux propositions de reprises, considérées comme insuffisamment crédibles. Lors de l'audience du 12 mai, ils ont rejeté l'offre de la société TV Loco, qui n'a été jugée convaincante par aucune des parties. Angers 7 TV cessera donc d'émettre dès ce soir et la quinzaine de salariés va être licenciée par le liquidateur judiciaire. La liquidation a d'ailleurs été demandée par l'avocat des salariés, car elle s'avère finalement la solution la plus protectrice pour ces derniers. Le rédacteur en chef et présentateur de la chaîne s'est néanmoins déclaré déçu par cet "immense gâchis", avec "22 ans de télévision locale qui s'arrêtent brutalement" (Angers 7 TV a commencé ses émissions hertziennes en septembre 2007, mais elle succédait à TV 10 Angers, diffusée sur le câble depuis le milieu des années 80).
La perspective d'une poursuite de l'activité était, de toute façon, très sérieusement compromise depuis que la ville d'Angers - principal actionnaire (à 33,5%) aux côtés du Groupe Ouest-France, qui avait décidé de se désengager - avait fait connaître sa décision de ne pas poursuivre l'aventure. L'adjoint au maire d'Angers chargé du dossier s'est justifié en indiquant que "la ville ne pouvait pas financer le projet des salariés, celui-ci ne remettant pas en cause l'ancienne ligne éditoriale et économique de la chaîne". Une affirmation aussitôt démentie par les salariés. Signe que les chaînes locales sont de plus en plus dépendantes du soutien des collectivités, l'équipe d'Angers 7 TV s'est tournée vers le département. Reçus le 10 mai par Christophe Béchu, le président du conseil général, les salariés ont eu le sentiment d'être écoutés par un interlocuteur qui "connaissait le dossier". Mais, dans un communiqué publié après la rencontre, le président du conseil général a fait savoir que le département "aurait été prêt à participer à un projet de reprise, sous certaines conditions", mais qu'il "n'était pas en mesure d'accompagner le projet de reprise à hauteur de 500.000 euros" (la quote-part attendue de la ville pour relancer la chaîne). Il s'est également dit "convaincu de l'intérêt pour notre territoire de disposer d'une télévision locale". Des propos en phase avec les déclarations du rédacteur en chef d'Angers 7 TV qui, à l'issue de l'audience, s'est dit persuadé "qu'il y aura une volonté politique pour faire renaître quelque chose, que les Angevins ne resteront pas trop longtemps sans télé locale. [...] Je vois mal Angers et le département du Maine-et-Loire se passer d'une télé locale".
Jean-Noël Escudié / PCA