Audiovisuel - Angers 7 TV obtient un sursis, mais la ville veut limiter son engagement
Alors que les quinze salariés de la chaîne locale Angers 7 TV redoutaient la liquidation et l'écran noir, le tribunal de commerce d'Angers s'est finalement prononcé, le 21 avril, pour une mise en redressement judiciaire, assortie d'une période d'observation de six mois. La décision était loin d'être évidente, tant la situation de la chaîne semble fragile. Créée en septembre 2007 (à la place de TV 10 Angers, qui diffusait uniquement sur le câble), celle-ci avait en effet déposé son bilan le 16 avril faute de perspectives financières. Principal actionnaire avec 34% des parts, le groupe Sipa Ouest-France avait fait connaître son intention d'arrêter dès le début de cette année. Ce retrait se situe dans un mouvement plus vaste, puisque le groupe a également poussé, à l'automne dernier, la chaîne locale Nantes 7 - finalement reprise par Télénantes avec l'aide des collectivités - à déposer son bilan, après avoir épongé sept millions d'euros de passif (voir notre article ci-contre du 30 novembre 2009). Le pool bancaire (Crédit Agricole, Crédit Mutuel et Caisse d'Epargne) détenant 31,5% du capital ne semblait pas davantage décidé à rester dans l'affaire. Pour sa part, la ville d'Angers, qui possède 33,5% du capital de la chaîne par l'intermédiaire d'une Sem, était également réticente à une poursuite de l'exploitation en l'état. Si Angers 7 TV a obtenu de bons résultats d'audience, elle n'a en effet jamais réussi à atteindre l'équilibre financier. Elle affiche aujourd'hui un déficit cumulé d'environ 900.000 euros et dispose de recettes publicitaires très inférieures aux objectifs.
La période d'observation qui s'ouvre aujourd'hui s'annonce très délicate. En effet, le tribunal de commerce a écarté les deux offres de reprise qui s'étaient manifestées. Les projets de Demain TV (la chaîne de l'emploi) et de TV Loco (Rennes) ont été jugés trop imprécis ou ont suscité des réserves de certains actionnaires de la chaîne. Les juges ont donc laissé à Angers 7 TV jusqu'au 12 mai pour présenter une solution de continuité crédible. A défaut, la nouvelle réunion du tribunal de commerce à cette date pourrait révoquer la période d'observation. Avant de connaître la décision de mise en redressement judiciaire, la ville d'Angers s'était déjà prononcée par la voix de l'adjoint au maire délégué aux bâtiments, aux achats et aux ressources humaines. Après avoir rappelé que la ville a déjà apporté trois millions d'euros depuis la création de la chaîne, celui-ci a notamment indiqué que la mairie entendait limiter son engagement à 500.000 euros. En janvier dernier, il avait également affirmé que la ville resterait engagée dans Angers 7 TV "tant qu'un repreneur garantissant son fonctionnement n'aura pas été trouvé". Si l'engagement de la ville ne suffit pas à viabiliser un projet, ce soutien affiché pourrait néanmoins inciter d'autres investisseurs à se faire connaître. De son côté, le groupe Sipa Ouest-France s'est engagé à payer les salaires jusqu'à la prochaine réunion du tribunal de commerce.
Jean-Noël Escudié / PCA