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Audiovisuel - L'Assemblée se penche "avec une certaine inquiétude" sur les télévisions locales

Alors que, dans la nuit du 1er au 2 février, l'Alsace était la première région à basculer en totalité sur la télévision numérique terrestre (voir notre article ci-contre du 1er février 2010), la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale organisait, le 3 février, une série d'auditions sur l'avenir des télévisions locales. Selon Michelle Tabarot, sa présidente, la commission regarde "la situation actuelle avec une certaine inquiétude, compte tenu du dépôt de bilan de chaînes de télévision, du désengagement de certains investisseurs, des difficultés d'asseoir un modèle économique et des incertitudes touchant la TNT". Il n'est pas sûr que la première table ronde aura rassuré les députés. Le président de l'Union des télévisions locales de service public (TLSP), Dominique Renauld, a ainsi rappelé que l'effectif moyen des chaînes locales est de 16 salariés et leur budget annuel moyen de 1,7 million d'euros, soit moins de 4 euros par habitant. Les ressources publicitaires représentant 40% de ces budgets (dont seulement 5% pour la publicité nationale), la recette publicitaire moyenne est d'environ 1,5 euro par habitant. Conséquence : "La situation actuelle provoque l'émergence progressive d'un nouveau modèle économique avec des budgets moins élevés et des financements publics accrus. D'où la place de plus en plus grande des collectivités locales dans l'ensemble des projets qui s'inscrivent dans le cadre d'un modèle de financement mixte [...]". Gérard Baumel, président de l'Union des télévisions locales de pays - et président de la mission "télévisions locales" de l'Association des maires de France - s'inquiète des "coûts exorbitants" de diffusion de la TNT, qui conduisent au dépôt de bilan de certaines chaînes locales ou en incitent d'autres à refuser toute extension de leur couverture. Le son de cloche n'est pas vraiment différent du côté des chaînes locales privées. Gilles Crémillieux, président du syndicat Les locales TV (qui représente les chaînes locales des métropoles), voit ainsi l'histoire de la télévision locale en France comme "une succession de rendez-vous manqués". Pour être privés, les opérateurs de ces chaînes n'en sont pas moins favorables à la "mixité" des recettes, tout en comptant en premier lieu sur la publicité. Des propos confirmés par Jean-Luc Nelle, président de SAS Télévisions locales associées, qui gère trois télévisions locales bretonnes en syndication, avec l'appui de la région (voir notre article ci-contre du 22 octobre 2009). Soulignant que la diffusion est bien le problème majeur, il rappelle que la TNT aurait dû diviser son coût par cinq pour les chaînes locales. Or, "si le coût de la diffusion a diminué pour les chaînes nationales, il a, au contraire, doublé pour les chaînes locales".
La seconde table ronde, organisée lors de la même séance par la commission, était consacrée aux voies de développement d'un marché publicitaire pour les télévisions locales. Martine Hollinger, directrice générale de TF1 Publicité, et Pierre Santini, directeur général de France Télévisions Publicité, se sont rejoints pour pointer les faiblesses des chaînes locales en la matière : absence d'une offre commerciale cohérente, manque de visibilité, faiblesse des audiences et stratégie commerciale chaotique. Ceci explique, selon eux, l'échec du GIE Télévisions locales, pour lequel les grandes régies peinaient de plus en plus à trouver des annonceurs. Pour Philippe Bailly, président de la société spécialisée NPA Conseils, la réponse passe par un développement de la syndication et une plus grande complémentarité des programmes. Une seconde réunion sur le sujet de la commission des affaires culturelles est prévue le 16 février. Elle devrait être consacrée au cas particulier de France 3, à mi-chemin des chaînes nationales et de la télévision locale.
 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

 

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