Déchets et économie circulaire : Agnès-Pannier Runacher veut accélérer l'incorporation de plastiques recyclés

Dans le cadre des Assises nationales des déchets qui se sont tenues à Nantes ce 3 octobre, la ministre de la Transition écologique a souligné la forte baisse de la mise en décharge de déchets depuis 2010, saluant les progrès du recyclage et du réemploi. Mais sur les emballages plastiques, la France reste très en retard et réfléchit à un système de bonus/malus pour augmenter l'incorporation de matières recyclées plastiques, a annoncé Agnès Pannier-Runacher.

"Grâce à votre action, nous avons fait baisser la mise en décharge : en 2023, 14 millions de tonnes de déchets ont été mis en décharge, c'est 30% de moins qu'en 2010", a déclaré Agnès Pannier-Runacher ce 3 octobre à Nantes, lors des Assises nationales des déchets réunissant les professionnels du secteur.

Pour la ministre de la Transition écologique, "c'est le fruit du développement du recyclable, c'est le fruit du développement de la filière CSR (combustibles solides de récupération utilisés pour alimenter les chaudières industrielles, à la place du charbon ou du gaz, plus émetteurs de CO2), mais également du développement des filières de réemploi".

Réduction de 50% des déchets mis en décharge en 2025 : un objectif qui ne semble plus hors de portée

Elle a toutefois souligné qu'il fallait "absolument continuer dans cette voie pour atteindre -50% le plus rapidement possible", comptant pour cela sur la mise en oeuvre "des fonds réemploi et réparation pour les textiles et les équipements électriques et électroniques". Cet objectif de 50% de réduction des déchets mis en décharge en 2025 par rapport à 2010 avait été fixé par la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), votée en 2015 lors du quinquennat de François Hollande.

S'il a longtemps semblé hors de portée, il pourrait bien être atteint sous peu, à en croire Antoine Bousseau, président de la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l'environnement (Fnade), qui compte 252 entreprises adhérentes. "-50% en 2025, on va le faire", a-t-il déclaré à l'AFP dans les couloirs des assises des déchets. Si le nombre de déchets produits annuellement baisse un peu, les chiffres dévoilés par Agnès Pannier-Runacher traduisent surtout le fait que "ces déchets vont de moins en moins en décharge" : d'"un tiers en 2010, là, on va être à 15%-16% en 2025", a-t-il assuré. "La fiscalité de l'enfouissement a beaucoup monté", atteignant "un niveau de prix tel qu'enfin, ça valait le coup de recycler", a indiqué Antoine Bousseau. Selon lui, la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) pour les déchets, qui était il y a quelques années de cinq euros la tonne de déchets déposés en décharge, s'élève désormais à 65 euros.

Un dispositif de bonus/malus pour inciter les producteurs à incorporer des matières plastiques recyclées

Au cours de son intervention aux Assises, Agnès Pannier-Runacher a aussi souligné que la France était très en retard sur le recyclage des emballages plastiques - seuls 23% sont recyclés alors que l'objectif est de 40% -, ce qui lui a valu une amende européenne de 1,6 milliard d'euros. Un constat générateur de "frustration" pour la ministre, qui a annoncé le lancement d'un "groupe de travail avec les parties prenantes afin de définir de manière transversale (...) un dispositif de prime/pénalité sur les plastiques", sur le modèle pollueur/payeur. Elle souhaite ainsi "inciter les producteurs à incorporer des matières plastiques recyclées, de préférence d'origine française, dans leurs produits" en lieu et place des matières plastiques vierges. "On sait tous que le coût de la matière plastique vierge ne facilite pas cette adoption d'incorporation de matières recyclées et c'est de cela qu'il va falloir rapidement discuter", a-t-elle déclaré.

Si des filières à responsabilité élargie du producteur (REP) existent déjà pour certains produits en plastique, l'objectif est cette fois "d'élaborer un dispositif transverse à toutes les filières REP visant des produits contenant des plastiques afin d'inciter les producteurs à incorporer des plastiques recyclés", a-t-on précisé dans l'entourage de la ministre. "Ces primes et pénalités seront définies par résine plastique dont les tarifs et marchés sont structurés différemment", a-t-on ajouté de même source.

Alors que la production de déchets dans son ensemble "explose" sur la planète, "seulement 7% des matériaux consommés dans le monde proviennent du recyclage", a rappelé Agnès Pannier-Runacher, soulignant que 30 à 40% de nos besoins de matériaux "pourraient être couverts, par des matières premières issues du recyclage".

 La ministre a également annoncé le lancement de travaux pour élaborer un plan pour "une meilleure circularité" et donc un meilleur recyclage des matières premières critiques, comme les métaux utilisés dans la transition énergétique, notamment pour les batteries de véhicules électriques, le photovoltaïque, l'éolien et le bâtiment. Une première réunion dans cette optique est prévue ce lundi 7 octobre.