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Environnement - Conférence de Paris sur le climat : les villes européennes tiennent un mini-sommet avant l'heure

La ville de Paris a lancé ce jeudi 26 mars avec 29 autres villes françaises et européennes une initiative commune sur le climat, avec l'ambition de promouvoir le rôle "central" des métropoles dans la lutte contre le réchauffement climatique, à quelques mois de la tenue de la conférence COP 21 qui réunira dans la capitale quelque 195 chefs d'Etat. Les villes signataires s'engagent notamment à réduire d'au moins 40% d'ici à 2030 leurs émissions de gaz à effet de serre et à coopérer activement dans le domaine de l'achat public "vert".

Co-présidé par le maire de Rome Ignazio Marino, le mini-sommet organisé ce 26 mars à l'Hôtel de Ville de Paris a notamment réuni les maires d'Athènes, Bruxelles, Bucarest, Genève, Lisbonne, Madrid, Sofia, Stockholm, Varsovie, Vienne, Lyon et Bordeaux, ainsi que le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius et le commissaire européen à l'Energie Miguel Arias Canete.
Intervenu en fin de matinée, François Hollande a salué l'initiative de la maire de Paris Anne Hidalgo (PS) et de ses homologues. "Vous, vous êtes ici à Paris comme si vous aviez fait la conférence avant l'heure, et je vous en remercie", a déclaré le président de la République. "Le rôle qui est le vôtre, métropoles d'Europe, c'est de montrer (...) qu'il est possible de vivre et de vivre bien dans de grandes agglomérations et avec un modèle urbain qui permet de répondre aux exigences de la lutte contre le réchauffement climatique", a-t-il souligné. "Je vous demande de vous mobiliser autant qu'il sera possible pour que la pression puisse être exercée autant que nécessaire", afin de contribuer à "un accord global différencié et contraignant" en décembre prochain. "Les grandes villes d'Europe doivent être à l'initiative en matière d'achat groupé de matériel, de normes pour la circulation, de soutien aux entreprises qui font des efforts pour moins émettre, d'espaces verts...", a-t-il énuméré, souhaitant également qu'elles établissent "leur propre calendrier de mobilisation" et coopérent avec les villes en développement. "Nous sommes au mois de mars et nous savons que le temps nous est compté", le risque serait de penser que "nous avons tout le temps pour parvenir à un accord", a averti le chef de l'Etat soulignant que "l'échec de Copenhague doit être encore présent à notre esprit". L'objectif fixé à la conférence climat de Paris est de prendre des engagements pour contenir le réchauffement climatique en deçà de 2 degrés Celsius d'ici la fin du siècle.

Achats publics "verts"

Dans la déclaration qu'ils ont adoptée ce 26 mars, les maires et représentants des capitales et grandes villes européennes s'engagent à "réduire d'au moins 40% (leurs) gaz à effet de serre d'ici 2030", un objectif en ligne avec celui de l'Union européenne. Elles affirment aussi vouloir "augmenter de façon significative la part d'énergies renouvelables" et "poursuivre [leurs] efforts pour réduire [leur] consommation d'énergies". Pour mettre en oeuvre leur engagement, les villes s'efforceront de coordonner leurs investissements publics, en achetant de manière groupée ou en investissant ensemble dans des biens publics et des services verts, selon le texte de la déclaration.
Ensemble, les métropoles européennes représentent 10 milliards d'euros de commandes publiques par an, a rappelé François Hollande, en s'engageant à traduire "dans les meilleurs délais" dans la législation française la directive du 26 février 2014 qui encourage la constitution de groupements de commande publique entre municipalités européennes.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a appelé lors d'un point-presse tous les Etats membres de l'UE à transposer cette directive, même si les villes qui le souhaitent peuvent selon elle déjà travailler ensemble. "Oui, on peut d'ores et déjà faire ces commandes entre plusieurs capitales. On a commencé à travailler plus étroitement encore avec Rome et Bruxelles à partir de nos besoins de renouvellement d'un certain nombre de véhicules." Ces commandes publiques groupées pourraient dans un premier temps concerner les bennes électriques, l'achat de véhicules municipaux électriques et hybrides, l'achat d'électricité verte, a précisé à l'AFP l'entourage de la maire de Paris.

Développement de filières propres

Dans son propos introductif, l'édile a mis en exergue le rôle central qu'ont à jouer les métropoles contre le changement climatique. "Pour se convaincre que le défi climatique est bien un défi local, il suffit de rappeler que d'ici à 2050, les villes accueilleront les 2/3 de l'humanité et émettront 70% des rejets de gaz carbonique", a-t-elle souligné. "Ensemble nous pouvons faire levier pour inciter les industriels à développer des filières propres, à l'image de ce que nous avons fait ici à Paris avec Autolib'", a-t-elle affirmé. C'est d'ailleurs à bord des voitures électriques du groupe Bolloré que les invités de la mairie étaient arrivés à l'Hôtel de Ville jeudi matin.
Plus de 6.000 villes européennes se sont déjà engagées à travers la Convention des maires à réduire d'au moins 20% leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020. Miguel Arias Canete a indiqué qu'une convention plus ambitieuse serait mise sur les rails le 13 octobre à Bruxelles. Lors de la COP 21, qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre, 1.000 maires seront accueillis à Paris du 4 au 7 décembre. Une journée sera aussi consacrée à la présentation des "solutions" mises en pratique par les collectivités et les entreprises, a rappelé de son côté Laurent Fabius.
 

 

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