Energie - Les villes moyennes, premier réseau français signataire de la Convention des maires
La Fédération des maires des villes moyennes (FMVM) a signé le 18 mai avec la Commission européenne la Convention des maires pour une énergie locale durable. Elle devient ainsi le premier réseau français de collectivités à s'engager dans cette initiative lancée en janvier 2008 visant à réduire de plus de 20% d'ici 2020 les émissions de CO2. "La question de l'énergie n'est pas que l'affaire des Etats et des grands sommets internationaux, c'est en grande partie une affaire locale", a soutenu Bruno Bourg-Broc président de la FMVM et député-maire de Châlons-en-Champagne. "Plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre est produite par les villes et dans les villes. En outre, 80% de la population vit et travaille en milieu urbain où 80% de l'énergie est consommée", a-t-il rappelé. Selon lui, les villes moyennes peuvent relever les défis d'une manière globale, "en facilitant la conciliation entre les intérêts publics et privés et l'intégration des énergies durables dans les stratégies de développement local, qu'il s'agisse du développement des énergies alternatives, de la promotion de l'efficacité énergétique ou des changements de comportement".
Comme réseau local et national, la FMVM s'engage à promouvoir et à améliorer l'impact de la Convention des maires. Celle-ci compte déjà près de 1800 signataires en Europe. Avec 105 villes engagées, la France fait moins bien que des pays comme l'Espagne ou l'Italie qui totalisent respectivement 657 et 502 signataires. En tant que structure de soutien de la Convention des maires, la FMVM apportera son appui à toutes les villes moyennes qui souhaiteront rejoindre la démarche. Pour le moment, 16 d'entre elles ont déjà adhéré (Annecy, Bayonne, Bourges, Chalon-sur-Saône, Chambéry, Epinal, le Grand Angoulême, le Grand Dole, Forbach, Lons-le-Saunier, Montbéliard, Quimper, Sénart, Sète, Thionville et Villeurbanne).
Des actions concrètes
Certaines comme Epinal ont pris des initiatives en matière d'énergie durable bien avant que la Convention des maires ne voie le jour. "Dès 1999, nous avons décidé de créer une première chaufferie bois d'1,7 MW pour alimenter 13 bâtiments publics, ce qui nous a permis de réduire de 4.000 tonnes les émissions de CO2 et de diminuer les coûts de chauffage de 20%, a témoigné Michel Heinrich, député-maire de la ville vosgienne. Nous avons aussi lancé en 2006 une étude thermographique sur la qualité d'isolation du bâti à la suite de laquelle nous avons mis en place pour les propriétaires une subvention au mètre carré de toiture isolé". D'autres villes comme Thionville se sont lancées plus récemment dans des actions similaires qui ont déjà commencé à porter leurs fruits, comme l'a souligné Bertrand Mertz, élu maire en 2008. "En deux ans, nous avons réussi à réduire les émissions de gaz à effet de serre de la ville de 4% en ciblant les bâtiments municipaux, la flotte municipale, l'éclairage public. Nous avons aussi mis en place des subventions aux particuliers pour l'installation de capteurs solaires, de panneaux photovoltaïques ou de pompes à chaleur".
A travers la Convention des maires, les villes prennent cinq engagements : aller au-delà des objectifs du "3X20 pour 2020" du paquet énergie-climat (1), préparer un inventaire de leurs émissions de CO2, réaliser un plan d'action en faveur de l'énergie durable, soumettre régulièrement des rapports de mise en oeuvre, organiser des journées de l'énergie destinées aux habitants. Mais "chaque ville garde de la souplesse pour développer sa stratégie", a souligné Marie Bullet, du Bureau européen de la Convention des maires. En retour, elles reçoivent un soutien technique et des ressources financières dédiées provenant des fonds structurels (Feder) mais aussi d'Elena, un dispositif mis en place par la Banque européenne d'investissement pour faciliter l'assistance technique aux projets (aide à l'audit énergétique, par exemple). Les collectivités adhérentes de la convention bénéficient aussi d'échanges d'expériences avec les élus confrontés aux mêmes problématiques et une meilleure visibilité de leurs actions à l'international. Pour Marie Bullet, "l'un des aspects les plus novateurs de la Convention des maires est qu'à travers elle, la Commission s'adresse aux villes sans passer par les Etats. Elle admet donc que les objectifs énergétiques ne peuvent être atteints sans les collectivités locales, ce qui fournit à ces dernières un argument de poids pour obtenir une meilleure reconnaissance de leur rôle et des moyens financiers accrus".
Anne Lenormand
(1) Réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, amélioration de 20% de l'efficacité énergétique et incorporation de 20% d'énergies renouvelables