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Commerce : les ventes en ligne ne compensent pas la baisse d'activité des magasins

La croissance des ventes en ligne des enseignes du commerce physique ne parvient pas à compenser la baisse de fréquentation des magasins. C'est ce qu'indique une étude de Procos présentée le 22 juin 2018. Bien que résilient, le modèle omnicanal alliant magasins et internet doit être adapté, sans quoi le taux de vacance continuera de progresser, alerte Procos.

 

En un an, les ventes en ligne des enseignes historiques du commerce physique ont augmenté de 30%, alors que les ventes totales sur internet progressent de 14% par an en France. C'est ce que montre une étude de Procos, la Fédération pour la promotion du commerce spécialisé, présentée le 22 juin 2018, et menée auprès de 36 enseignes adhérentes. Mais la part de marché de ces enseignes du commerce physique ne leur permet pas de compenser les baisses de chiffres d'affaires constatées dans leurs magasins en particulier dans l’équipement de la personne. En cumul, la perte de 3% de chiffre d’affaires magasin n’est en effet compensée qu’à concurrence de 2% par les ventes web, ce qui signifie que l’enseigne perd alors 1% de son chiffre d’affaires. "Il faut donc combattre les idées reçues de certains selon lesquelles les enseignes récupéreraient sur le net le chiffre d'affaires qu'elles perdent en magasin", insiste Procos.
Une situation qui entraîne une dégradation de la rentabilité globale du modèle "retail". Pour y remédier, la fédération propose aux enseignes de construire un nouveau modèle économique qui intègre une diminution des coûts magasin. Procos regrette à cet égard que les bailleurs continuent de profiter des renouvellements de baux pour chercher à augmenter les loyers. "Le modèle omnicanal combinant magasins et internet est résilient, mais doit tout adapter, y compris ses coûts d’exploitation, a souligné François Feijoo, président de Procos. A défaut, le taux de vacance poursuivra sa croissance." Il ne s’agit pas pour les enseignes du commerce physique de renoncer à ce modèle car les consommateurs préparent de plus en plus leurs achats sur le net en comparant les offres jusque dans les boutiques avec leur smartphone, et attendent des conseils et recommandations sur place. Et cette tendance n'a pas échappé aux "pure players" qui en viennent eux-mêmes à créer des points de vente physiques…

Une inquiétude persistante à l’égard des pure players

Tout comme la grande distribution en pleine mutation, le commerce spécialisé est inquiet de la puissance de géants du commerce "tout en ligne" comme Amazon, qui représente actuellement 50% du chiffre d’affaires total des ventes internet aux Etats-Unis. "Amazon, mais aussi Alibaba ou Google imposent des systèmes difficiles à suivre pour les enseignes du commerce spécialisé", s’alarme Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos. Conquérir de nouveaux clients sur le web engage en effet pour celles-ci des frais en termes de communication, mais aussi de chaînes d’approvisionnement. Les retours de produits sans frais parfois offerts aux clients par les grands noms du e-commerce s’avèrent par exemple trop coûteux pour elles. Avec 1,7 million d’emplois, essentiellement situés dans les magasins, le commerce spécialisé joue pourtant un rôle important dans l’emploi et l‘activité économique au sein des territoires, rappelle la fédération. Procos en appelle ainsi aux pouvoirs publics pour qu’ils veillent à préserver une équité concurrentielle entre les acteurs et organisent des "Assises du commerce non alimentaire" afin de travailler à son évolution. La fédération propose en outre de déterritorialiser la fiscalité du commerce en la faisant porter sur le produit vendu et non sur le magasin. Ils demandent aussi d’accompagner la transformation digitale des acteurs du commerce, en créant par exemple un crédit d'impôt numérique ou un amortissement accéléré pour les investissements relatifs à ces transformations.

 

Commerce : un premier semestre morose, dans les centres comme en périphérie
Après une embellie en avril 2018, l’activité du commerce spécialisé a connu de nouveau une baisse de 4,8% en mai dernier, selon le bilan mensuel du commerce spécialisé, présenté le 22 juin 2018 par Procos. Un résultat négatif attribué entre autres à une météo défavorable et aux jours fériés. Mais en cumul sur les cinq premiers mois de l’année, tous secteurs du commerce spécialisé confondus, l’activité accuse une baisse de 2,7%. Le mouvement de grève de la SNCF n'y serait pas étranger, dans la mesure où il pénalise les ventes en gare et entrave les déplacements des consommateurs. La fréquentation des magasins a elle aussi reculé de 5,3% en mai 2018 (versus mai 2017) selon l’Observatoire de la fréquentation des points de vente Procos/Stackr. Et il s'agit d'une tendance de fond : exception faite de très grands centres-villes de métropoles qui résistent mieux, elle s’observe dans les centres-villes et dans les centres commerciaux, et s’accélère sur douze mois glissants. Ainsi, la différence de performance selon les emplacements tend à s'estomper. En 2015 et 2016, les centres-villes résistaient moins bien que la périphérie et les centres commerciaux, mais en 2017 et en 2018, l'évolution, à la baisse, est proche pour les deux types de sites : - 4,5% pour les centres-villes et – 5,5% pour les centres commerciaux...
A l’issue de la présentation de ces résultats, la fédération a réitéré son soutien au projet "Action cœur de ville", tout en proposant de l’élargir à d’autres territoires que les 222 villes retenues dans le cadre du plan national lancé par Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, le 27 mars dernier. Mais "le centre-ville n'est pas la seule préoccupation, insiste Procos, le commerce doit se transformer, quel que soit son positionnement géographique, il faudra moderniser les zones de périphérie selon des objectifs et des modalités adaptés à chaque territoire".

 

 

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