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Politique de la ville - Claude Dilain : "Il faut qu'un véritable dialogue s'instaure entre les métropoles et leurs villes périphériques"

Claude Dilain, maire de Clichy-sous-Bois, vient d'être nommé président de l'association des maires "Ville et banlieue". Il donne son opinion sur les grands chantiers en cours de la politique de la ville : DSU et fiscalité locale, géographie prioritaire, plan gouvernemental pour les banlieues...

Localtis.info : En novembre dernier, l'association "Ville et banlieue" dénonçait une baisse de croissance de la dotation de solidarité urbaine annoncée dans la loi de finances. Quelle est votre position aujourd'hui sur ce dossier ?

Claude Dilain :  La loi Borloo qui a institué la DSU a été une étape importante mais elle est seulement une étape. Et, comme le montre l'épisode de novembre, la DSU est fragile. Preuve en est de l'intégration des villes de plus de 100.000 habitants dans la liste des bénéficiaires. La DSU est remise en cause à chaque loi de finances au Parlement. Ce phénomène est amplifié par le fait que la situation budgétaire de l'Etat est tendue et que la DSU peut, à chaque fois, être ventilée de manière différente. Nous restons donc vigilants tout en nous plaçant dans une perspective plus large, la vraie réforme sera celle de la fiscalité locale : nous allons interroger les politiques sur ce système fiscal considéré par tous comme un système égalitaire.

 

Au-delà de cette problématique financière, avez-vous défini des grands dossiers à porter auprès des pouvoirs publics ?

Je pense qu'il ne faut pas en effet se limiter à ce seul combat qui concerne une centaine de villes seulement. Une ville de banlieue c'est d'abord une ville. D'ailleurs, au lieu de parler de ville de banlieue, je préférerais que l'on parle de ville de la périphérie d'une métropole. Il faut alors décliner nos priorités : la politique des transports, la politique de la culture et le développement durable.  Au lieu de s'opposer, nous devons nous rapprocher de l'AMGVF (Association des maires des grandes villes de France).  Il est nécessaire qu'un véritable dialogue s'instaure entre les métropoles et leurs villes périphériques. Cet échange ne passe pas obligatoirement pas l'intercommunalité qui ne donne en aucun cas l'obligation de faire de la péréquation : la dotation de solidarité communautaire est décidée par le conseil communautaire, instance où la ville-centre est majoritaire.

 

Le gouvernement envisage de revoir la géographie prioritaire et annonce une réforme des zones urbaines sensibles pour 2009 qui viserait à réduire le nombre des territoires concernés. Qu'en pensez-vous ? 

Une centaine de villes compte près de 70% de leur population en ZUS. Ces communes n'ont structurellement pas de recettes fiscales, elles sont dans une pauvreté totale et ne peuvent même pas payer leur ticket modérateur, c'est-à-dire les 10 ou 20% de participation financière aux projets d'investissements subventionnés.  Pour ces villes, il faut des outils spécifiques et réservés. Peut-on comparer Clichy-sous-Bois à Bordeaux ? Pour cette dernière, seulement certains quartiers sont classés en ZUS alors que l'ensemble de la métropole est riche. Nous sommes donc tout à fait favorables à ce que les territoires ZUS soient resserrés. Mais cette réforme doit prendre en compte les effets de seuils et ne pas supprimer brutalement des aides devenues nécessaires aux collectivités.

 

Enfin, sans entrer dans les détails du plan gouvernemental pour les banlieues, annoncé en février 2008, les propositions de "Ville et banlieue" ayant été fin 2007  largement détaillées, quel est votre avis sur la position de Fadela Amara qui entend mobiliser les politiques de droit commun pour les villes de banlieue ?

Que ce soit au sein de "Ville et banlieue" ou du Conseil national des villes, nous nous sommes toujours placés sur la mobilisation avant tout des politiques publiques de droit commun, c'est-à-dire sur les fonctions régaliennes de l'Etat : la sécurité, la justice, l'éducation... La France a laissé se constituer des ghettos d'injustice en omettant de donner aux villes, les soutiens de droit commun. En juin prochain, chaque ministre va présenter son plan d'action pour  mobiliser ses moyens et son administration en direction des quartiers prioritaires. Et ça, c'est vraiment nouveau ! A Clichy-sous-Bois, nous n'avons pas de transport collectif, pas d'ANPE. Normalement, nous allons avoir un tronçon de tramway mais il sera financé par le Grenelle de l'environnement et par la politique de la ville. Avec les financements du GPU, on a installé une permanence CAF. Faut-il demander le financement d'un commissariat de police à Fadela Amara ? En se substituant aux crédits de droit commun, les crédits de la politique de la ville n'ont pas l'effet levier attendu. Si nous avons retrouvé nos propositions dans le discours de la secrétaire d'Etat à Vaulx-en-Velin, ce n'est pas du tout le cas dans celui de Christine Boutin prononcé le même jour et... pas tout à fait le cas dans celui du président de la République, quelques jours plus tard. La politique de la ville ne semble pas avoir une définition unique.

 

Propos recueillis par Clémence Villedieu

 

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