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Emploi - Christian Charpy défend l'action de Pôle emploi

Le directeur général de Pôle emploi a défendu son bilan le 21 juin 2011 devant la mission commune d'information sénatoriale. D'après lui, la montée du chômage due à la crise et la faiblesse des moyens disponibles expliquent le manque de personnalisation dans l'accompagnement des demandeurs d'emploi. Il dit aussi avoir dû abandonner l'accord-cadre initialement prévu avec les régions.

Auditionné le 21 juin 2011 par la mission commune d'information relative à Pôle emploi, Christian Charpy, directeur général de l'institution, a cherché à défendre son bilan. Il faut dire que les attaques concernant l'activité de Pôle emploi et sa capacité à accompagner les demandeurs d'emploi ont été acerbes ces dernières semaines. Dernièrement, l'avis adopté le 15 juin par le Conseil économique, social et environnemental (Cese) faisait ainsi état de résultats décevants et d'une mission d'accompagnement très insuffisante. Mais selon Christian Charpy, le gros chantier de la fusion entre l'Assédic et l'ANPE est une réussite. "Nous avons trouvé, je pense, une situation aujourd'hui beaucoup plus satisfaisante avec deux métiers complémentaires, un socle commun de compétences, l'intégration des personnels d'orientation de l'Afpa, et nous avons mis en place l'ensemble de la structure juridique de Pôle emploi, sa structure managériale, etc.", a ainsi souligné Christian Charpy tout en précisant qu'il "reste bien sûr des choses à faire". Et pour contrer la principale critique du Cese, à savoir le manque de renforcement de l'accompagnement personnalisé des demandeurs d'emploi, qui était la promesse initiale de la fusion, le directeur général de Pôle emploi a invoqué la situation de crise que l'institution a dû traverser. "Au moment où a été lancée la réforme, il n'était pas inconcevable à l'époque de dire,  comme on était en baisse continue du chômage, qu'un accompagnement de un conseiller pour 60 demandeurs d'emploi était probablement la cible que permettrait la création de Pôle emploi. Le problème est que cette cible est devenue inatteignable compte tenu de la progression massive du nombre de demandeurs d'emploi, et même si nous avons accru quelque peu les effectifs de Pôle emploi, nous ne l'avons pas fait à la hauteur de ce qu'ont pu faire nos collègues européens", a ainsi affirmé Christian Charpy. En Angleterre, 18.000 conseillers ont ainsi été embauchés en l'espace de quelques mois et près de 5 milliards de livres ont été mis sur la table. Ces différences entre les moyens consacrés en France pour le service public de l'emploi et ceux de nos voisins européens ont largement été mis en exergue dans les derniers rapports sur Pôle emploi. Ainsi le Cese fait état de 150 postes équivalent temps plein en Allemagne pour 10.000 demandeurs d'emploi, contre 113 en Grande-Bretagne et 71 seulement en France. Des données qui ont poussé le conseil à réclamer une augmentation des moyens de Pôle emploi. "Par rapport à l'ambition initiale, il reste encore du travail à faire, a souligné Christian Charpy. Cette réorientation peut être liée à une poursuite des redéploiements internes mais aussi à une redéfinition des priorités et des moyens mais cela, ce sera au gouvernement de dire ce qu'il souhaite faire sur ce sujet." Or le gouvernement, par la voix de Xavier Bertrand, ministre du Travail, a prévu de redéfinir la feuille de route pour Pôle emploi.

Pôle emploi davantage piloté par des indicateurs de moyens

Sur la question du pilotage global de Pôle emploi, Christian Charpy a concédé que Pôle emploi était piloté davantage par des indicateurs de moyens et d'activité que des indicateurs de résultats. "Le problème est que l'indicateur de résultats est compliqué à élaborer. Jusqu'à présent, nous ne connaissions les sorties de chômage que celles qui étaient déclarées mais par contre, tous les gens qui disparaissaient des listes, entre 150.000 et 180.000 personnes, on ne savait pas ce qu'ils devenaient. Ce que nous avons décidé de faire sur 2012, c'est, en partenariat avec l'Accoss, de récupérer l'ensemble des déclarations préalables d'embauche où il y a toutes les informations nominatives sur les personnes qui ont signé des contrats et à des fins statistiques faire des regroupements de fichiers entre les chômeurs sortis de Pôle emploi et ceux qui ont retrouvé un travail." Un moyen de disposer d'un taux de sortie du chômage vers l'emploi aux niveaux national, régional et territorial et au niveau des agences Pôle emploi. Mais reste des questions relatives aux missions de Pôle emploi dans ce domaine. "Est-ce qu'une sortie plus fréquente du chômage dans un bassin d'emploi où il y a beaucoup d'emplois et une sortie plus lente dans un bassin où il y a peu d'emplois relève ou non de la responsabilité de Pôle emploi ? Ce n'est pas complètement évident." Des questions qui demanderont, d'après Christian Charpy, un travail d'analyse. Enfin, en matière de relations avec les régions, le directeur général de Pôle emploi a précisé qu'une vingtaine d'accords avaient été déjà conclus entre les conseils régionaux et les directions régionales de Pôle emploi. En revanche, l'accord-cadre initialement prévu entre Pôle emploi et l'Association des régions de France (ARF) et destiné à mettre en œuvre des coopérations, qui pouvaient aller jusqu'à des regroupements d'achats de formation, a été abandonné. "On avait été assez loin dans la négociation et j'ai arrêté car l'accord pouvait laisser de côté un partenaire, qui ne l'entendait pas très bien de cette oreille, qui est l'Etat. Par contre, j'ai privilégié la négociation en région", a expliqué Christian Charpy. Cet aspect faisait partie des critiques du Cese qui prônait dans son avis une meilleure coopération entre Pôle emploi et les acteurs l'emploi, dont les régions, via notamment des appels d'offres communs ou complémentaires sur la formation.
La mission d'information doit encore recevoir le ministre du Travail et le président du Conseil national de l'insertion par l'activité économique (CNIAE). Après quoi, elle rendra ses conclusions.