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Emploi - Le CAS livre ses propositions sur l'accompagnement des demandeurs d'emploi

Le Conseil d'analyse stratégique propose de mieux personnaliser l'accompagnement des demandeurs d'emploi, à l'instar de ce qui se fait en Allemagne.

Après l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), la CFDT et dernièrement le Conseil économique, social et environnemental (Cese), c'est au tour du Conseil d'analyse stratégique (CAS) de s'intéresser à l'accompagnement des demandeurs d'emploi à travers une note publiée le 21 juin 2011 : "L'accompagnement des demandeurs d'emploi : bilan d'une politique active du marché du travail en Europe et enseignements pour la France". Une étude fondée sur l'analyse précise des meilleures pratiques de nos voisins européens, et particulièrement allemands et anglais. Premier constat, qui dénote des critiques acerbes du Cese sur le sujet : "Les politiques d'accompagnement renforcées ont eu des effets, elles ont contribué à ralentir la progression du chômage ou à le réduire", a ainsi affirmé Vincent Chriqui, directeur général du CAS, lors de la présentation de la note. "Mais il reste un certain nombre de difficultés", a-t-il toutefois ajouté, au premier rang desquelles la personnalisation. Pour le CAS, il faut sortir d'un système d'accompagnement standard. "En Allemagne, il n'existe plus de parcours d'accompagnement type depuis 2009. Les conseillers sont libres de déterminer la fréquence ainsi que la durée des entretiens, comme les services à mobiliser en fonction des besoins qu'ils identifient chez le demandeur d'emploi", détaille la note. Elle précise aussi qu'au Royaume-Uni, un seul parcours perdure, le "Jobseekers Regime and Flexible New Deal", fusion de tous les programmes types d'accompagnement préexistants. Un parcours dans lequel les conseillers sont libres de choisir la durée, la fréquence des entretiens et les actions à prescrire en fonction de leur appréciation des besoins individuels. Dans l'idée du CAS, les conseillers pourraient même disposer d'une enveloppe fongible, autour de 200 à 300 euros, à mobiliser pour des actions de petite envergure (achat de tenues pour les entretiens, financement de garde d'enfant). Pour aller dans le sens d'une personnalisation, le CAS propose de différencier davantage la nature et l'intensité de l'offre de services avec un suivi mensuel plus souple, des e-services pour les demandeurs d'emploi les plus proches de l'emploi et ces fameux "budgets de placement" à la disposition des conseillers.

"Pôle emploi est un paquebot"

Le Conseil préconise aussi d'expérimenter l'abandon des parcours types d'accompagnement des demandeurs d'emploi au profit d'un principe d'autonomie des conseillers, une piste également explorée par le Cese. "Pôle emploi est un paquebot. Il lui faut le temps de s'adapter, il est nécessaire d'expérimenter", a souligné Vincent Chriqui. Quant à l'augmentation des moyens pour le suivi des demandeurs d'emploi, préconisé par le Cese, le CAS n'en fait pas une condition incontournable de réussite. S'il estime que le nombre important de chômeurs suivis par chaque conseiller peut être un obstacle à la personnalisation, il considère qu'il faut faire avec les moyens du bord. "L'argent public n'est pas extensible, la question est surtout de savoir comment rendre plus efficaces les dispositifs dont on dispose avec les moyens donnés", a ainsi précisé Vincent Chriqui. En revanche, le CAS insiste sur la nécessité de mieux former les conseillers à travers une qualification professionnelle consacrée à l'accompagnement et dispensée soit dans le cadre d'une formation initiale universitaire (licence professionnelle), soit dans le cadre d'une formation continue au sein de Pôle emploi, "délivrée dès le recrutement et suffisamment longue pour couvrir l'ensemble du champ de l'accompagnement (connaissance du marché du travail, psychologie, etc.)". Autre axe de réforme que propose le CAS : mettre l'accent sur l'impact de l'accompagnement (l'intensité et la qualité du service proposé) plutôt que sur les moyens (nature des prestations offertes) en utilisant des indicateurs d'impact et non d'activité côté management et en jugeant les opérateurs externes sur leurs résultats plutôt que sur les moyens à mettre en œuvre. Ces nouvelles propositions serviront à alimenter les réflexions sur le sujet au moment où une nouvelle feuille de route pour Pôle emploi est en cours de définition et où la convention liant l'Etat, Pôle emploi et l'Unédic va être renégociée.