Hébergement - Cécile Duflot cherche des solutions locales, la Fnars veut une réponse nationale
L'affaire de Clermont-Ferrand tourne au débat national. Le 2 septembre, l'Anef 63, association qui gère l'hébergement d'urgence sur le département du Puy-de-Dôme, annonçait aux hôteliers accueillant des familles sans domicile qu'elle n'était plus en mesure d'assurer ses activités d'hébergement et Siao (système intégré d'accueil et d'orientation).
Près de 400 personnes, dont nombre d'enfants, se sont donc retrouvées à la rue (quelques hôteliers ayant toutefois accepté de prolonger le séjour sans garantie d'être payés à court terme). Après avoir trouvé refuge dans une église, elles ont dû l'évacuer après un début d'incendie. Depuis lors, environ 300 personnes ont déjà passé deux nuits en plein air sur la principale place de la capitale auvergnate. Pour justifier sa décision radicale, l'Anef 63 fait valoir que l'Etat lui a remboursé, depuis le début de l'année, seulement 5% des sommes qu'elle a engagées pour l'hébergement hôtelier et qu'elle n'est donc plus en mesure de régler les intéressés et risque même la faillite.
Eteindre l'incendie
Dans un communiqué du 3 septembre, soit une semaine avant l'examen en première lecture, par l'Assemblée nationale, du projet de loi Alur (pour l'accès au logement et un urbanisme rénové), Cécile Duflot assure que "l'Etat est mobilisé pour apporter des réponses pérennes". En pratique, "le gouvernement a immédiatement délégué 400.000 euros de crédits afin d'apporter une solution de financement". De même, l'Etat et la préfecture se sont rapprochés, "afin que des solutions d'hébergement individuel soient proposées au plus vite à chaque personne". Les collectivités et tous les acteurs concernés ont également été sollicités.
La ministre du Logement indique par ailleurs que l'Etat poursuivra ses efforts pour renforcer les capacités d'accueil d'urgence (hors hôtels) dans le Puy-de-Dôme. En 2013, la capacité du département est passée de 49 places d'hébergement d'urgence à 113 et 76 nouvelles places ont été créées pour accueillir les demandeurs d'asile.
Remède ou rustine ?
Si le gouvernement s'active ainsi à éteindre l'incendie à Clermont-Ferrand, la Fnars - qui avait déjà alerté les pouvoirs publics sur les difficultés de l'Anef 63 - a le sentiment que le problème dépasse les frontières du Puy-de-Dôme. Dans un communiqué du 4 septembre, l'association - qui regroupe 870 associations d'accueil et de réinsertion sociale - estime que "l'exemple dramatique" de Clermont-Ferrand "pourrait n'être que le premier d'une longue liste cet automne, si l'Etat ne réagit pas en allouant des rallonges suffisantes aux associations gestionnaires de 115 et de Siao qui ne peuvent plus financer les frais d'hébergement hôtelier pour les familles à la rue".
La Fnars formule deux revendications. D'une part, elle demande "que des moyens d'urgence soient débloqués et les retards de versement comblés pour faire face à la situation critique actuelle". D'autre part, elle souhaite que le projet de loi Alur "intègre ces urgences sociales" et rappelle qu'elle a proposé au gouvernement et aux députés des amendements en ce sens (voir notre article ci-contre du 23 juillet 2013). Aux yeux de la Fnars, le vote de la loi de finances 2014 - et le montant des crédits affectés à l'hébergement d'urgence - constitueront un autre test décisif.