Hébergement - Avec +80% de refus en un an, le dispositif d'hébergement d'urgence est "asphyxié"
Dans la dernière édition de son "Baromètre du 115", le numéro d'appel d'urgence pour les sans-abri, la Fnars (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale) met en évidence une forte dégradation de la situation de l'hébergement d'urgence. Sur les 37 départements de l'échantillon, les demandes d'hébergement ont progressé de 28% entre février 2012 et février 2013, soit 13.000 demandes supplémentaires. Cette progression s'explique avant tout par celle des demandes émanant de familles, qui ont augmenté de 72% depuis février 2012, soit 10.000 demandes supplémentaires. Désormais, les demandes d'hébergement émanant des familles sont plus nombreuses (42% du total) que celles venant d'hommes seuls (40%). Elles sont suivies par celles des femmes seules (9%), des couples sans enfant (7%) et des groupes d'adultes sans enfant (2%). Cette croissance des demandes émanant des familles a pour corollaire une forte hausse du nombre d'enfants et de jeunes de moins de 18 ans : +78% en un an.
Si la crise économique en France joue évidemment son rôle dans cette dégradation, elle est très loin d'être le seul facteur. Près des trois quarts (70%) des familles qui ont sollicité de 115 en février 2013 sont en effet originaires de pays non membres de l'Union européenne et les demandes de ces dernières ont doublé en un an. Autre évolution pointée par la quatrième édition du baromètre de la Fnars : la forte progression (+66% en un an) des personnes de plus de 65 ans, même si celles-ci restent encore très largement minoritaires parmi les appelants.
La conséquence de cette forte hausse de la demande ne s'est pas fait attendre et se traduit aujourd'hui par "un dispositif d'hébergement d'urgence asphyxié". Alors que la précédente vague du baromètre en février 2012 montrait une relative stabilisation (voir notre article ci-contre du 16 mars 2012), la présente édition montre à l'évidence un épuisement du dispositif, même si la situation s'améliore légèrement depuis le début de l'hiver. Ainsi, au mois de février 2013, 51% des demandes formulées dans les 37 départements de l'échantillon n'ont finalement pas donné lieu à un hébergement. Ce taux de non-réponse était de 55% en janvier, 57% en décembre 2012 et 71% en novembre. Ainsi que l'explique la Fnars, "le dispositif d'hébergement sur les territoires semble avoir atteint le maximum de sa capacité d'ouverture. Les non attributions s'expliquent ainsi principalement par l'absence de places disponibles : 65% des demandes n'ont pas donné lieu à un hébergement pour cette raison". L'association constate également que "malgré la forte augmentation des demandes (+28% entre février 2012 et février 2013), les attributions d'hébergement restent équivalentes (28.000 attributions en février 2012 et février 2013) sur les 37 départements. Le dispositif d'urgence ne s'adapte donc pas à la situation de l'urgence sociale, qui ne cesse de se détériorer". Conséquence : les non-attributions "explosent", avec une hausse de 80% en un an.
Cette dégradation spectaculaire a d'autres conséquences. Ainsi, la présence d'un nombre croissant de familles conduit à faire davantage appel à l'hôtel (+21%), malgré la promesse des pouvoirs publics de réduire le recours à ce type d'hébergement. Dans son communiqué du 18 mars, la Fnars s'inquiète également de la gestion de la fin de l'hiver. Elle rappelle en effet qu'"alors que les crédits disponibles pour l'hiver sont épuisés sur certains territoires, les départements s'inquiètent des solutions qui pourront être proposées aux personnes d'ici quinze jours. Les arbitrages sur les projets de sortie de l'hiver demeurent inconnus à ce jour, mais il est plus que probable que cet hiver encore, la fermeture des places d'hébergement hivernal se traduira par une remise à la rue des personnes sans-abri".