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Culture - Bon point pour les antennes des musées nationaux, carton rouge pour la circulation d'oeuvres

La Cour des comptes publie un volumineux rapport public thématique consacré aux "Musées nationaux après une décennie de transformation (2000-2010)". Comme son titre l'indique, ce document se penche sur les missions et le fonctionnement des 37 musées nationaux. Ceux-ci ne représentent qu'une petite fraction de 1.217 institutions attributaires du label "Musées de France". Mais - comptant dans leurs rangs des établissements comme le Louvre (le musée le plus visité au monde), le centre Pompidou, le château de Versailles, le musée d'Orsay ou celui du quai Branly - ils assurent à eux seuls la moitié de la fréquentation des musées français (voir notre article ci-contre du 16 mars 2010). En dépit de ce périmètre très circonscrit, le rapport de la Cour des comptes aborde néanmoins les relations avec les collectivités territoriales et leurs établissements à travers deux questions : les antennes territoriales des musées nationaux financées par les collectivités et les dépôts et la circulation des oeuvres en région.

L'effet Bilbao

Les antennes territoriales des musées nationaux sont devenues une réalité le 12 mai 2010, avec l'inauguration du centre Pompidou Metz (voir notre article ci-contre du 11 mai 2010). La tendance devrait se prolonger avec l'ouverture du Louvre-Lens, prévue pour 2012 (voir notre article ci-contre du 2 décembre 2009) ou, dans une approche un peu différente, la création de l'établissement public de coopération culturel de Giverny par le musée d'Orsay et le département de l'Eure. Oubliant quelque peu les dérapages budgétaires, la Cour des comptes porte un regard très positif sur ces initiatives, qui "pourraient constituer une réponse au problème de la concentration des musées nationaux en Ile-de-France". Elle estime que "le dispositif des antennes, qui visent à présenter des oeuvres majeures pendant des périodes de quelques mois, correspond à une véritable innovation et relève d'une politique de rapprochement des publics, plus directement que les dépôts inspirés par des considérations scientifiques ou historiques". Son originalité repose sur la combinaison entre un investissement financier très conséquent des collectivités territoriales - la contribution de l'Etat n'étant que marginale (4 millions d'euros sur les 68 millions d'euros de travaux du centre Pompidou Metz) - et "un pilotage scientifique et éditorial de la part des grands établissements parisiens". Reste maintenant à savoir si "l'effet Bilbao" dont rêvent toutes les collectivités engagées dans ces projets - la résurrection de la cité basque grâce au musée Guggenheim et à l'architecture audacieuse de Franck Gehry - se matérialisera. Le départ en fanfare de la fréquentation du centre Pompidou Metz (615.000 visiteurs en 2010 malgré une ouverture en mai) le laisse espérer, mais il faudra s'en assurer dans la durée.

Transferts d'oeuvres : des possibilités inutilisées

La politique des dépôts et de la circulation des oeuvres des musées nationaux en région trouve en revanche nettement moins grâce aux yeux de la Cour des comptes. La loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France aurait pourtant dû dynamiser ces dispositifs. Elle prévoyait en effet un transfert de propriété aux collectivités des dépôts effectués par l'Etat au 19e siècle. Ces transferts, qui nécessitent un récolement préalable, concernent 254 collectivités. Ils ne sont, à ce jour, finalisés que dans 113 villes et deux départements. De la même façon, l'article 11 de la loi (article L.458-1 du Code du patrimoine) donne la possibilité, à toute personne publique (Etat compris) de transférer tout ou partie d'une collection publique à titre gratuit à une autre personne publique, dès lors que le bénéficiaire s'engage à conserver et exposer les biens transférés dans un musée disposant du label "Musée de France". Neuf ans après, cette disposition - qui rappelle fortement celle relative au transfert de monuments historiques - n'a toujours pas été utilisée...
Selon la Cour des comptes, la politique de prêts et de dépôts en région n'a pas non plus été une réussite. Au musée du Louvre par exemple - le seul établissement à avoir intégré un indicateur sur ce thème dans son contrat de performance -, le nombre d'expositions ou publications réalisées en collaboration en France est passé de 102 en 2002 à 77 en 2005, tandis que nombre d'expositions en France ayant bénéficié de prêts du Louvre passait de 102 à 64. Conséquence : l'objectif a été maintenu dans le contrat de performance 2006-2008, mais l'indicateur chiffré à disparu ! Le rapport en conclut "qu''en routine', la concentration des investissements de l'Etat en région parisienne n'a guère été contrebalancée par une politique active et continue de dépôts et de circulation des oeuvres".

 

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