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Culture - Marseille, Lens, Metz : une quinzaine faste pour la décentralisation des musées

Hasard du calendrier ? En dix jours, pas moins de trois chantiers emblématiques de la décentralisation culturelle auront franchi une étape décisive. Le 30 novembre, Frédéric Mitterrand a ainsi posé, à Marseille, la première pierre du MuCEM, le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée. Après des débuts plus que chaotiques, le MuCEM - héritier lointain du défunt musée national des Arts et Traditions populaires à Paris - a été sauvé in extremis par le choix de Marseille comme capitale européenne de la culture 2013. Difficile d'imaginer un tel coup de projecteur sur la cité phocéenne avec un musée encore en travaux ou abandonné. Comme nombre de projets d'ampleur, le MuCEM a dû affronter querelles autour du projet architectural (dû à Ruddy Riccioti) et muséal, dérapages budgétaires (le coût prévisionnel est aujourd'hui de 175 millions d'euros, dont 40% financés par les collectivités territoriales), mais aussi sévères conflits de personnes (voir nos articles ci-contre du 14 octobre et du 6 juillet 2009). La pose de la première pierre par le ministre de la Culture devrait marquer la fin de cette période difficile. Compte tenu des retards pris, le chantier s'annonce cependant très serré pour tenir l'objectif d'une ouverture avant 2013.
Le 4 décembre, Frédéric Mitterrand se rendra à Lens pour poser la première pierre du projet Louvre Lens. Engagé en 2004, celui-ci est plus audacieux encore que le MuCEM : faire jaillir au milieu d'anciennes cités minières un bâtiment futuriste destiné à accueillir des oeuvres prêtées par le musée du Louvre. Avant le lancement du chantier, le 4 décembre, ce dossier a connu également divers déboires : querelles architecturales autour du projet très dépouillé de l'agence japonaise Sanaa, échec de plusieurs appels d'offres (la liste des entreprises retenues n'est connue que depuis le 5 octobre), dépassements budgétaires (après plusieurs révisions à la hausse, le coût prévisionnel se situe aujourd'hui autour de 150 millions d'euros, financés à 80% par les collectivités), incertitude sur la date d'ouverture (a priori en 2012)... Mais surtout, après une période d'enthousiasme autour d'un possible "effet Bilbao" (allusion à l'impact économique du musée Guggenheim dans la capitale basque), les collectivités, région en tête, s'inquiètent dorénavant de la réussite de la "greffe" (voir notre article ci-contre du 8 octobre 2008).
Quelques jours auparavant, le 24 novembre, Frédéric Mitterrand s'était rendu à Metz, pour visiter le chantier du Centre Pompidou-Metz. Plus discret, ce projet est aussi le plus avancé, puisque la première pierre a été posée en novembre 2006. L'ouverture du bâtiment conçu par les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines est désormais programmée au mois de mai 2010. Porté par la communauté d'agglomération de Metz Métropole et la ville de Metz, le projet muséal repose principalement sur l'exposition d'oeuvres provenant des collections et des réserves de Beaubourg. Les deux parties devraient y trouver leur compte, en drainant la clientèle belge, luxembourgeoise et surtout allemande (40% des visiteurs attendus).

 

Jean-Noël Escudié / PCA