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Culture - Le centre Pompidou-Metz est très largement financé par les collectivités locales

Devant les élus d'une région principale victime du plan de restructuration des armées qui prévoit la suppression de 54.000 emplois civils et militaires d'ici 2014, Nicolas Sarkozy a inauguré, ce 11 mai, le centre Pompidou de Metz (CPM), première antenne décentralisée d'une institution culturelle nationale. Le président de la République a tenu à assurer que ses engagements de compensations en matière d'emplois ou d'infrastructures seraient "scrupuleusement tenus". "Je confirme également que Metz bénéficiera de 1.500 emplois publics nouveaux, dont 750 au titre du pôle statistique", a-t-il notamment indiqué.
Construit pour 72,5 millions d'euros en lisière du centre-ville, Pompidou-Metz se dresse dans le nouveau quartier de l'Amphithéâtre où sont en construction, pour 150 millions d'euros, des logements, des commerces, une cité des congrès et une médiathèque préfigurant le Metz du 21e siècle. Conçu par le Japonais Shigeru Ban et le Français Jean de Gastines, le Centre Pompidou-Metz est très largement financé par les collectivités locales, qui ont pris à leur charge l'essentiel du coût du bâtiment (86 millions d'euros) et de son fonctionnement (10 millions d'euros en 2010) (lire encadré ci-dessous).
Pour l'exposition inaugurale "Chefs-d'oeuvre ?", les plus grands créateurs de l'art moderne et contemporain ont été convoqués, de Braque, Malevitch, Chagall, Léger et Brancusi à Bellmer, Kandinsky, Picasso, Max Ernst, Pollock, Giacometti et Dubuffet. Au total, 780 oeuvres, dont certaines monumentales, ont été rassemblées pour couvrir tous les champs chronologiques et tous les secteurs de la collection de Pompidou-Paris. Peintures, sculptures, installations, arts graphiques, photographies, vidéos, oeuvres sonores, cinéma, design: toutes les formes d'expression de toutes les écoles écloses depuis 1905 sont ainsi représentées. Ni centre d'art dévolu seulement à des expositions temporaires ni musée puisqu'il ne possède pas de collections permanentes, le CPM "va permettre à Metz de se défaire définitivement de son image de ville de garnison, qu'elle n'est plus, et de cité industrielle, qu'elle n'a jamais été", selon Dominique Gros, maire de la capitale de la Lorraine. "L'offre culturelle est devenue un facteur incontournable de développement d'une ville ou d'un territoire", a affirmé Antoine Fonte, adjoint à la culture. "Dans une Lorraine en pleine reconversion, le CPM renforcera la mutation de la ville vers le tertiaire et les services", a-t-il ajouté. De 200 à 400.000 visiteurs venus du monde entier sont attendus chaque année en Lorraine.
En pleine réforme territoriale, plusieurs projets lancés par l'Etat dans le cadre de la décentralisation culturelle commencent à se concrétiser: le Louvre-Lens annoncé pour 2012, le Mucem à Marseille en principe pour 2013. A Lyon, le musée des Confluences, porté par le conseil général du Rhône, est dans les tuyaux et l'agglomération de Rodez prévoit l'ouverture d'un musée Pierre Soulages pour la fin 2012. Dans ces projets culturels ambitieux, les collectivités locales jouent un rôle clef en apportant l'essentiel du financement, à l'exception du Mucem (Musée des civilisations d'Europe et de la Méditerranée) où l'Etat apporte la majorité des fonds. Que ce soit pour la construction du bâtiment ou pour le budget de fonctionnement du musée, les différents échelons locaux -ville, communauté d'agglomération, département, région- sont donc amenés à mettre la main à la poche.
D'où les inquiétudes des milieux culturels face à la réforme territoriale en cours. Ils redoutent que les départements et les régions perdent la possibilité d'intervenir librement dans le champ de la culture en cas de disparition de la clause dite de "compétence générale". Certains professionnels de la culture et du spectacle, qui ont manifesté le 6 mai dernier, craignent en outre que la suppression de la taxe professionnelle ne conduise les collectivités locales à réduire leur engagement dans le domaine culturel. Lors de ses voeux au monde de la culture le 7 janvier, Frédéric Mitterrand a rappelé l'engagement du président Nicolas Sarkozy à préserver la compétence culturelle des collectivités territoriales. Il a également assuré que la compensation de la perte de revenus liée à la suppression de la taxe professionnelle avait été "solennellement garantie" par l'Etat. Le ministre vient de confier à Jérôme Bouet, administrateur civil, une "mission de réflexion et de propositions sur le renouvellement des partenariats" entre l'Etat et les collectivités territoriales (lire nos articles ci-contre). 

 

Catherine Ficat avec AFP

 

Les chiffres-clefs du centre Pompidou-Metz

- Coût : 72,5 millions d'euros hors taxes, 86 millions avec taxes
- Surface totale du bâtiment: 10.700 m2
- Surface d'exposition: 5.000 m2
- Galeries : au nombre de trois, chacune a 80 m de long, 14 m de large et 5 m haut
- Flèche : culmine à 77 m, en référence à l'ouverture en 1977 du centre Pompidou de Paris
- Studio (dédié au spectacle vivant) : 196 places
- Auditorium (conférences et projection de films) : 144 places
- Fondations et gros-oeuvre: 12.000 m3 de béton, 1.500 tonnes d'acier, 405 pieux forés de 0,5 à 1 m de diamètre et de 11 m de profondeur
- Charpente métallique (façades et tour hexagonale) : 970 tonnes
- Charpente en bois (toit) : 650 tonnes, 18 km de planches, 16.000 pièces
- Membrane du toit : 8.000 m2 de téflon
(source: Association de préfiguration du CPM)