Audiovisuel - Basculement sur la TNT : le gouvernement ne veut pas que l'incident de Lisieux se reproduise
Si le déploiement progressif de la télévision numérique terrestre (TNT) - qui doit s'étaler jusqu'à l'extinction définitive du signal analogique le 30 novembre 2011 - est plutôt une réussite, celle-ci n'est cependant pas exempte d'un certain nombre d'incidents. Alors que l'on attendait les réactions des élus et des habitants des zones non couvertes, ce sont plutôt des dysfonctionnements technico-administratifs qui sont à l'origine des polémiques. Le dernier en date n'est pas passé inaperçu, puisqu'il a donné lieu à une question orale de Claude Leteurtre, député du Calvados, lors de la séance du 27 avril à l'Assemblée nationale. L'affaire concerne la ville de Lisieux (23.000 habitants), dont les habitants ne reçoivent plus les chaînes publiques depuis que la Basse-Normandie a basculé sur la TNT, le 9 mars 2010.
Dans sa réponse, Nathalie Kosciusko-Morizet indique que le basculement sur la TNT s'est heurté, à Lisieux, à "une situation absolument inédite, heureusement circonscrite à cette ville". Les explications qui circulent depuis quelques jours sur les causes de cette situation n'apparaissent guère convaincantes. Selon la secrétaire d'Etat chargée de la prospective et du développement de l'économie numérique, "les trois diffuseurs privés ne se sont pas entendus avec France Télévisions et l'émetteur de Lisieux n'a plus été alimenté, empêchant l'accès aux chaînes de France Télévisions de plusieurs centaines de foyers". Le gouvernement a aussitôt saisi le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), qui a pu "mettre en place sans attendre une fréquence temporaire et résoudre le problème afin que les habitants puissent recevoir ces chaînes". En pratique, le CSA - qui ne donne aucune explication sur l'origine des perturbations - a dû attribuer, pour une période de dix semaines, un nouveau canal au multiplex GR1, qui diffuse entre autres les chaînes de France Télévisions. Selon le Conseil, au terme de ce délai, "une solution technique pérenne sera mise en place sur le canal définitif (canal 25)".
Au-delà de ce problème ponctuel, Nathalie Kosciusko-Morizet s'est réjouie, dans sa réponse, du fait que l'Alsace - première région à basculer intégralement dans le tout numérique - "n'a connu aucun problème majeur" (voir notre article ci-contre du 1er février 2010). Si ce basculement n'a effectivement pas entraîné de problèmes majeurs, l'Alsace a néanmoins été confrontée à son lot d'incidents. La non transmission du signal dans quatre zones rurales a en effet contraint le CSA à procéder à plusieurs mises en demeure auprès de chaînes privées (dont Canal+) pour assurer la couverture complète de la région (voir l'encadré de notre article ci-contre du 22 mars 2010). Mais le gouvernement entend surtout tirer la leçon de ces incidents pour l'avenir. La secrétaire d'Etat a ainsi indiqué son intention "de tirer tous les enseignements de ce dysfonctionnement, afin d'éviter de le voir ressurgir en mai en région Pays-de-la-Loire, ou en juin en Bretagne". Elle a également indiqué qu'un groupe de travail spécifique au CSA a été mis en place "pour résoudre le problème de l'alimentation des émetteurs secondaires, qui ne se reproduira pas".
Jean-Noël Escudié / PCA