Handicap - Baromètre accessibilité de l'APF : toujours du mieux, mais le compte n'y est pas
Ce 11 février, date anniversaire de la loi Handicap de 2005, l'Association des paralysés de France (APF) publie son "Baromètre de l'accessibilité", qui classe 96 chefs-lieux de départements selon le respect de leurs obligations légales. La note moyenne attribuée à chaque ville - reflet de son accessibilité - repose sur l'agglomération de plusieurs critères, eux-mêmes regroupés en trois items qui font l'objet d'une notation et d'une pondération : un cadre de vie adapté, des équipements municipaux accessibles et une politique locale volontariste. Tout l'intérêt de l'étude de l'APF est de suivre les mêmes indicateurs depuis quatre ans, ce qui permet d'avoir une idée précise des évolutions, quelle que soit la pertinence de certains critères retenus.
Une moyenne en hausse de 1,2 point en un an
Pour cette quatrième édition, Grenoble - avec une note moyenne de 18,4 sur 20 - détrône Nantes, qui occupait la première marche du podium depuis trois ans. La capitale des Pays de la Loire figure donc au second rang, à égalité avec Belfort, avec une note de 17,4. Caen occupe la troisième marche avec 17,2.
Mais l'intérêt réside moins dans les aléas de la course en tête que dans la tendance générale révélée par l'enquête. Et sur ce point, la tendance est clairement à l'amélioration. Ainsi, la moyenne des 96 villes étudiées progresse de 1,2 point en un an, passant de 12,0 en 2011 à 13,2 en 2012. L'APF estime ainsi que "la moyenne nationale du baromètre témoigne d'une réelle dynamique, dorénavant ancrée dans la majorité des municipalités". Seules quatre villes (Chaumont, Moulins, Evreux et Digne-les-Bains) affichent désormais une note inférieure à la moyenne, contre 15 en 2011 et 21 en 2010. A l'inverse, 28 chefs-lieux départementaux ont une note égale ou supérieure à 14, contre 17 en 2011 et 14 en 2010. Enfin, certaines villes connaissent des progressions spectaculaires, qui s'expliquent peut-être par l'approche de l'échéance de 2015. C'est, par exemple, le cas de Lille (qui passe en un an de 13,5 à 16,5), de Bastia (de 10,3 à 15,5), du Puy (de 10,0 à 14,8) ou Bar-le-Duc (de 7,1 à 14,2 !).
Pas question d'objectifs intermédiaires
Il reste cependant des points noirs. Ainsi, l'APF relève que plusieurs grandes villes sont "toujours à la traîne" et cite notamment le cas de Besançon (76e), Dijon (76e), Valence (76e), Marseille (83e) et Bobigny (88e). En outre, si les villes de l'échantillon ont vu leur note progresser en moyenne de 2,55 points en quatre ans, certaines d'entre elles - Charleville-Mézières, Foix, La Rochelle, Saint-Brieuc, Mende, Saint-Lô, Nevers, Pau, Perpignan et Evry - stagnent depuis le lancement de l'étude.
Enfin, l'enquête distribue bons et mauvais points en matière de cadre de vie. Globalement, les bons élèves sont les centres commerciaux, les bureaux de poste, les cinémas et les piscines. A l'inverse, figurent au rang des mauvais élèves - comme depuis le début de l'enquête - les commerces de proximité et les cabinets médicaux et paramédicaux. Tout en dénonçant "cette révoltante inaccessibilité aux soins", l'APF reconnaît que l'accessibilité des cabinets est souvent compliquée par leur implantation au sein d'immeubles d'habitation. Sur les équipements publics, l'APF s'inquiète de la situation des écoles primaires - qui restent "difficilement accessibles" et dont le taux d'accessibilité se situe juste à la moyenne (52% contre 49% en 2011) - et de celle des transports en commun, dont le taux d'accessibilité chute de 47% à 33%. Ce dernier résultat ne reflète toutefois pas une dégradation dans les transports accessibles, mais résulte d'une forte hausse du nombre de communes ayant répondu en 2012 sur cet item.
Enfin, "malgré ces améliorations, l'APF reste très mobilisée pour que l'objectif d'une France accessible soit respecté au 1er janvier 2015". L'association se dit "particulièrement attentive" au contenu du rapport sur le sujet que Claire-Lise Campion, sénatrice de l'Essonne, doit remettre au Premier ministre dans les prochains jours. Elle exclut par avance toute idée de fixer des "objectifs intermédiaires d'accessibilité", comme cela avait été envisagé par un précédent rapport, il y a moins d'un an.
Jean-Noël Escudié / PCA
Accessibilité : nouvel appel à projets et atlas enrichi
La délégation ministérielle à l'accessibilité (DMA) du ministère de l'Egalité des territoires et du Logement et du ministère de l'Ecologie lancent un appel à projets "Recueil de belles pratiques et de bons usages en matière d'accessibilité de la Cité", initiative qui vise à valoriser les réalisations permettant d'améliorer les conditions de vie et de déplacement des personnes handicapées ou à mobilité réduite.
L'an dernier, 14 trophées ont été remis et un florilège des 60 plus belles réalisations a ainsi pu être présenté (on les retrouve en ligne sur
www.accessibilite.gouv.fr, Centre de ressources de l'Observatoire interministériel de l'accessibilité et de la conception universelle).
Cette année, deux thématiques sont privilégiées : "Des petits plus qui facilitent la vie de tous" ("solutions qui, à faible coût, ont un impact fort sur la qualité de vie et permettent de mieux vivre dans son logement, de se déplacer avec facilité ou de mieux accéder aux services dans les établissements recevant du public"), avec deux récompenses à la clef ; et "Réponses construites au niveau local pour permettre une gestion cohérente de la politique d’accessibilité sur un territoire". La marche à suivre pour participer à l'appel à projets est détaillée sur
le site du ministère. La DMA fait par ailleurs savoir que l'"
Atlas des démarches d'accessibilité", initié en 2010, vient d'être enrichi par de nouvelles cartes. Que ce soit à l'échelle nationale, départementale ou même communale, ces cartes permettent de visualiser l'avancée des différentes démarches d'accessibilité : diagnostics des ERP, schémas directeurs d'accessibilité des services de transport (SDA), plans d'accessibilité de la voirie et des espaces publics (Pave)…