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Assises de l'aérien : le ciel se dégagera-t-il pour les territoires ?

Lors de l'inauguration le 20 mars des Assises du transport aérien, qui vont permettre de dresser jusqu'à la rentrée prochaine un état des lieux du secteur, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, n'a pas oublié de mentionner son importance pour l'aménagement et la desserte des territoires. Par quels biais ces enjeux vont-ils entrer en piste ? 

Le gouvernement a initié, le 20 mars, des Assises du transport aérien pour repenser l'avenir du secteur et lui apporter une stratégie nationale. Colloques et ateliers rythmeront ces six mois de travaux qui déboucheront en septembre prochain sur des décisions gouvernementales. Une période de réflexion collective que la ministre des Transports, Elisabeth Borne, entend placer sous le signe de la "performance collective". Car le secteur a des difficultés bien réelles, "au premier rang desquelles le déficit de compétitivité des compagnies françaises : malgré la hausse du trafic, leur part de marché diminue d'un point par an depuis vingt ans", souligne-t-elle.

Deux élus pilotent un groupe de travail

Parmi les cinq thèmes de travail liés à ce fil rouge de la performance, l'un intéresse directement les territoires. Un groupe de travail sur l'aménagement du territoire est piloté par le président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset. A ses côtés, le député martiniquais Serge Letchimy promet de faire avancer la question de la desserte aérienne des territoires ultramarins et attend de cette série de réflexions qu'elles aboutissent "à des propositions concrètes en faveur d'une meilleure connectivité des outre-mer".

L'avenir des aéroports régionaux

La progression de la part des aéroports régionaux dans le trafic national est constante depuis plusieurs années. Un constat entériné le 13 mars, lors de son point annuel, par l'Union des aéroports français (UAF) qui ajoute que cette croissance reste tirée en avant par les compagnies low cost représentant plus de 45 % du trafic régional. Les principales plateformes régionales sont Nice (13,3 millions de passagers), Lyon (10 millions), Toulouse-Blagnac, Marseille-Provence et Bordeaux. L'aéroport de Nantes Atlantique, en plein réaménagement suite à l'abandon du projet de nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), voit sa fréquentation croître. Des chiffres à mettre sur la table durant ces assises invitant à repenser le rôle et la place du transport aérien dans le désenclavement des territoires. La ministre se dit en effet "convaincue que dans certains territoires des liaisons aériennes sont à même d'apporter très concrètement et plus rapidement qu'au travers de nouvelles infrastructures des réponses à l'enclavement que subissent nos concitoyens et les entreprises". Elle fait ici référence à de plus petits aéroports et au réseau secondaire qui se cherche un avenir.
Les aéroports des outre-mer et de Corse voient leur trafic augmenter, mais les perspectives de développement restent à affiner : "Pour l'outre-mer je souhaite que les débats ne se résument pas à la relation avec la métropole et que des propositions soient formulées pour améliorer la desserte aux échelles régionale et interrégionale", oriente la ministre. D'autres aéroports comme ceux de Brest, Biarritz ou Chambéry ont un rôle reconnu en termes de désenclavement territorial. Celui de Beauvais aussi, même s'il voit son trafic reculer du fait du repli de Ryanair.

Maillage et lignes d'aménagement du territoire

Les débats aux assises ne porteront pas que sur la performance de ces aéroports mais sur "leur environnement et leur finalité". C'est à dire sur le maillage aéroportuaire - la ministre veut "éviter une multiplication de plateformes qui se font concurrence" - mais aussi l'ouverture de la culture aéroportuaire sur l'ensemble des enjeux territoriaux. Exemple : leurs retombées économiques. Elles ne sont pas négligeables : selon une étude publiée l'été dernier, les dix aéroports locaux génèrent en Occitanie 1% du PIB régional. Leur gouvernance sera certainement mise au débat. Une flopée de plateformes un temps gérées par l'Etat sont tombées dans l'escarcelle de collectivités maîtrisant jusqu'alors peu ce domaine. Et la ministre de souligner le rôle des régions "qui ont la compétence aéroportuaire" et l'occasion, durant ces assises, "de débattre de leur vision stratégique, du rôle qu'elles entendent donner aux aéroports, de leur besoin de connectivité".
Ont-elles trop d'aéroports ? Le débat n'est pas nouveau et l'idée consiste souvent à les réorienter sur d'autres activités, avec des diversifications déjà entamées dans l'aéro-industrie (Châteauroux, Auch) ou l'aviation d'affaires (Cherbourg). Des verrous persistent pour les développer. "De nombreuses collectivités soutiennent l'installation de nouvelles liaisons aériennes et sont parfois déçues par le manque d'engagement dans la durée", observe la ministre tout en proposant d'en débattre "dans l'objectif d'une meilleure cohérence de l'action publique". Le timing semble propice puisque des régions sont justement en train de plancher sur leur schéma aéroportuaire. Cohérence des offres et des actions au niveau régional, prises de participations et désengagements, adhésion ou au contraire non participation des collectivités régionales dans les syndicats mixtes aéroportuaires qui gèrent ces plateformes sont donc au menu des débats. Tout comme le soutien financier de l'Etat aux lignes d'aménagement du territoire (LAT) qui font l'objet d'une obligation de service public (OSP) et sont réputées pour être coûteuses en raison d'un cahier des charges exigeant.

 

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