Régions - ARF : faire toujours plus en dépensant moins ?
"Les régions ont envie de parler à l'Etat", déclarait ce mardi 24 janvier Alain Rousset lors de la présentation des voeux de l'Association des régions de France (ARF) qu'il préside. Selon lui, on le sait, ce dialogue Etat-régions, aujourd'hui, n'a pas lieu. Un exemple tout frais : le fait que "le Sommet social ait eu lieu sans que les soutiers de la République que sont les régions aient été invités", a-t-il regretté, comme il l'avait fait la semaine dernière dans un courrier adressé au chef de l'Etat, dans lequel il faisait valoir le rôle des régions en matière d'emploi et de formation professionnelle (voir ci-contre notre article du 18 janvier). En sachant que dans ce domaine, les régions sont prêtes à faire plus puisqu'elles souhaiteraient "assumer le service public de l'emploi". Une question, pour Alain Rousset, d'efficacité : "La France se désindustrialise de façon systémique parce que ce sont l'Etat et les grands groupes qui sont à la manoeuvre, contrairement à ce qui se passe en Allemagne par exemple."
Faire plus… Sauf que "on nous dit à la fois de moins dépenser et de ne pas casser la croissance", feint de s'étonner le président de l'ARF avec, là encore, un cas récent à l'appui : "Quand Laurent Wauquiez vient nous dire que l'on dépense trop et, dans le même temps, regretter que trois ou quatre régions aient baissé leurs investissements sur les universités… Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'il faudrait, à la place, faire moins en faveur des lycées ou de la formation professionnelle ?" (Voir notre encadré ci-dessous).
"Nous ne sommes plus là pour distribuer des subventions, mais pour mener des politiques", a de même lancé Alain Rousset, en posant l'équation "décentralisation = responsabilité". Et en prenant soin d'ajouter qu'il n'est pas question de "recréer une forme de centralisme régional", que les régions "ne feront rien sans les élus des autres niveaux de collectivités".
Le champ de l'éducation est un cas typique de "décentralisation inachevée", a illustré François Bonneau, président de la région Centre et de la commission éducation de l'ARF, présent aux voeux de l'ARF avec une dizaine d'autres patrons de région. Notamment s'agissant de la carte des formations avec, d'une part, les lycées professionnels dépendant de l'Etat, et l'apprentissage dépendant, lui, de la région. "Les régions demandent par conséquent le pilotage de la carte des formations en matière de formation professionnelle", résume François Bonneau qui plaide, de même, pour la mise en place d'un "service public régional d'orientation", sachant que le champ de l'orientation professionnelle des jeunes et des adultes est aujourd'hui "un système complètement atomisé".
La relance des doléances de l'ARF est naturellement marquée par l'approche des échéances électorales. On saura à ce titre que François Hollande devrait s'exprimer sur la thématique collectivités le 3 mars à Dijon, avec l'intention de marquer par ce meeting le trentième anniversaire des lois de décentralistion.
Claire Mallet
L'université, Laurent Wauquiez et les régions…
Dans un communiqué publié à l'issue de ses voeux, l'ARF revient sur la mise en cause des régions par le ministre de l'Enseignement supérieur dans les problèmes actuels que rencontrent les universités : "Pour le ministre, les coupables et responsables sont notamment les régions qui auraient dû une nouvelle fois compenser l’insuffisance de l’Etat et les promesses non tenues du gouvernement. Il faudrait cesser ce double langage", déclare l'ARF, qui rappelle que l’effort financier des régions pour la recherche est à lui seul "supérieur à celui consenti par l’ANR" (Agence nationale de la recherche) alors même que l’enseignement supérieur et la recherche "relèvent non pas d’une compétence décentralisée mais de la seule responsabilité de l’Etat". L'investissement annuel des régions dans ces deux domaines serait de 850 millions d’euros par an.
C. M.