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Assises nationales du centre-ville - Après les frustrations de la LME, les maires veulent se réapproprier leur centre-ville

Les 5es Assises nationales du centre-ville se tiennent les 7 et 8 octobre à Nice. Organisées par Centre-ville en mouvement, une plateforme d'échanges d'expériences et de réflexion pour les collectivités sur la dynamisation de leur centre-ville, elles auront justement pour thème la "réappropriation" des coeurs de ville. "Il y a une véritable prise de conscience des maires de la nécessité de réinvestir les centres-ville, assure Bernard Reynès, député-maire de Chateaurenard, et membre du Conseil stratégique du Conseil de proximité. Dans les années 1970 et 1980, les maires avaient intérêt à créer des zones d'activités en périphérie, ils sont maintenant conscients qu'il faut faire un effort en centre-ville car c'est le lieu où se crée l'identité de leur commune." La loi de modernisation de l'économie, adoptée en août 2008, avait fortement inquiété les élus, faisant passer de 300 à 1.000 mètres carrés la surface commerciale ne nécessitant pas d'autorisation préalable. Depuis, une proposition de loi sur l'urbanisme commercial, de Patrick Ollier, député des Hauts-de-Seine et président des affaires économiques, et Michel Piron, député de Maine-et-Loire, a été adoptée par l'Assemblée nationale le 15 juin 2010. Une proposition de loi (qui doit encore passer devant le Sénat), dont l'objet est justement d'œuvrer pour la revitalisation des centres-ville et d'enrayer le développement anarchique des grandes surfaces en périphérie, en faisant du Scot (schéma de cohérence territoriale) le document-maître en matière d'urbanisme commercial. Parallèlement, le gouvernement a lui-même lancé un grand plan d'actions pour le développement du commerce de proximité en juin 2008, prévoyant notamment des actions pour réformer les outils de soutien à ce commerce, la mise en place d'un chef de projet commerce de proximité et la réhabilitation des centres commerciaux des zones urbaines sensibles. Autant de dispositions et d'outils qui permettent aux maires de se "réapproprier leur centre-ville". "Après la LME, qui a créé beaucoup de frustrations, on a eu la réforme de l'urbanisme commercial qui a permis des avancées significatives, détaille Bernard Reynès, d'autres outils, comme le droit de préemption commercial, permettent aux maires d'avoir une vraie politique commerciale en jouant sur la diversification, et remettent le maire à la manœuvre dans ce domaine."

 

Charte de revitalisation

Côté chiffres, la tendance est à une légère hausse pour les commerces de proximité. D'après la dernière étude en date de l'Insee sur le sujet (mai 2010), près de 600.000 commerces, sur 830.000, relèvent du commerce de proximité, qui emploie 1,2 million de salariés, soit la moitié des salariés du secteur commercial. Si leur nombre est en baisse dans les zones rurales entre 2002 et 2008 (-0,5%), il augmente dans les zones urbaines (+1,2%). Même tendance plutôt positive relevée par Procos, la Fédération pour l'urbanisme et le développement du commerce spécialisé. "Au premier trimestre 2010, le centre-ville a fait mieux que la périphérie, enregistrant une croissance de 2,9% de son chiffre d'affaires", détaille ainsi la note du Procos. Preuve que le commerce de proximité arrive à tirer son épingle du jeu. "Il faut toutefois qu'il joue le jeu et qu'il évolue pour répondre davantage à la demande des consommateurs, devenus des 'consommacteurs' soucieux de trouver des produits authentiques et révélateurs d'un savoir-faire local", souligne Bernard Reynès. Mais si le commerce de proximité doit s'adapter, "l'opposition frontale avec les grandes surfaces est derrière nous", assure Denis Badré. Le sénateur des Hauts-de-Seine et président de Centre-ville en mouvement estime ainsi que "le petit commerce apportera sa contribution non pas en s'opposant aux grandes surfaces mais en travaillant avec les élus sur les solutions aux problèmes qui se posent comme les espaces livraison…" Les idées ne manquent pas pour dynamiser encore davantage les centres-ville. Bernard Reynès propose ainsi de créer une véritable charte de la politique de revitalisation de centre-ville, comportant des critères fondamentaux (un centre-ville attractif, agréable, fonctionnel) et des critères de fonctionnement (relations avec les associations de commerçants, rôle du manager de centre-ville). Une charte qui permettrait aux élus qui s'engagent de bénéficier de financements croisés Etat/régions/départements pour le développement de leur centre-ville.

Emilie Zapalski

 

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