Commerce de proximité - Une formation pour développer le métier de "manager de centre-ville"
L'idée de développer la fonction de manager de centre-ville ne date pas d'hier. En juin 2008, quand Hervé Novelli, secrétaire d'Etat au Commerce, a lancé son plan d'actions pour le développement du commerce de proximité, le manager de centre-ville faisait déjà partie du lot. Une fonction considérée comme "maillon indispensable" pour les projets de dynamisation du commerce de proximité, mais qui a du mal à se développer. Deux ans plus tard, une formation "Manager de centre-ville", première de ce type en France, est créée, dispensée par le Cefac (Centre d'études et de formation des assistants techniques du commerce, des services et du tourisme), en partenariat avec Negocia (Grande école de la chambre de commerce et d'industrie de Paris), et sous le parrainage du ministère en charge du commerce et des PME. Une convention pour le lancement de la formation a été signée le 8 juin dernier entre les organismes de formation et l'Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie (ACFCI) à l'occasion du premier rendez-vous du commerce, organisé à Bercy. Objectif de la formation : harmoniser et permettre à ce métier de se développer correctement. "Le métier actuel est encore très mal payé et n'est pas vraiment reconnu par les collectivités territoriales, explique Albane Réal, coordinatrice de projets de l'association Centre-ville en mouvement. Au total, le club des managers de centre-ville compte 200 fonctions de ce type, mais seule une cinquantaine d'entre eux sont de véritables managers de centre-ville, les autres étant des chargés de mission commerce au sein des villes, comme à Montrouge, ou des managers de commerce au sein des CCI." D'autres encore sont recrutés par des associations ou des offices de commerce. Les cas sont aussi variés que les profils, qui peuvent être issus du droit, de l'économie ou encore du commerce… Une situation que la formation proposée devrait permettre d'harmoniser. "La formation nécessite un bac + 2 et est ouverte aux demandeurs d'emploi, explique-t-on au Cefac, mais elle nécessite aussi une bonne expérience en matière de commerce car il faut maîtriser des enjeux très différents." Les managers de centre-ville doivent en effet bien connaître le mode de fonctionnement des partenaires publics locaux et des collectivités locales, avec qui ils sont amenés à travailler régulièrement. Autres compétences nécessaires : des connaissances en matière de Fonds d'intervention pour les services, l'artisanat et le commerce (Fisac), et la capacité à mobiliser plusieurs personnes autour d'un projet commun. "Le but est d'en faire des chefs de projet capables de monter des missions partenariales avec des représentants de commerce, des commerçants, des élus, et susceptibles d'apporter des idées nouvelles pour relancer le commerce de centre-ville", détaille le Cefac. Le rôle du manager de centre-ville, qui travaille au sein d'un service économie d'une mairie, d'une CCI ou d'une association, consiste ainsi à favoriser la réimplantation du commerce de proximité au cœur des villes, pour les revitaliser, à stimuler le débat sur l'avenir du commerce de centre-ville, et à fédérer les acteurs autour d'une stratégie commune. Et le commerce de centre-ville en a bien besoin. Certes, l'année 2010 s'annonce un peu meilleure, avec une progression de 2,3% du chiffre d'affaires des enseignes du commerce spécialisé sur les quatre premiers mois de l'année, après une baisse de 3,4% sur la même période en 2009, d'après le panel de la Fédération pour l'urbanisme et le développement du commerce spécialisé (Procos). Mais la situation reste fragile. Une situation d'autant plus délicate avec la mise en œuvre de la loi de modernisation de l'économie (LME) du 4 août 2008, qui a fait passer de 300 à 1.000 m2 la superficie de surface commerciale ne nécessitant pas d'autorisation préalable. Les managers de centre-ville auront donc fort à faire pour maintenir le commerce de proximité et le développer. "Il est temps que ce métier soit reconnu à sa juste valeur", assure Albane Réal.
Emilie Zapalski