Réseaux sociaux - Angers inaugure un univers local communautaire 3D

"Une nouvelle façon, innovante et ludique, de vivre sa ville !" Voilà la promesse du nouveau site en 3D (trois dimensions) d'Angers. A mi-chemin entre Second Life (SL) et Google Street View, cet espace virtuel associe une communauté d'avatars, créés par les habitants eux-mêmes, un portail d'information locale et une solution d'e-commerce.

Concrètement, l’internaute crée un compte et accède après installation d'un plug-in à l’univers 3D recréant le centre-ville de la cité angevine. Il est alors orienté vers un espace d’apprentissage, dans lequel il peut découvrir les différentes fonctionnalités liées aux déplacements et aux interactions. La première d'entre elles est la possibilité de personnaliser son avatar (son personnage virtuel) physiquement et jusque dans des détails vestimentaires. La découverte de la ville et des services proposés débute alors. En quelques clics, les principaux atouts se révèlent : aménagements ou patrimoine historique (gare, château, cathédrale), équipements sportifs, art de vivre, projets urbains (tramway ou aménagement des berges de la Maine), démarches administratives en ligne, conseil municipal, événements culturels, associations, etc. En termes de développement économique, le site en 3D offre une vitrine sur internet des commerces angevins et les accompagne vers l'e-commerce. Une cinquantaine de boutiques virtuelles sont ainsi déjà en ligne : banques, vêtements, produits alimentaires, médias locaux, etc. En termes d'échanges avec les habitants, l’univers 3D est également un espace d’expression libre entre avatars, ou canalisé via des temps de dialogue citoyen ou des questionnaires.

Représentation simplifiée et symbolique

Techniquement, l'objectif n'est pas de reproduire la ville en 3D à l'identique, contrairement à une maquette en réalité virtuelle augmentée fondée sur les données du système d'information géographique. Les 150.000 polygones des 5 univers d’Angers créent une représentation symbolique de la ville dans laquelle les avatars peuvent s'immerger. "C’est d’ailleurs là toute la force de l’univers 3D : proposer une vision condensée des identifiants du territoire. Bâtiments remarquables, aménagements spécifiques… sont autant de symboles qui donnent à voir la ville. La priorité a également été donnée à la fluidité et à la simplicité d’utilisation. La 3D réaliste est trop souvent contrainte à des usages professionnels qui en limitent sérieusement l’intérêt", défendent ses concepteurs. "Les collectivités qui ont expérimenté ce type d'univers virtuel dans SL n'avaient pas forcément la main sur tous les paramètres. Elles ont ainsi pu voir débarquer chez elle un dragon, un lapin ou un guerrier. Dans notre cas, la reconstitution en 3D est dédiée à notre ville. C'est un peu comme si nous avions les clés de SL et pouvions ainsi choisir qui y entre ou pas", justifie Laurent Poucan, responsable du pôle technologies de l'information et de la communication (TIC) d'Angers-Loire-Métropole.

Deux sociétés ont contribué à la mise en oeuvre de cet univers virtuel sur mesure : Idées-3com, spécialisé en développement 3D, et Best swing Europe, entreprise du monde du textile et de la mode, qui a déposé la marque Optishops. Localisée pour partie à Angers, les sociétés ont investi 200.000 euros. "Au départ en mars 2009, le projet n'était que commercial en direction des boutiques en ligne, mais la collectivité locale y a ajouté son identité et son contenu", poursuit le responsable TIC. Le budget de fonctionnement se monte à 20.000 euros par an, soit un tiers de temps plein pour le suivi du contenu et la modération des espaces d'expression. Cette fonction est actuellement externalisée. L'investissement public est limité car la ville, pionnière, bénéficie d'une offre de lancement de cocréation : quelques dizaines de milliers d'euros de modélisation dont 5.000 euros de licence.

"Il faut désormais que les différents services municipaux s'approprient cette troisième dimension. Nous y mettrons le service entre voisins (Etyssa), y relaierons le rendez-vous du chat du maire, démarré en juillet, etc. Nous souhaitons aussi y associer plus de partenaires économiques et touristiques pour valoriser la ville et aller ainsi vers une nouvelle marque de territoire", s'enthousiasme Laurent Poucan. L'opération a été officiellement lancée le mois dernier. Mais le site était déjà en ligne depuis fin janvier. Une centaine d'utilisateurs ont ainsi testé le concept, attirés par le bouche-à-oreille numérique (buzz). Il y aurait actuellement plus de 900 inscrits à Angers. Ses concepteurs voudraient bien désormais reproduire le modèle dans d'autres villes : Poitiers, Compiègne, Pau, La Rochelle, Angoulême ou Niort. "Le périmètre géographique de l'expérimentation fait beaucoup pour l'appropriation des nouvelles technologies", conclut le responsable d'Angers-Loire-Métropole.

 

Luc Derriano / EVS

 

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