Archives

Internet - Réseaux sociaux territoriaux : cinq villes expérimentent la "recyclerie"

"Plutôt que de jeter vos vieux objets donnez-les", ce slogan à la fois écologique et solidaire est repris par cinq villes, Argentan, l'agglomération Plaine Commune, Les Pennes Mirabeau, Poissy et Troyes qui expérimentent depuis la fin du mois d'octobre un nouveau service de partage sur internet. Le service va renforcer l'offre de leur réseau social territorial et il a été conçu selon des méthodes innovantes.
La "recyclerie" est en quelque sorte un vide-grenier gratuit et virtuel. Il met en relation une offre, par exemple le donneur d'une vieille armoire, et son repreneur. Le premier fixe le lieu et l'heure de rencontre avec le second qui s'organise pour récupérer l'objet… Ainsi en quelques clics les habitants peuvent proposer des objets, consulter des offres ou encore formuler une demande. Ce mode de diffusion rapide et gratuit peut aussi s'appliquer aux matières premières : un habitant qui souhaite collecter des cartons pour son déménagement, une école primaire qui récupère des boîtes de conserves pour ses cours de sciences… Avantage, le système introduit une forme d'optimisation de la gestion des déchets tout en étant utile aux habitants "récupérateurs".
L'outil support est une plateforme de réseau social territorial, autrement dit un site internet spécialisé sur la mise en relation et l'échange entre les personnes. Proposé par la jeune société Etyssa, cette plateforme déjà implantée dans une quarantaine de villes, permet aux habitants de tisser des liens autour de leurs centres d'intérêt ou de leurs besoins : garde d'enfants, colocation, aide aux devoirs, réunions de quartiers…
Les cinq villes pilotes s'appuient sur leur propre réseau social d'habitants pour tester la recyclerie. Depuis l'été, elles ont engagé un travail collectif avec l'éditeur de la plateforme qui porte ses fruits aujourd'hui puisque le module "recyclerie" est en service depuis la fin octobre. Quelques semaines devraient normalement suffire pour évaluer le degré d'appétence des internautes et valider le concept. Si l'initiative se révèle positive, elle sera étendue aux autres collectivités candidates, utilisatrices de la plateforme.

 

Valoriser les réseaux sociaux territoriaux existants

"Les temps d'expérimentation sont assez courts, explique Agathe Dahan directrice de la communication de la ville de Poissy. Notre réseau social compte en effet 2.200 habitants inscrits pour 40.000 habitants, et des centaines d'annonces qui ont déjà permis de tisser de réels liens de solidarité entre les habitants. La recyclerie est certes un nouveau service mais qui complète une panoplie bien fournie. Il constitue à son tour un élément de valorisation du réseau." Optimiste, Agathe Dahan y voit déjà le moyen de développer de nouvelles pratiques de solidarité et de fédérer les habitants, les associations de quartier tout en renforçant la pérennité d'un réseau qui va de plus en plus "mêler le virtuel et le réel".
La mise en œuvre de la "recyclerie" est innovante puisque son élaboration résulte d'une "co-réflexion" avec l'éditeur : "Une méthode de travail collaborative, qui s'appuie sur l'organisation de débats partagés, destinés à imaginer de nouveaux projets, de les expérimenter, de les déployer et d'en identifier les bonnes pratiques a été déployée avec la mise en place d'un wiki", explique Franck Lenoir, le directeur d'Etyssa. Ainsi chaque partenaire peut présenter son action, ses bonnes pratiques et participe aux évolutions du projet. En projet la création d'un module pédibus, système collectif d'accompagnement à pied des enfants à l'école (fin d'année) et d'autres idées comme le lancement de forums de discussion, ou le rassemblement des offres associatives sont envisagés. On le voit, ce mode de travail a séduit. Il incite les collectivités locales à maintenir un effort d'autant plus facile à tenir, que l'implication est collective et partagée.


Philippe Parmantier / EVS