Xavier Bertrand : l'industrie en Hauts-de-France, "j'y crois dur comme fer"
Les Hauts-de-France apparaissent au premier rang des régions créatrices d'emplois industriels en 2017, selon la dernière étude du cabinet Trendeo, malgré le déclin amorcé depuis plusieurs années, qui touche particulièrement le quart nord-est de la France. Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, explique à Localtis comment ces résultats ont été obtenus et détaille les efforts pour intensifier ce mouvement.
Localtis : Trendeo place les Hauts-de-France au premier rang des régions créatrices d'emplois industriels en 2017. Pensez-vous que cette évolution soit durable ?
Xavier Bertrand : Oui, cette évolution positive est durable et nous allons essayer de l'intensifier. En tant que région, nous avons une vraie responsabilité et un rôle à jouer. Ces résultats correspondent aussi au fruit de nos efforts depuis deux ans. Je crois dur comme fer à l'industrie et la région a consenti beaucoup d'efforts pour sauver un certain nombre d'entreprises, en consolider, et favoriser des créations d’usines ou un développement, c'est le cas avec Toyota et la construction d’un nouveau véhicule sur le site d’Onnaing par exemple. Nous sommes sur tous les fronts et je crois que les Hauts-de-France ont un avenir industriel.
Quelles sont les actions que vous allez mettre en œuvre dans le domaine industriel ?
Nous allons accélérer en région et essayer d’imposer un débat sur l’industrie au niveau national. En région, nous allons créer dès le premier semestre 2018 un think tank sur l'industrie, qui aura également un rayonnement européen, et mettre en place des Assises régionales de l'industrie à vocation européenne. Nous souhaitons aussi accentuer notre action dans le transport ou la logistique et poursuivre notre politique tournée vers la troisième révolution industrielle, Rev3, pour laquelle il faut passer maintenant à une dimension très pratique. Nous sommes trop souvent seuls sur ces sujets : il n'y a pas de politique industrielle au niveau national, l'Etat ne met pas de moyens sur ce secteur. Il n'y a même pas de ministre de l'Industrie. Nous aimerions notamment imposer un débat sur les 162 taxes à la production : comment peut-on les alléger ? En Hauts-de-France, on s’engage politiquement et financièrement et ça donne des résultats donc on doit pouvoir le faire ailleurs. Et c'est possible, en Nouvelle-Aquitaine ou dans le Grand Est, par exemple.
Comment considérez-vous les actions actuellement mises en place par l'Etat dans ce domaine, comme le nouveau dispositif pour les bassins urbains à dynamiser, qui concernent uniquement les zones du Nord et du Pas-de-Calais et prévoient des exonérations fiscales importantes pour les entreprises qui s'y implantent ?
Nous n'allons pas faire la fine bouche, mais concernant les zones franches, auparavant l'Etat finançait les dispositifs à hauteur de 100%. Dans le cas du nouveau dispositif, on est à 50%. Nous allons y contribuer à travers un effort budgétaire régional. Mais plus globalement, pour tout ce qui relève de l'industrie, ce sont les régions qui sont en pointe et j'aimerais que l'Etat se réveille ou alors qu'il laisse agir les régions. Par exemple dans le cadre du Ciri (Comité interministériel de restructuration industrielle) pour les restructurations d'entreprises : nous sommes obligés de laisser l'Etat agir alors qu'il n'a pas la réactivité nécessaire.