Troisième révolution industrielle en Hauts-de-France : mille projets et un nouveau fonds d'investissement
A l'occasion de la septième édition de la semaine de l'industrie qui se déroule du 20 au 26 mars 2017, Localtis se penche sur les résultats de la troisième révolution industrielle, "Rev3". Lancée en 2013 par la région Nord-Pas-de-Calais, elle a été reprise par le nouvel exécutif et étendue au périmètre des Hauts-de-France. Un millier de projets, 14 millions d'euros issus du livret d'épargne, un fonds d'investissement de 50 millions d'euros : la troisième révolution industrielle est en marche, même si les retours sur l'emploi et le redressement industriel se font attendre.
La région Hauts-de-France poursuit la dynamique enclenchée depuis 2013 par l'ancienne région Nord-Pas-de-Calais et la chambre de commerce et d'industrie de région (CCIR) Nord de France avec "Rev3", la troisième révolution industrielle. Dans le cadre d'une délibération adoptée en octobre 2016, Rev3 a été officiellement étendue sur l'ensemble du périmètre de la nouvelle grande région (Nord-Pas-de-Calais et, désormais, Picardie), qui en a fait un axe fort du tout nouveau schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII). Le mouvement a pris de l'ampleur au fil des années. Un millier de projets et d'initiatives d'entreprises, de collectivités, d'associations, d'universités, de laboratoires ont été lancés. "La mayonnaise a pris, c'est parti !", affirme ainsi à Localtis Philippe Rapeneau, vice-président en charge de la troisième révolution industrielle à la région Hauts-de-France.
Un fonds d'investissement depuis octobre 2016
Le livret d'épargne Rev3 lancé en janvier 2015, a permis de lever plus de 14 millions d'euros auprès des citoyens. Il leur permet de participer au financement de projets de leur choix. Et en octobre 2016, un nouveau fonds de financement entièrement dédié aux projets de la troisième révolution industrielle a été créé. Doté de 50 millions d'euros, il réunit des acteurs financiers publics et privés français et européens (Fonds européen de développement régional-Feder, Banque européenne d'investissement, Crédit Agricole Nord de France). "Groupama vient aussi de rejoindre le fonds, c'est une bonne nouvelle", se réjouit Philippe Rapeneau. Pour pouvoir profiter du fonds, les projets doivent être liés à l'un des huit piliers de la troisième révolution industrielle : efficacité énergétique, passage aux énergies renouvelables, bâtiments producteurs d'énergie, stockage de l'énergie, réseaux de distribution intelligents, mobilité des personnes et des biens, économie circulaire, économie de la fonctionnalité. Destiné aux entreprises locales, le fonds est conçu pour les sociétés qui souhaitent y développer leur projet et donc créer des emplois dans la région.
Unéole, SunRise, des projets innovants
La région et la CCIR ne se sont pas fixé d'objectifs chiffrés en matière d'emploi. Initialement, le plan directeur tablait sur la création de 37.000 emplois à l'horizon 2020 et 165.000 d'ici 2050. Mais pour le moment, les résultats ne sont pas si visibles. Ainsi, le secteur de l'industrie représentait 274.415 personnes en 2015, un chiffre en baisse de 11% entre 2009 et 2015, indique l'édition 2017 des chiffres clés des Hauts-de-France de la CCIR. D'après l'Insee, l'évolution de l'emploi industriel est négative au troisième trimestre 2016 à 294.600 emplois (-0,5 par rapport au même trimestre en 2015) et sur l'année (-1,7%). La montée en puissance aura-t-elle lieu plus tard ? "On crée de l'emploi, les entreprises se développent grâce à cette logique, cela ouvre de nouveaux horizons et on observe aussi une montée en qualité des projets", assure pour sa part Philippe Rapeneau, citant notamment l'entreprise Unéole, qui cherche à déployer des éoliennes au cœur des villes. Une première éolienne de ce type (sans mât central pour avoir une meilleure circulation de l'air et utilisant des matériaux bio-sourcés et locaux pour sa composition) a été installée au sud de Lille, une deuxième à Loos-en-Gohelle. Autre exemple : SunRise, développé en 2011. Le projet est destiné à transformer sur le plan énergétique le quartier universitaire de l'université de Lille 1, construit dans les années 1960 (150 bâtiments, 25.000 personnes). L’équipe pluridisciplinaire travaillant sur le projet a constitué une gigantesque base de données et de cartographies pour cerner l’ensemble des réseaux (eau, assainissement, électricité, chauffage) puis a posé des capteurs permettant le contrôle, l’analyse, la régulation des consommations et donc des dépenses énergétiques. Les résultats sont concrets : 20 à 30% d’économies sur le chauffage, la capacité de détecter les fuites d’eau et d’éventuelles anomalies sur sa qualité en temps réel...
Le développement à l'international
La région a signé à nouveau un contrat avec Jeremy Rifkin, l'économiste américain auteur du plan directeur à l'origine du lancement de Rev3, mais il s'agit maintenant davantage d'une mission de développement à l'international. La région multiplie ainsi les occasions de parler de sa démarche en Europe et dans le monde, avec d'autres territoires, comme Rotterdam-La Haye et le Luxembourg, eux-mêmes engagés dans un plan stratégique autour de la troisième révolution industrielle. Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand a présenté le projet début février 2017 à Bruxelles au Comité des régions (CDR) lors de la conférence "Investir dans l’Europe : construire une coalition de villes et régions intelligentes".
Trois jours de colloques et de présentations de projets ont aussi été organisés à Lille les 9 et 10 février 2017, les "rev3days", réunissant quelque 750 personnes représentant 350 entreprises. Une nouvelle édition est déjà envisagée.