L'industrie n'a pas abandonné les villes moyennes
La France a connu un solde net de 26 usines créées sur les huit premiers mois de 2017, une première depuis 2009. Le tissu industriel reste très fortement attaché aux villes moyennes.
Thomson, Alcatel, Pechiney, Nexans, Lafarge… et maintenant STX et Alstom. Un à un, les fleurons industriels français disparaissent ou passent sous contrôle étranger. Et pourtant, après une décennie particulièrement douloureuse et une part du PIB réduite à 11,5%, l’industrie française connaît des frémissements de reprise depuis 2016, année au cours de laquelle l'observatoire Trendeo avait observé un rééquilibrage entre créations et fermetures d’usines. Pour la première fois depuis la crise de 2008, la France avait connu un solde net d’une création. Or cette tendance s’est poursuivie et même accélérée sur les huit premiers mois de 2017 : 87 annonces de créations ont été recensées contre 61 fermetures, soit un solde positif de 26 usines créées, selon les données communiquées par Trendeo le 28 septembre.
L'observatoire Trendeo comptabilise méticuleusement toutes les opérations d’investissements et de désinvestissements sur le territoire national. En 2009, date à laquelle il avait entrepris son décompte, la France avait ainsi perdu 220 usines !
114.355 emplois industriels détruits depuis 2009
Ces nouvelles unités sont "légèrement moins capitalistiques, avec un montant moyen de 10 millions d’euros", note Trendeo qui relève aussi que le nombre d’emplois par usine créé tend parallèlement à diminuer. Et les pertes enregistrées depuis 2009 mettront beaucoup de temps à se combler. L’industrie a ainsi gagné 13.629 emplois en 2017 (et 3.363 en 2016) quand elle en avait perdu 68.309 sur la seule année 2009. Entre 2009 et 2017, 114.355 emplois industriels ont ainsi été détruits. A noter que l’industrie a créé deux fois plus d’emplois que le commerce de détail en 2017 qui connaît un net ralentissement par rapport aux années précédentes…
L’amélioration de l’industrie est essentiellement tirée par l’automobile, avant la métallurgie, l’électronique, les produits métalliques divers et l’industrie alimentaire. Entre 2009 et 2017, l’automobile a créé 64.208 emplois, soit près de 5% de l’ensemble des emplois créés en France. "Cela fait de l’automobile le quatrième secteur français pour les créations d’emplois, derrière le commerce de détail, le logiciel et la restauration", constate Trendeo.
Complémentarité entre villes moyennes et métropoles
La reprise profite aussi à des régions industrielles traditionnelles comme le Nord et l’Est et essentiellement à des villes moyennes, fortement spécialisées : Vitré avec Thalès, Cherbourg-Octeville et Saint-Nazaire, Flers (PSA)… A elle seule, la ville de Saint-Nazaire a enregistré 6.610 emplois industriels de plus entre 2009 et 2017, soit 3,1% des emplois industriels créés en France pendant la période. D’autres villes, comme Sarreguemines, Le Creusot ou Coutances, sont plus diversifiées. "Nous pensons que cette reprise est une opportunité pour les villes moyennes : les coûts du foncier, les diverses nuisances qui restent associées aux activités industrielles, rendent les activités industrielles peu compatibles avec les plus grandes métropoles", souligne David Cousquer, gérant de Trendeo.
Le panorama de Trendeo met parallèlement en lumière une économie des start-up fortement concentrée dans les métropoles. Les dix premières zones d’emplois pour la création de start-up sont toutes des grandes métropoles. Paris fait cavalier seul, avec 10 fois plus d’emplois créés que les deux villes qui la suivent, Bordeaux et Toulouse. Au total, les start-up ont créé 42.826 emplois en 2017, pour 5,2 milliards d’euros de fonds levés. "Il nous semble qu’il y a matière à organiser une complémentarité entre des métropoles orientées vers le tertiaire supérieur et des villes moyennes réservant une place à l’industrie, y compris dans son développement vers l’industrie du futur", estime Trendeo.