Sécurité - Violences aux personnes : une France hypertrophiée
La délinquance est en baisse à peu près partout en France, avec une diminution générale de 2,1% pour 2010, mais les violences aux personnes continuent d'augmenter. L'hypertrophie de l'Ile-de-France explique en partie le poids des violences aux personnes, mais d'autres départements du nord et du sud de la France ne sont pas beaucoup mieux lotis.
2010 marque une nouvelle baisse de la délinquance générale en France. C'est ce qu'a annoncé le 21 janvier 2010 le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux. Une baisse de 2,1%, qui correspond à 73.353 victimes en moins (la baisse était de 1% en 2009). Les atteintes aux biens comme les cambriolages, les vols à main armée ou les vols de voitures ont ainsi diminué de 1,9% contre une baisse de 0,7% en 2009, d'après le bilan annuel réalisé par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). De même pour la criminalité organisée et la délinquance spécialisée (activités mafieuses, proxénétisme ou grands trafics de stupéfiants), qui a diminué de 6,9% en 2010, et les escroqueries et les infractions économiques et financières, qui ont enregistré une baisse de 4,3%.
En revanche, les atteintes aux personnes ont connu une hausse de 2,5%. "C'est le grand défi de nos sociétés modernes. La France n'y échappe pas", a reconnu Brice Hortefeux lors de la présentation de ces chiffres sur lesquels se cristallise l'opposition. "La vérité, c'est que la violence progresse et surtout s'enracine dans les zones délaissées de notre pays", a ainsi déclaré le député socialiste de l'Essonne Julien Dray dans un communiqué. Car le ministre de l'Intérieur préfère être optimiste sur l'évolution de cette forme de délinquance. "Nous sommes véritablement en passe de stopper la hausse des violences aux personnes. +60,8%, c'était le lourd bilan de l'explosion des atteintes volontaires à l'intégrité physique entre 1997 et 2002. +2,8%, c'était en 2009 la hausse que nous avions contenue ! +2,5% en 2010, cela signifie très concrètement que les violences aux personnes augmentent cinq fois moins vite aujourd'hui", a-t-il précisé en ajoutant que sur 90% du territoire, les violences sont même en baisse.
Ce sont principalement les résultats de l'Ile-de-France qui font chuter le bilan. Ainsi, le taux d'atteintes volontaires à l'intégrité physique, soit leur nombre rapporté à la population des habitants, a atteint 20,5% en Seine-Saint-Denis, en augmentation de 7,2%, et 17,5% à Paris, en augmentation de 9,3%. "En France, nous sommes parvenus à une quasi-stabilité des violences aux personnes puisqu'elles n'augmentent que de +1% ; nous savons donc parfaitement où se concentre le problème : en Ile-de-France, où l'augmentation est telle qu'elle fait tourner au rouge un indicateur partout ailleurs au vert !", a souligné le ministre. Même phénomène pour les atteintes aux biens, qui atteignent un taux de 66,9% à Paris, et de 62,2% en Seine-Saint-Denis, et pour les vols (59,2% à Paris, 48,7% en Seine-Saint-Denis). Le gouvernement espère pouvoir changer la tendance avec la police d'agglomération mise en place en 2009 à Paris et en petite couronne. Une nouvelle forme de police qui sera progressivement adaptée à Lyon, Lille, Marseille et sans doute aussi à Bordeaux.
Une forte délinquance au nord et au sud de la France
Mais d'autres départements, comme ceux d'outre-mer, du sud de la France (le Gard, l'Hérault, les Bouches-du-Rhône, et les Alpes-Maritimes) et ceux du nord (Nord et Pas-de-Calais) affichent aussi des chiffres bien au-dessus de la moyenne nationale. Ainsi, concernant les atteintes physiques, la Guadeloupe enregistre un taux de 16,1% (en hausse de 4,5%) pour une moyenne nationale de 7,6%. Ce taux atteint 15,9% pour la Guyane, et 13,7% pour la Martinique. Côté sud, ce sont les Bouches-du-Rhône qui arrivent en tête pour ce type de violence (14,1%) après les départements d'outre-mer. Viennent ensuite le Nord (9,9%, un chiffre en hausse de 2%) et la Seine-Maritime (8,4%). En matière de vols, on retrouve à peu près le même schéma, avec des taux allant de 52,7% pour les Bouches-du-Rhône et 48,7% pour les Alpes-Maritimes à 31,7% pour le Nord, pour une moyenne nationale de 28,9%. Les départements d'outer-mer, le Nord et le Pas-de-Calais sont aussi avec Paris au-dessus de la moyenne (0,4%) en matière de violences sexuelles.
Pour les vols avec violence, outre la Seine-Saint-Denis (9,2%) et Paris (8,2%), les départements des Bouches-du-Rhône (6,2%) et des Alpes-Maritimes (4,3%), et la Guyane (5%) se démarquent à nouveau des autres. Des départements qui sont aussi surreprésentés en matière de vols d'automobiles (4,4% pour les Bouches-du-Rhône, 4,3% pour le Vaucluse, 3,3% pour l'Hérault, quand la moyenne nationale est de 1,9%). A l'inverse, d'autres départements affichent des résultats très positifs en matière de délinquance. La Haute-Marne enregistre ainsi la diminution la plus forte (-18,2%) des atteintes aux biens avec un taux de 22,3%. La Creuse enregistre pour sa part le taux le moins élevé d'atteintes volontaires à l'intégrité physique (2,3%, en baisse de 1,1%) et le taux le moins élevé en matière d'atteintes aux biens (9,1% en augmentation de 2%).