Tourisme - Un rapport parlementaire critique la dispersion des aides au tourisme
"Le tourisme, un atout formidable pour la France" : le titre du rapport d'information présenté par André Ferrand, sénateur des Français établis hors de France et rapporteur spécial de la mission Economie, et Michel Bécot, sénateur des Deux-Sèvres et président du groupe d'études du tourisme et des loisirs, se veut résolument optimiste. Le contenu du document - qui porte plus précisément sur l'action de l'Agence de développement touristique Atout France et la promotion de la "destination France" à l'étranger - l'est pourtant un peu moins. Le rapport constate en effet que si la France conserve pour l'instant son rang de première destination touristique mondiale, cette position est fragile. D'ores et déjà, elle n'occupe que le troisième rang mondial en matière de recettes touristiques, derrière les Etats-Unis et l'Espagne - une faiblesse traditionnelle de notre pays, qui attire les touristes, mais ne sait pas les "rentabiliser" - et, en termes de fréquentation, elle devrait être très bientôt rattrapée par la Chine.
Face à cette menace, les rapporteurs jugent insuffisants les moyens alloués à la promotion de la destination France. Tout en reconnaissant l'apport indéniable qu'a représenté la création d'Atout France, ils considèrent que le budget de ce nouvel organisme (80 millions) est insuffisant, notamment au regard de celui de son équivalent espagnol (200 millions d'euros). D'une façon sans doute un peu prématurée - compte tenu de la création récente de cette marque ombrelle -, ils estiment aussi que la marque "Rendez-vous en France" souffre d'"un déficit de notoriété qui doit être de toute urgence comblé sur le plan international". Conséquence logique mais dont la concrétisation n'a rien d'assuré en pleine rigueur budgétaire : il est indispensable de consentir "un effort vigoureux et soutenu pour maintenir la compétitivité de notre pays en matière de tourisme". Pour mettre en œuvre cette "grande politique du tourisme" qui fait encore défaut, les propositions des deux rapporteurs reprennent un certain nombre de préconisations déjà formulées à plusieurs reprises, mais d'autres revêtent néanmoins un aspect plus original.
Remettre à plat le dispositif des aides au tourisme
Sur la mobilisation des moyens pour promouvoir la destination France, la principale mesure consiste à développer les synergies entre les différents financeurs et à profiter de la réforme territoriale pour redéfinir les compétences des différentes collectivités en matière de tourisme et pour remettre à plat tout le dispositif des aides au tourisme. Celui-ci se caractérise en effet par une multiplicité d'acteurs institutionnels et une dispersion des moyens publics, qui nuit à l'efficacité. Plus original : le rapport propose d'explorer la piste de la création d'une part additionnelle à la taxe de séjour dédiée à la promotion de la destination France et de développer de nouvelles sources de financement (partenariats public-privé, fonds européens, financement du grand emprunt dans le domaine de l'économie numérique...).
Le second axe principal des propositions concerne la mise en œuvre d'une stratégie commune d'action. Ceci passe notamment par le renforcement du rôle d'Atout France et de la marque "Rendez-vous en France", mais aussi par une meilleure intégration du réseau international d'Atout France dans celui des ambassades, aux côté des services économiques, d'Ubifrance et de l'Agence française pour les investissements internationaux (Afii). Cette démarche de mutualisation doit s'étendre aussi aux acteurs économiques du tourisme, avec l'incitation à se fédérer dans une organisation puissante, sur le modèle de l'Exceltur espagnol. Enfin le secrétariat d'Etat au Tourisme ferait son grand retour, puisque le rapport préconise de promouvoir au plus haut niveau de l'Etat une "grande politique du tourisme, soutenue par un ministre qui lui soit tout entier consacré", et de mettre en place un pilotage interministériel des projets stratégiques de développement de la destination France.