Tourisme - Pluie de chiffres sur l'activité touristique
La direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS) livre la traditionnelle édition annuelle de son "Mémento du tourisme". L'expression "mémento" est un peu faible pour qualifier cette somme de 150 pages, qui regorge d'éléments statistiques. Cette nouvelle édition, qui présente principalement des chiffres de 2009, est celle du creux de la crise sévère qu'a connue le tourisme mondial, même si la France a été plutôt moins touchée que d'autres destinations.
Impossible, bien sûr, de résumer les milliers de chiffres proposés par cet ouvrage. Mais on peut néanmoins retenir quelques faits saillants. Tout d'abord, la France conserve son rang de première destination touristique mondiale. Avec 76,8 millions d'arrivées de touristes en 2009 et une baisse relativement modérée (-3% par rapport à 2008), elle conforte même légèrement son avance sur ses trois poursuivants, qui se tiennent dans un mouchoir de poche et ont reculé davantage : Etats-Unis (54,9 millions, -5,2%), Espagne (52,2 millions, -8,7%) et Chine (50,9 millions, -4%). En termes de recettes touristiques - point faible traditionnel de l'Hexagone -, la France reste classée au troisième rang et a subi, comme ses rivaux, un recul sévère de -12,7% en 2009 (-14,6% pour les Etats-Unis, -13,6% pour l'Espagne et -12,0% pour l'Italie).
80,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires
Conséquence logique du rang touristique de la France : ce secteur constitue une activité économique non négligeable. Les entreprises des activités caractéristiques du tourisme représentent en effet 228.000 entités, 659.000 emplois salariés (558.000 en équivalents temps plein), 80,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires hors taxes et 30,7 milliards d'euros de valeur ajoutée au prix du marché. Trois régions se détachent très nettement en termes d'emploi touristique : l'Ile-de-France - qui représente à elle seule 28,3% du total -, Rhône-Alpes (12,5%) et Paca (11,2%). Cette activité a également un impact financier très direct pour les collectivités. Outre les impôts locaux "classiques", la taxe de séjour communale a rapporté 143 millions d'euros à 2.383 communes et la taxe de séjour des groupements à fiscalité propre 26 millions d'euros à 528 groupements (6.901 communes).
En matière d'hébergement touristique, la France dispose de 3,26 millions d'établissements et d'un total de 20,9 millions de lits. Ce chiffre impressionnant est toutefois quelque peu biaisé, puisqu'il inclut 3,02 millions de résidences secondaires, offrant environ 15,1 millions de lits. L'hébergement marchand regroupe, pour sa part, 229.000 établissements et 5,79 millions de lits. Le Mémento en fournit la répartition par catégorie et par région, ainsi que le détail des arrivées et des nuitées selon les mêmes critères. En matière d'hôtellerie, la situation est à nouveau très déséquilibrée en faveur de l'Ile-de-France, qui concentre 33% des nuitées. Mais la province se rattrape avec les meublés de tourisme et l'hôtellerie de plein air.
Mickey versus la Joconde
Contrairement à une affirmation fréquente, la crise économique n'a eu que peu d'impact sur les vacances des Français. Le taux de départ était de 78,8% en 2009, contre 78,2% l'année précédente (et 79,2% en 2005) et le taux des "longs voyages" (au moins quatre nuitées) n'a que peu diminué (68,5% en 2009 contre 71,1% en 2005). Ces taux de départ connaissent toutefois de fortes disparités régionales : 81,8% en Ile-de-France, mais seulement 63,7% dans le Nord-Pas-de-Calais (et 46,1% en Corse, mais pour d'autres raisons).
Parmi les visiteurs étrangers (192,6 millions, dont 76,8 millions de touristes et 115,8 millions d'excursionnistes), l'Europe fournit le gros du contingent (177 millions de visiteurs). Pour des raisons géographiques évidentes, la part des origines lointaines est plus importante si l'on considère les seuls touristes : 65,3 millions d'Européens, 5,5 millions pour les deux Amériques, 4,2 millions pour l'Asie et Océanie et 1,8 million pour l'Afrique.
Enfin, le Mémento propose également une série de chiffres sur la fréquentation des sites touristiques, qui recouvre pour une bonne part ceux publiés par le ministère de la Culture (voir notre article ci-contre du 22 avril 2011). On retiendra notamment que, sur les 30 sites culturels les plus visités, 20 se situent à Paris, mais aussi que le cimetière militaire américain d'Omaha Beach à Colleville-sur-Mer (1,76 million d'entrées) est plus fréquenté que l'Arc de Triomphe (1,53 million) ou le musée du quai Branly (1,50 million) et que la tour Montparnasse accueille davantage de visiteurs (658.000) que le Panthéon (636.000) ou le Palais des Papes à Avignon (565.000)... Tous ces sites se situent toutefois loin derrière Le Louvre (8,39 millions) ou la tour Eiffel (6,6 millions). Mais, si l'on prend également en compte les sites non culturels, Disneyland Paris met tout le monde d'accord avec 15,4 millions de visiteurs !