Tourisme - Saison estivale : des premiers résultats satisfaisants mais contrastés
Après une année 2009 décevante - néanmoins en partie sauvée par les touristes français -, les premières remontées sur le début de la saison estivale 2010 (mois de juin et juillet) incitent plutôt à un optimisme raisonnable. Dans un communiqué de presse du 19 août, le Réseau national des destinations départementales (RN2D, ex-Fédération nationale des comités départementaux du tourisme) relève, pour le mois de juin, "une fréquentation plutôt stable par rapport à l'an passé, marquée par un retour des clientèles étrangères". Bien que légèrement inférieure à 2009, la fréquentation touristique est jugée satisfaisante par 60 à 80% des offices de tourisme (résultats pondérés en fonction de la fréquentation). Seuls les professionnels de la montagne font exception, en annonçant une perception plus négative. Pour juillet, le RN2D estime que "la tendance se confirme", avec 60 à 87% des professionnels interrogés se déclarant satisfaits de la fréquentation touristique. Pour le mois d'août, les offices de tourisme s'attendent à une hausse de la fréquentation touristique des Français et des étrangers, à l'exception de la montagne. Pour septembre, le pronostic des professionnels est à la stabilité, avec toutefois un léger recul pour le littoral et la montagne.
Interrogé par l'agence d'information spécialisée Relaxnews, Christian Mantei, directeur général d'Atout France, confirme que "l'été 2010, globalement, devrait être meilleur que l'an passé, en termes de fréquentation, tant des Français que des étrangers, avec une tendance marquée pour un retour des visiteurs étrangers". Comme Hervé Novelli il y a trois semaines (voir notre article ci-contre du 3 août 2010), il estime néanmoins que les Français sont de plus en plus sourcilleux sur leurs dépenses : "L'été dernier, on a pu constater que si les Français ne renonçaient pas à leurs vacances, ils regardaient plus à la dépense sur les restaurants et les loisirs. Cette année, ils opèrent des restrictions sur les vacances en elles-mêmes : la destination, la durée et le transport. Il y a donc de la part des touristes une tendance à partir moins loin, donc à privilégier la destination France, à écourter le séjour et à choisir le mode de transport le moins cher possible."
Sur le plan géographique, la bonne tenue d'ensemble de l'activité touristique recouvre de forts contrastes selon les régions. En attestent les enquêtes effectuées par les observatoires régionaux du tourisme et ceux du transport. La Corse recense ainsi 1,43 million de passagers transportés en juillet sur les lignes aériennes et maritimes, soit une progression de 5,2% par rapport au même mois de 2009. Avec une hausse de 8% du nombre de passagers, le transport aérien vers la Corse établit même un nouveau record de trafic mensuel. Pour sa part, Aéroport de Paris affiche une augmentation du trafic aérien de 3,1% en juillet (8,5 millions de passagers), dont +5,8% pour le trafic international. Ces chiffres reflètent notamment le retour des touristes étrangers dans la capitale. Toujours dans le registre optimiste, 73% des professionnels du tourisme de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur interrogés par le comité régional du tourisme se disent satisfaits de l'activité du mois de juillet. D'autres régions font en revanche grise mine. Ainsi, 49% des professionnels interrogés par l'observatoire du tourisme de Poitou-Charentes jugent l'activité de juillet inférieure à celle de l'année précédente.
Du côté des villes, le cabinet Deloitte et associés a présenté les résultats d'une étude sur l'activité hôtelière au mois de juillet réalisée auprès d'établissements regroupant 45% des chambres d'hôtels en France. Il en ressort que plusieurs villes ont connu une progression à deux chiffres de leurs recettes hôtelières par rapport à juillet 2009 : Paris (+13%, dont +20% pour les palaces), Rouen (+13%, sans doute sous l'effet des expositions sur l'impressionnisme en Normandie), Bordeaux (+11%) et Reims (+10%). D'autres villes affichent également de bons résultats, comme Dijon (+7%), Grenoble et Nice (+6%), Montpellier et Avignon (+5%). En revanche, Lyon se contente de +3%, ce qui est toujours mieux que Marseille, qui recule de 7%.
Nombre de ces données reposent toutefois sur les perceptions des professionnels et l'expérience montre qu'il peut exister des écarts entre ces dernières et les résultats chiffrés. De plus, toutes les études sur le comportement des vacanciers confirment la tendance aux réservations de dernière minute, en fonction des opportunités et des promotions. Il faudra donc attendre le début de l'automne pour avoir une vision plus précise des résultats de l'ensemble de la saison estivale.
Jean-Noël Escudié / PCA
