Sapeurs-pompiers - Un appel au secours pour les Sdis

Comment assurer le financement des Sdis avec des départements financièrement "étranglés" ? Et comment assurer le recrutement des sapeurs-pompiers volontaires ? A l'Assemblée des départements de France, les inquiétudes sont loin d'être éteintes.

Hasard du calendrier, la Journée nationale des services départementaux d'incendie et de secours (Sdis), ce mercredi 3 mars à Paris, s'est ouverte quelques jours à peine après le passage de la tempête Xynthia sur la France. Et le président de la séance d'ouverture, Eric Doligé, qui préside la conseil général du Loiret, n'a pas manqué d'adresser "une pensée" pour tous les sapeurs-pompiers engagés auprès des victimes de la catastrophe. Tout au long de cette journée organisée par l'Assemblée des départements de France (ADF), les participants ont eu une pensée plus générale pour l'ensemble des Sdis : leurs financements, aussi bien que leurs recrutements, préoccupent.

 

Stabilisation des dépenses

Pourtant, la présentation d'une nouvelle enquête sur les Sdis, menée par le cabinet François Lamotte, avait de quoi rassurer. Pour les 94 services ayant répondu à cette étude, l'augmentation des dépenses réelles de fonctionnement prévue pour 2009 était en moyenne de 3,2%, et de l'ordre de 3,3% pour les trois prochaines années - "un rythme tout à fait voisin de celui des autres collectivités locales", comme l'a souligné le directeur associé du cabinet, Arnaud Mandement. Pour lui, désormais les charges des Sdis sont donc en "phase de stabilisation relative".
Le problème est que pour suivre cette augmentation, encore supérieure à l'inflation, les départements sont aujourd'hui aux avants-postes. Depuis la loi de 2002 relative à la démocratie de proximité, notamment, les contributions de communes et des EPCI ne peuvent augmenter plus vite que l'inflation. Dès lors, "la contribution du conseil général vient s'y substituer", relève Arnaud Mandement. Ainsi, en 2009, les départements ont apporté, en moyenne, 54% des recettes de fonctionnement des Sdis - contre 42% pour les communes.

 

Contraintes financières

Malheureusement, du fait de la crise et des transferts de charges, "les exécutifs départementaux sont littéralement étranglés", rappelle Robert Cabé, premier vice-président du conseil général des Landes. Tôt ou tard, "ils répercuteront leurs contraintes financières sur les Sdis, qui seront à leur tour obligés de revoir à la baisse les efforts de modernisation du matériel, du casernement, et rogneront sur leurs effectifs". Après des années plutôt fastes, "il va donc falloir redétricoter", prévient le conseiller général socialiste… Les élus ont également souligné le surcoût de 60 millions d'euros par an que représentait le déploiement du réseau de radio-télécommunications Antares imposé par l'Etat.

"Je ne me fais pas d'inquiétude", tempère l'UMP Eric Doligé ; selon lui les départements doivent aujourd'hui s'efforcer d'être "plus attentifs aux dépenses".  Il a mis en garde contre la substitution des pompiers aux médecins généralistes dans les territoires frappés par la désertification médicale. "Nous devons être vigilants pour que nos Sdis ne soient pas la solution à ce problème social", a-t-il déclaré.
Dans ce contexte, la double tutelle exercée sur les Sdis par l'Etat, d'une part, et les départements, d'autre part, a une nouvelle fois été pointée du doigt : les décisions du premier sont financièrement assumées par les seconds, depuis la "départementalisation" de 1996. "Les payeurs ne sont pas les décideurs", comme l'a rappelé Bernard Léger, président du Sdis de la Seine-Maritime.

 

Volontaires

Cette départementalisation avait également laissé craindre "une mise en cause du volontariat", indique Arnaud Mandement. De ce point de vue, son étude peut apaiser les craintes : le nombre des sapeurs-pompiers volontaires reste globalement constant - autour de 190.000, soit 30 pour 10.000 habitants (contre près de 7 pour 10.000 pour les professionnels). En outre, le renouvellement des générations s'opère. Fin 2008, 56% des volontaires avaient moins de 35 ans, et 36% avaient moins de 5 ans d'ancienneté. Enfin la représentation encore faible des femmes (13%) peut laisser espérer une marge de progrès… Voilà qui devrait au moins rassurer la Fédération nationale des sapeurs-pompiers.

 

Olivier Bonnin
 

 

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