Transports - Tramway : Amiens et Caen font rame commune
Brest et Dijon ont ouvert la voie il y a près de cinq ans, Amiens et Caen leur emboîtent le pas en signant à leur tour, le 16 juillet, une convention de partenariat qui les engage à trouver des synergies entre leurs deux projets de tramways respectifs et à élaborer un groupement de commandes afin d'acheter une cinquantaine de rames en commun. "Le retour d'expérience de Brest et Dijon a été essentiel, tout comme le positionnement de Besançon qui, dans le paysage des transports urbains, a décomplexé un grand nombre d'élus en démontrant qu'il était possible de diviser par deux le coût d'un tram au kilomètre et que, pour une ville moyenne, la solution restait abordable", indique le maire socialiste d'Amiens,Gilles Demailly. Plus que la proximité géographique, qui facilite certes les choses, c'est le calendrier qui incite ces deux collectivités de taille comparable à mutualiser leurs achats. A quelques semaines près - fin 2018 pour Caen, début 2019 pour Amiens - un nouveau tramway est en effet attendu par ces territoires, dont les élus par ailleurs s'entendent visiblement bien. "Mais ce ne sera pas qu'une partie de plaisir, un lourd travail nous attend pour muscler cette gouvernance commune. Elle s'appuiera sur deux comités ; un de suivi, un plus technique. Le phasage doit être suivi à la lettre car commander à deux signifie aussi que tout dérapage de l'un peut avoir des répercussions sur l'autre. Une chose est sûre : face aux constructeurs, qui sont bien partis pour adapter leurs offres à nos exigences, notre parole pèsera plus à deux qu'en étant seuls", ajoute Thierry Bonté, l'élu en charge des transports à Amiens.
Economies d'échelle
Pour l'heure, le cahier des charges est en cours de rédaction. Et c'est en 2015 que le marché sera attribué à l'équipementier retenu par les deux villes. L'économie visée via ce groupement de commandes est au bas mot de 5%, l'idée étant d'aller au-delà. Sachant que, par comparaison, Brest et Dijon ont réalisé 15% d'économies. Sans oser garantir un tel rabais, Amiens et Caen sont fermement décidés à dénicher tous les gisements d'économies possibles. "Pour autant, il ne s'agit pas de créer un tram low-cost, le service sera d'une grande qualité", rassure Thierry Bonté. La cinquantaine de rames en commun qu'il est envisagé d'acheter en commun reviendrait à environ 100 millions d'euros. Le design de ces rames est l'un des problèmes à résoudre. "Les deux tramways ne se ressembleront pas forcément comme deux gouttes d'eau. En termes de design, il y a des marges de manœuvre pour adapter les rames à chacune des deux villes. Mais nous ne ferons pas dans le clinquant, la sobriété dominera et nous privilégierons l'insertion dans le tissu urbain", éclaire Thierry Bonté. "Et nous aimerions aller au-delà en mutualisant les achats de mobilier de station et d'équipements ou d'outillages pour la maintenance. Des points d'accord sont à trouver au sujet du confort des rames et de leur longueur mais aussi des systèmes d'information et des aspects énergétiques", conclut Eric Vève, président de Viacités, le syndicat mixte des transports en commun de l'agglomération caennaise, où le futur tramway sur fer remplacera et complètera un réseau de tramway sur pneus qui a vite montré ses limites.