Assises de l'Amif - Tice : l'Amif et l'académie de Créteil d'accord pour un ENT primaire

"L'ABC du numérique de nos écoles." Tel était le thème de l'atelier consacré aux technologies de l'information et de la communication, le 6 avril, aux assises annuelles de l'Association des maires d'Ile-de-France (Amif). De l'ABC à l'ENT (espace numérique de travail), il n'y avait que quelques lettres de l'alphabet à franchir... Le président de l'Amif, Michel Teulet, maire de Gagny (93), a donc signé en ouverture de l'atelier un accord de coopération avec William Marois, recteur de l'académie de Créteil, pour la mise en place d'un ENT dans les écoles primaires de trois départements franciliens : la Seine-Saint-Denis (93), le Val-de-Marne (94) et la Seine-et-Marne (77). "C'est-à-dire plus de la moitié du territoire de l'Ile-de-France", a tenu à souligner le président de l'Amif.
"Après le déploiement des ENT dans les collèges et lycées, avec l'aide des conseils généraux et de la région, il est clair que l'on sent un mouvement se déplacer de plus en plus en amont, vers les écoles", a reconnu le recteur. L'objectif de cet accord : "Convenir du principe d'une convention-cadre commune valable sur le territoire de l'académie de Créteil d'une part, et de conventions spécifiques par département d'autre part, pour la mise en oeuvre des espaces numériques de travail à destination des écoles primaires répondant tant aux exigences de l'Education nationale qu'aux contraintes et attentes des collectivités locales."
La méthode de travail précise d'ailleurs les deux niveaux d'intervention : un niveau académique, "afin de mettre en place les outils et repères communs" ; un niveau départemental, "pour définir les actions à mettre en oeuvre en fonction des contextes locaux et selon les interlocuteurs présents". Cet accord devrait ainsi aboutir à l'élaboration d'une charte commune "des ENT du premier degré de l'Est parisien" qui "constituera la base d'appui des cahiers des charges locaux".
"Avec cette signature, nous ne nous renvoyons plus la balle entre la commune qui paye et l'Education nationale qui veut mettre en place l'ENT. Chacun garde son territoire d'expertise, de compétence respective : la balle est à nouveau au centre", précise la cheville ouvrière de cet accord, Pascale Luciani-Boyer, maire-adjointe déléguée aux nouvelles technologies de Saint-Maur (94) et vice-présidente de la commission TIC de l'Amif. Laquelle insiste d'ailleurs sur la spécificité de l'ENT primaire qui doit également s'ouvrir aux activités péri ou parascolaires mises en place sous la responsabilité des services des communes.

Mutualisation au niveau national et local

Sur la répartition des tâches pourtant, le présent accord n'a rien de révolutionnaire. L'Education nationale reste en charge de la formation, de l'accompagnement des personnels ainsi que du "conseil au montage technique" éventuellement en lien avec "les industriels du secteur". Tandis que les villes "opteront selon leur organisation (individuelle, intercommunalité, EPCI) pour un financement économique le plus adapté en recherchant la mutualisation et le montage financier le plus en accord avec leurs contraintes". Il reste à déterminer le niveau pertinent de mutualisation financière : intercommunalité, syndicat mixte informatique, rôle fédérateur du département ou de la région ? En tout cas, pas l'ENT de circonscription tel qu'évoqué à Nice récemment (voir notre article ci-contre du 31 mars 2011).
Sur la méthode de mise en oeuvre de l'accord, rien de bien nouveau non plus. Le pilotage prévoit des groupes de travail "académiques, techniques et fonctionnels" et d'autres groupes avec les "élus locaux et groupements d'élus locaux". Sont également prévus des groupes de travail départementaux, des études de faisabilité et des villes-pilotes.
Le chemin parcouru depuis le lancement des premiers projets d'ENT dans le secondaire se lit finalement dans le volet de l'accord portant sur la mutualisation et le partage des informations avec le groupe de travail national sur les ENT du premier degré, d'une part, et les autres collectivités du territoire, d'autre part. L'accord francilien a d'ailleurs été paraphé en présence et avec la collaboration de Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF) : 60% des communes de la région capitale sont en effet considérées comme zones rurales (notamment en Seine-et-Marne). En outre, Yannick Landais, délégué général de l'agence régionale TIC Artesi-Ile-de-France, a également été associé au processus. "Le numérique dans les écoles ne relève pas de notre compétence mais nous participeront à la mise en place d'une meilleure gouvernance territoriale. Il est important qu'il y ait une certaine cohérence entre les outils mis en place dans les écoles, les collèges et les lycées, notamment concernant les fonctions de base de communication entre les parents, les élèves et les enseignants", a-t-il souligné.
La région Ile-de-France déploie actuellement son ENT sur socle de logiciel libre, baptisé Lilie, dans ses 471 lycées. Cette solution serait aussi en cours d'essaimage dans certains autres départements de la région, comme l'Essonne (91).
"Si les maires d'Ile-de-France peuvent apporter leur petite pierre à la réflexion, nous le faisons bien volontiers même si le processus promet d'être long", a conclu Michel Teulet. La mise en place des premiers sites-pilotes est prévue à partir de janvier 2012 pour un déploiement effectif entre 2013 et 2016. L'ENT primaire promet bien d'être l'alpha et l'oméga de l'école numérique.