Logement - Thierry Repentin : "Notre réponse à la crise, c'est la construction !"
Thierry Repentin, le président de l'Union sociale pour l'habitat et sénateur de la Savoie, a ouvert, le 27 septembre, le congrès de l'USH qui rassemble près de 4.500 personnes durant trois jours à Bordeaux. Accueilli par le maire de la ville et ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, le président du mouvement HLM a tenu des propos plutôt consensuels, réservant les revendications pour la venue du secrétaire d'Etat chargé du logement. Il a cependant profité de l'occasion pour faire passer un certain nombre de messages, à la veille d'une année que l'approche de l'élection présidentielle transforme nécessairement en période transitoire.
Un bon point au "dynamisme de la construction"
"Pour nos 11 millions de locataires aussi, les temps sont durs. De plus en plus durs" : par ces mots, Thierry Repentin entend tordre le cou à la rumeur sur "les HLM qui logeraient des riches". Il a notamment rappelé que plus des trois quarts des locataires du parc social ont un niveau de vie inférieur à la moyenne nationale, c'est-à-dire inférieur à 1.400 euros par mois et par ménage. Cette relative pauvreté tend même à s'accentuer, puisqu'un tiers des nouveaux entrants vit avec moins de 950 euros par mois. Conséquence : les HLM "constatent l'accélération de la pauvreté" et vivent "au quotidien sa diffusion insidieuse dans les familles, dans les cages d'escalier, dans les quartiers". De façon très concrète, "nos locataires peinent à payer leur loyer : les impayés de plus de trois mois ont augmenté de 24% en deux ans".
Pour autant, le mouvement HLM n'entend pas renoncer au principe de la mixité sociale et dénonce ceux qui sont prêts à réduire encore l'accès des classes moyennes au logement social, "en réservant le parc HLM aux ménages les plus pauvres, balayant d'un revers de manche les conséquences sur les équilibres urbains et sur l'égalité des chances".
Il existe cependant au moins un sujet sur lequel le président de l'USH et le secrétaire d'Etat au Logement devraient trouver un terrain d'entente : le "dynamisme de production" du logement social. Dans un satisfecit un peu inattendu dans cette enceinte, Thierry Repentin s'est réjoui que le logement social enchaîne "deux bonnes années après le 'cru 2009', cuvée aussi exceptionnelle dans le logement social que dans les vignobles !". En 2010, plus de 88.000 logements locatifs sociaux ont été financés et plus de 16.000 ont été reconstruits dans le cadre de la rénovation urbaine. Même l'activité d'accession sociale à la propriété - qui peut difficilement passer pour la priorité du mouvement HLM - a eu droit à son satisfecit, avec 16.200 ménages accédants en 2010.
Sur 2011, l'USH estime que 91.000 demandes de financement auront été déposées à la fin de l'année, auxquelles s'ajouteront environ 21.000 reconstructions au titre de la rénovation urbaine. Enfin, Thierry Repentin estime que "2012 affichera encore de bons résultats", même si "le désengagement de l'Etat fait peser une menace sur l'avenir de notre activité".
Y aura-t-il encore de l'argent à Noël ?
Si le président de l'USH affirme avec force que "notre réponse à la crise, c'est la construction !", l'inquiétude se cristallise en effet sur l'avenir du financement du logement social au-delà de la fin de cette année. Pour Thierry Repentin, "l'argent public se fait rare, les collectivités locales sont au maximum de leur effort, l'autofinancement des organismes a des limites..." et "l'Etat recule sur tous les fronts". Le président de l'USH a donc insisté sur la nécessité de maintenir l'effort national pour le logement social. Il a notamment regretté l'interruption, depuis mai dernier, de la distribution de l'éco-prêt à taux zéro, "alors que ce dispositif a permis la rénovation thermique de 100.000 logements sociaux en deux ans". Le message de l'USH est clair : "Nous avons besoin de sa prolongation !"
Enfin, parce qu'un discours d'ouverture de congrès ne saurait se passer d'une petite pointe de mesures plus "catégorielles", Thierry Repentin ne s'est pas dérobé à l'exercice. Il est revenu en effet sur la "ponction" opérée sur les ressources des organismes qui n'investissent pas suffisamment. Il a toutefois reconnu que la mobilisation lors du précédent congrès à Strasbourg avait permis "d'éviter le pire", en réduisant "d'environ 90 millions d'euros la ponction alors envisagée par l'Etat sur les bailleurs sociaux".