Insertion - Signaux contradictoires sur l'évolution du nombre de bénéficiaires du RSA
Coup sur coup, deux informations ont donné un coup de projecteur sur l'évolution du nombre de bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA). La première concerne le RSA socle, versé aux personnes qui ne travaillent pas. Alors que, depuis la bascule des allocataires du RMI et de l'allocation de parent isolé (API) vers le RSA intervenue à l'été 2009, le nombre de bénéficiaires de cette nouvelle prestation était solidement installé à la hausse, la tendance s'est inversée en novembre 2009 (dernier mois connu). Après avoir progressé de 4,5% entre juin et octobre, le nombre d'allocataires du RSA socle a en effet diminué en novembre, passant de 1,122 million à 1,120 million. Une baisse certes modeste (2.000 bénéficiaires de moins), mais qui ne cadre ni avec la tendance des mois précédents, ni avec le contexte économique, ni avec les prévisions pour 2010, qui n'excluent pas une hausse de 10% du nombre d'allocataires du RSA sous l'effet de l'arrivée de nombreux chômeurs en fin de droits (voir notre article ci-contre du 25 janvier 2010). Les services du haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté sont bien en peine d'expliquer ce phénomène, qui devrait toutefois s'apparenter à un simple décrochage conjoncturel. Les chiffres de décembre seront néanmoins attendus avec intérêt, notamment par les départements.
La deuxième information est moins surprenante et s'apparente plutôt à une confirmation : la montée en charge du RSA activité - qui s'adresse aux "travailleurs pauvres" et est financé par l'Etat - est nettement plus lente que prévue. Au 30 novembre 2009, environ 600.000 personnes percevaient ainsi le RSA activité : 419.000 bénéficiaient uniquement du RSA activité, tandis que 176.000 percevaient à la fois le RSA socle et le RSA activité, compte tenu d'une rémunération professionnelle très faible. Même si la montée en charge du dispositif n'est pas achevée, ce chiffre est encore très loin des 1,6 ou 1,7 million de bénéficiaires potentiels, dont environ 800.000 prévus pour la fin de 2009. Dans son rapport intermédiaire, le comité d'évaluation du RSA faisait d'ailleurs le même constat (voir notre article ci-contre du 8 janvier 2010). Avec le rythme actuel de l'ordre de 30.000 nouveaux bénéficiaires du RSA activité chaque mois, l'objectif final de 1,6 ou 1,7 million d'allocataires semble difficile à atteindre. Interrogé par l'AFP, le cabinet du haut commissaire continue toutefois de juger ce rythme de progression satisfaisant, tout en reconnaissant qu'"un certain nombre de personnes ne savent pas qu'elles ont droit au RSA". Le cabinet de Martin Hirsch évoque également le fait que nombre de bénéficiaires potentiels pensent ne pas avoir droit au RSA, malgré le simulateur sur internet mis à disposition par les CAF et certains départements. De même, certains pourraient penser que l'attribution du RSA est automatique dès lors que sont remplies les conditions d'éligibilité et qu'ils n'ont donc pas de raisons de se renseigner ou d'effectuer une démarche. Conscient de ces lacunes, le haut-commissariat a décidé de lancer une "campagne ciblée", afin d'aller au-devant des bénéficiaires potentiels. Plutôt qu'une communication tout public comme celle mise en oeuvre en mai-juin dernier - et dont l'efficacité s'est finalement révélée limitée - le choix a été fait de s'adresser à des cibles susceptibles de compter un nombre significatif de bénéficiaires potentiels : locataires de logements sociaux, salariés rémunérés au moyen de chèques emploi service universel (Cesu), travailleurs intérimaires...
Jean-Noël Escudié / PCA