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Lutte contre l'exclusion - Sans-abri : le gouvernement va passer un contrat avec les associations

François Fillon a atteint son objectif : la rencontre organisée mardi à Matignon avec les associations intervenant en faveur des sans-abri - en présence de Christine Boutin, la ministre du Logement, et de Martin Hirsch, le haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté - a fait retomber la tension et devrait permettre de sortir de la bataille de chiffres et de déclarations contradictoires engagée depuis quelques jours. A leur sortie après une heure et demie de réunion, les associations se sont en effet déclarées satisfaites de la méthode proposée, même si elles entendent rester "vigilantes sur les résultats". Nicole Maestracci, la présidente de la Fnars (Fédération nationale des associations d'accueil et de réadaptation sociale) a ainsi indiqué à l'AFP : "Nous avons demandé une méthode, un calendrier et un pilotage, et nous sommes satisfaits qu'il y ait cette idée de pilotage et de mise en cohérence."
Pour clore la polémique, le Premier ministre a reconnu que la mise en oeuvre de la loi du 5 mars 2007 sur le droit au logement opposable (Dalo) se heurte "à des résistances et à des obstacles" et souhaite travailler avec les associations "pour trouver ensemble les moyens de réduire complètement ces obstacles". Il a annoncé avoir "décidé avec Christine Boutin et Martin Hirsch de nommer dès demain un parlementaire en mission dont l'objectif va être, avant le 15 janvier, de rédiger une sorte de contrat entre les associations et le gouvernement, avec des objectifs précis de résultats sur les sujets d'hébergement d'urgence en particulier". François Fillon présidera une nouvelle réunion avec les associations le 15 janvier, afin de finaliser le contenu du contrat, qui devrait être signée dans la foulée. Ce contrat se fondera très largement sur les cinquante propositions formulées à l'issue de la conférence de consensus organisée les 29 et 30 novembre par la Fnars. Le jury d'audition propose notamment d'instaurer un droit à un accueil "immédiat, inconditionnel [et] dans le respect de la dignité des personnes". Outre des mesures de rénovation des hébergements existants, le rapport préconise d'adapter l'hébergement aux évolutions sociologiques : financement des nouvelles structures conditionné à la mise en oeuvre de chambres individuelles, création de CHRS (centres d'hébergement et de réadaptation sociale) spécialement dédiés aux familles, mise en place d'une politique d'aide aux toxicomanes sans abri... Sur le plan institutionnel, la conférence de consensus recommande la mise en place d'une "conduite interministérielle de la politique en direction des personnes sans abri", en créant un comité interministériel, lui-même épaulé par une mission interministérielle. Autant d'idées qui pourraient bien se retrouver dans le futur contrat.
Seul bémol à cette démarche d'apaisement : les collectivités territoriales, auxquelles la loi Dalo confie pourtant des obligations en matière de mise à disposition de places d'hébergement d'urgence (du moins pour les communes et les EPCI les plus importants) semblent être les grandes oubliées de ce consensus retrouvé.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

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