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Social - Répartition des migrants : le gouvernement amplifie son opération de déminage

Face aux inquiétudes, voire à la grogne des collectivités face aux modalités de répartition des migrants en provenance de Calais (voir nos articles ci-contre des 19 et 20 septembre 2016), Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse continuent leur opération de déminage. Le 20 septembre, les ministres de l'Intérieur et du Logement ont ainsi publié un communiqué commun après avoir réuni le comité de suivi des centres d'accueil et d'orientation (CAO).

Le démantèlement de la lande de Calais "sera complet"

Après avoir confirmé que la situation actuelle sur la lande de Calais "ne peut perdurer" et rappelé "la nécessité de la solidarité nationale", les deux ministres ont défini, à l'occasion de leur réunion avec les associations, "un cadre pour la réussite de l'opération". Celui-ci repose sur plusieurs engagements : une information claire et complète délivrée à chaque migrant en amont de l'opération, un diagnostic partagé entre les services de l'Etat et les associations sur le comptage, la situation personnelle et les besoins de chaque migrant (avec prise en compte particulière des publics vulnérables), ainsi qu'une proposition de mise à l'abri et un accompagnement vers la demande d'asile pour chaque migrant.
Précisions importantes : le démantèlement de la lande de Calais "sera complet" et il ne débutera "que lorsque les conditions pour proposer une solution à chacun seront réunies", autrement dit sans doute pas tout de suite. Les deux ministres rappellent au passage que "depuis près d'un an, 164 CAO ont été mobilisés sur le territoire national, dans 80 départements, et 5.638 personnes ont  pu y être orientées, sur la base du volontariat" et dans des conditions de dignité et d'accompagnement satisfaisantes.

Pas de centres "de grande taille dans des bourgs de petite taille"

Le 21 septembre, Bernard Cazeneuve est revenu sur la question lors de son audition devant la commission des lois du Sénat, consacrée à "la création de nouveaux centres pour l'accueil des migrants de Calais sur l'ensemble du territoire national". Rappelant que le campement de Calais compte entre 7.000 et 10.000 migrants selon les chiffrages, le ministre de l'Intérieur a confirmé devant les sénateurs qu'"il lui faut 12.000 places en CAO d'ici la fin de l'année pour les héberger" (incluant celles des 164 CAO déjà créés).
Pour rassurer les élus, Bernard Cazeneuve a pris ou renouvelé un certain nombre d'engagements. Ainsi, il a affirmé vouloir "éviter à tout prix" d'installer des centres "de grande taille dans des bourgs de petite taille", ce qui n'aurait "aucun sens". Il devrait donc y avoir une corrélation entre la taille du CAO et celle de la commune. Toujours pour rassurer, le ministre a également affirmé que "personne n'a vu 164 mini-camps ou mini-Calais se constituer" dans les CAO et rappelé que, sur les 5.600 réfugiés passés par un centre depuis un an, 80% ont déposé une demande d'asile et sont donc entrés dans une prise en charge organisée.
Enfin, Bernard Cazeneuve a prononcé les phrases que les élus attendaient, en assurant que "la répartition se fera dans la "concertation avec les élus concernés" et à partir des "propositions des collectivités locales elles-mêmes". La répartition se fera au final sur la base d'un "croisement de critères", intégrant les effectifs déjà accueillis, la disponibilité des structures, la capacité du tissu associatif à se mobiliser...

Un signal fort envoyé sur la fermeté

Dernier signal, cette fois-ci sur la fermeté : juste avant la réunion avec les CAO et son audition par le Sénat, le ministre de l'Intérieur a publié, le 19 septembre, un communiqué indiquant "que les services de la police aux frontières ont procédé, ce jour, à l'éloignement du territoire national par vol groupé de 30 personnes en situation irrégulière depuis Calais. Ces personnes qui ne relèvent pas du droit d'asile n'avaient pas vocation à demeurer en France".
Bernard Cazeneuve rappelle également que "c'est le 56e vol groupé de ce type organisé au départ de Calais depuis le 1er janvier. Au total, depuis le début de l'année, 1.384 personnes en situation irrégulière ont été éloignées du territoire national depuis Calais".

 

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