Asile - Hausse de 24% en 2015 de la demande d'asile en France, sept fois moins qu'en Allemagne
A l'occasion de la publication de son rapport d'activité 2015, l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) révèle les chiffres officiels de la demande d'asile au cours de l'année écoulée. Alors que les chiffres s'étaient stabilisés en 2014 à hauteur de 64.811 demandes (réexamens et mineurs accompagnants inclus), ils connaissent une reprise sensible en 2015, avec 80.075 demandes d'asile (dont 74.468 premières demandes), soit une progression de 23,6%. Ces chiffres définitifs sont très proches des données provisoires fournies par l'Ofpra dès le début de 2016 (voir notre article ci-contre du 14 janvier 2016). En revanche, ils sont légèrement supérieurs à ceux publiés par Eurostat, il y a trois mois (voir notre article ci-contre du 13 mars 2016).
Une hausse qui s'accélère
Cette évolution est évidemment un effet direct de la crise migratoire apparue à la mi-2015. La hausse a ainsi débuté au troisième trimestre 2015, puis s'est intensifiée au quatrième trimestre pour atteindre +57,4% par rapport au dernier trimestre 2014. L'Ofpra l'explique aussi par "une démarche volontariste en faveur de l'asile à Calais (près de 2.500 demandes enregistrées pendant l'année à l'Ofpra) et en faveur des personnes mises à l'abri depuis les campements parisiens (plus de 5.000 personnes)".
La hausse enregistrée en France en 2015 se situe dans la moyenne européenne, mais elle est très nettement inférieure à celle enregistrée dans certains pays de l'Union européenne, comme l'Autriche (+215%), l'Allemagne (+175%) ou la Suède (+100%). Longtemps premier pays d'Europe pour les demandeurs d'asile - et second au monde derrière les Etats-Unis -, la France se situe désormais au troisième rang européen, derrière l'Allemagne et la Suède.
Le rapport de l'Ofpra met également en évidence les profondes évolutions dans les pays d'origine. En fin d'année 2015, les deux pays les plus représentés dans la demande d'asile en 2014 - la République démocratique du Congo (RDC) et la Chine - ont ainsi été supplantés par le Soudan (+184%) et la Syrie (+64%). De même, l'Irak est passé, en un an, du 24e au 9e rang des pays de provenance des demandeurs et l'Afghanistan du 31e au 10e rang. A l'inverse, la Russie a reculé de la 4e à la 12e place.
L'Ile-de-France abrite 41% des demandeurs d'asile
En termes de répartition territoriale des demandes (région de résidence des demandeurs d'asile), l'Ile-de-France représente 41% du total, suivie de Rhône-Alpes (8%) et des DOM (7%). Si l'on regarde les évolutions par départements, les hausses les plus fortes enregistrées en 2015 concernent la Guyane (+159%), le Haut-Rhin (+58%), le Nord (+27%) et le Rhône (+23%).
Enfin, l'Ofpra a enregistré, en 2015, 321 demandes de mineurs isolés, soit une hausse de 17,6% par rapport à l'année précédente, confirmant ainsi - à une unité près - les chiffres récemment publiés par Eurostat (voir notre article ci-contre du 18 mai 2016).
Un taux d'admission au statut de réfugié en hausse sensible
En termes de protections internationales accordées - autrement dit d'octroi du statut de réfugié -, la France se classe toujours parmi les pays les plus restrictifs de l'Union européenne. Le taux d'admission à l'Ofpra est ainsi de 23% en 2015, mais monte à 31,5% si l'on tient compte des décisions ultérieures de la Cour nationale du droit d'asile (CNDA). La situation évolue toutefois fortement depuis quelques années : le taux d'admission par l'Ofpra était encore de 12,8% en 2013 et de 16,9% en 2014, avant d'atteindre 23% et 2015 et de grimper même à 26% sur les premiers mois de 2016.
Ces chiffres sont des moyennes et la part des admissions varie très fortement selon le pays d'origine. Les taux de protection accordés atteignent ainsi 98% pour les demandeurs d'asile irakiens, 97% pour les Syriens, 89% pour les Centrafricains, 82% pour les Yéménites et 80% pour les Afghans.
Au total, environ 206.000 personnes étaient ainsi sous protection de l'Ofpra (hors mineurs accompagnants) au 31 décembre 2015, soit 12.620 de plus qu'en 2014 (+6,5%). Sur ce nombre, 183.222 sont réfugiés statutaires, 1.326 ont le statut d'apatride et 21.624 bénéficient de la protection subsidiaire.