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Social - Le nombre de demandeurs d'asile a progressé de 22% en 2015

L'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) a présenté, le 12 janvier, les premiers chiffres de l'asile pour l'année 2015. Sans surprise, ils font apparaître une hausse sensible, avec 79.130 demandes d'asile déposées l'an dernier, soit une progression de 22% par rapport aux 64.800 demandes de 2014. Ce chiffre est le plus élevé constaté depuis 1973, même si l'Ofpra a déjà connu des pics en 1989 (61.422 premières demandes) ou en 2003 (52.204 premières demandes). Il reste par ailleurs très éloigné - même si le contexte et les décisions politiques ne sont pas les mêmes - des 1,1 million de demandeurs d'asile recensés l'an dernier en Allemagne.

Des pays "à forts besoins de protection"

Dans les débats sur l'origine des migrants - réfugiés "politiques" ou réfugiés "économiques" -, les chiffres sur les pays d'origine sont éclairants. Les hausses les plus significatives concernent en effet des pays à "forts besoins de protection" - pour reprendre l'expression de l'Ofpra - : Syrie (+65,6%), Soudan (+159,5%), Irak (+233%) ou Afghanistan (+214,8%). La demande augmente également de la part de ressortissants de pays qui n'ont a priori pas connu d'événements particuliers en 2015, comme Haïti (+71%) ou le Kosovo (+93%, probablement en partie en lien avec le fait que le Conseil d'Etat retirait fin 2014 le Kosovo de la liste des "pays sûrs").
L'an dernier, l'Ofpra a rendu un nombre de décisions (79.800) pratiquement équivalent à celui des demandes, ce qui laisse entendre que le stock de demandes en instance ne s'est pas accru. Au contraire, le nombre de demandes en attente de plus de trois mois s'est réduit de 30%, tandis que l'ancienneté des dossiers en attente est passée de 7 à 4,5 mois. La progression du nombre de décisions n'est toutefois que de 15%, contre 22% pour les demandes, ce qui montre que l'objectif d'un délai total de neuf mois pour la décision sur une demande d'asile - fixé par la loi du 29 juillet 2015 relative à la réforme de l'asile - ne sera pas facile à atteindre.

Un taux de protection en hausse

Autre évolution notable - qui s'explique également par le contexte international et l'irruption de Daesh au Moyen et Proche-Orient - : le taux de protection (pourcentage de réponses favorables à une demande d'asile) progresse, passant de 28% en 2014 à 31,5% l'an dernier. De ce fait, 26.700 personnes ont été protégées en 2015 contre 21.000 l'année précédente, soit une progression de 27%. L'Ofpra précise que 97% des 5.200 demandeurs d'asile syriens ont bénéficié d'une protection. Depuis 2011, plus de 10.000 Syriens ont ainsi été protégés.
Les chiffres montrent également une évolution de la répartition des rôles entre l'Ofpra et la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) : sur les 31,5% de décisions de protection, 24% ont été accordées par l'Ofpra contre 7,5% par la CNDA, alors que cette dernière prédominait jusqu'alors. Une évolution qui s'explique sans doute par l'évidence de la situation des demandeurs en provenance de certains pays. La combinaison entre la hausse du nombre de demandeurs d'asile et l'augmentation du taux de réponses favorables fait que le nombre de nouveaux réfugiés s'est accru l'an dernier de 30%. 

 

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