Rénovation énergétique : les professionnels craignent un nombre de passoires thermiques plus élevé que prévu
Dans un communiqué commun, la Fnaim (Fédération nationale de l'immobilier), l'Unpi (Union nationale des propriétaires immobiliers) et l'association Plurience (qui regroupe les treize plus gros acteurs du marché de la transaction et de la gestion immobilière) alertent les pouvoirs publics sur une possible sous-estimation du nombre de "passoires thermiques", autrement dit des logements classés F et G, qui sont supposés représenter environ 17% du parc total en France et ne pourront plus être proposés à la location à compter respectivement de 2028 et 2025 (les logements classés E suivant en 2034).
Pour les signataires, le nouveau DPE (diagnostic de performance énergétique), entré en vigueur le 1er juillet, se révèle "un outil aux conséquences incertaines". Selon Jean-Marc Torrollion, le président de la Fnaim, "nous avions anticipé que 40% des logements changeraient de classement avec le nouveau DPE. Mais les calculs théoriques prévoyaient qu'il n'y aurait pas plus de logements très énergivores. Ce n'est pas du tout ce que nous constatons sur le terrain". Selon lui, "le nombre de logements F et G, impactés les premiers par les obligations issues de la loi Climat et Résilience, est en train de doubler". Ce doublement par rapport aux estimations retenues dans le cadre du projet de loi Climat concerne les logements F comme les logements G : "En pratique, le nouveau DPE va révéler qu'il y a bien dans le parc de logements les 7 à 8 millions de logements très énergivores estimés par les études scientifiques jusqu'en septembre 2020. La loi a été votée en totale méconnaissance de la réalité des chiffres et de l'état du parc". Les signataires en profitent donc pour réitérer leur regret que "leurs alertes n'aient pas été entendues lors de l'examen de la loi Climat. Voter le calendrier sans connaître la réalité du parc, c'était jouer avec le logement des Français". Ils estiment par conséquent que "le risque de désinvestissement dans les sept millions de logements qui constituent le parc locatif privé est réel".
L'alerte lancée par les trois organisations n'est bien sûr pas dépourvue d'arrière-pensées. Ils font valoir en effet qu'il n'y a "pas de rénovation sans moyens adaptés" et formulent deux demandes "d'ajustement de la fiscalité aux enjeux d'amélioration environnementale du logement" : d'une part, un doublement du plafond des déficits fonciers imputables sur le revenu, si le montant des travaux est composé pour 40% de travaux d'économie d'énergie (en collectif ou en individuel) ; d'autre part, une extension du dispositif "Denormandie dans l'ancien" à l'ensemble du parc F et G "pour contrer une sortie des biens F et G du parc locatif privé, l'intégration des propriétaires-bailleurs à ce dispositif étant aussi une solution".
De son côté, le ministère du Logement, interrogé par BFM-TV, défend le nouveau DPE, jugé "plus fiable et plus complet", car basé non plus sur les factures d'énergie, mais sur les caractéristiques réelles du logement. Le ministère précise également qu'il sera en mesure "d'ici quelques semaines de partager des données fiables" sur l'impact réel du nouveau DPE et donc, a priori, sur le nombre effectif de logements classés F et G.