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Rentrée scolaire - Refondation de l'école : Vincent Peillon ne fait pas encore le mur

"Pour le moment, je m'occupe des fondations ! Avant les murs, avant la charpente...", a déclaré Vincent Peillon aux journalistes impatients, lors de sa conférence de presse du 29 août. Le ministre de l'Education nationale y a proclamé "la première rentrée du changement" avant la refondation de l'école qu'il promet pour 2013.

Près de 850.000 professeurs ont repris lundi 3 septembre le chemin de l'école avant d'accueillir mardi plus de 12 millions d'élèves, lors d'une rentrée qui, a assuré Vincent Peillon, va se passer du "mieux possible" grâce aux mesures de "réparation" destinées à atténuer "les dégâts qui ont été faits". Par exemple, pour les mesures concernant de près les collectivités locales, "nous avons rouvert dans l'urgence 750 classes depuis le mois de juin", grâce à la création de 1.000 postes de professeurs des écoles, "en priorité dans les zones difficiles et rurales", a-t-il précisé ce matin sur France Inter.
Lors de sa conférence de presse du 29 août, le ministre de l'Education nationale avait confirmé que la concertation pour la refondation de l'Ecole de la République, lancée en juillet dernier, se poursuivait et qu'un rapport serait rendu début octobre. Sur cette base sera rédigé le projet de loi d'orientation et de programmation qui sera quant à lui soumis au Parlement fin novembre.

La semaine de 4,5 jours "chemine dans les esprits"

La question des rythmes scolaires sera au menu de ce texte législatif, alors que le gouvernement a déjà pris la décision d'étendre dès cette année 2012 les vacances de la Toussaint à deux semaines. Quant à l'idée d'une semaine de 4,5 jours, qui "marchait" il y a quelques années, elle "chemine dans les esprits", a observé le ministre, conscient que la discussion qui soulève le plus de débat, notamment avec les communes, est bien celle des rythmes à la journée. Il a redit qu'il n'était pas favorable aux "journées chargées", et que la réforme "profonde" des rythmes scolaires qu'il entend mettre en place ne ferait pas "le sacrifice de notre jeunesse pour des intérêts d'adultes" ni "le sacrifice de l'intérêt général pour des intérêts particuliers".
Pas question pour autant, évidemment, de se mettre à dos les collectivités, d'autant que ce sont elles qui ont permis aux dépenses de l'Education nationale de progresser ces dernières années, a-t-il souligné. "Nous devons mieux associer les collectivités au travail de l'Education nationale, a-t-il déclaré. Dans la loi, il y aura des avancées importantes en terme de gouvernance" (de quoi donner espoir à l'ARF, voir ci-contre notre article du 31 août sur ses propositions de décentralisation dans l'Education).

En finir avec les "lieux de non-réussite"

"Trop de sigles, trop de zones, trop de manières de fonctionner : la politique d'éducation prioritaire manque aujourd'hui de lisibilité. Elle doit être refondue pour être plus efficace", a estimé le ministre de l'Education nationale, ajoutant : "On ne peut pas admettre que des lieux soient des lieux de non-réussite et que ces politiques ont tant de mal à compenser les inégalités." Il s'engage à "remettre à plat la politique de l'éducation prioritaire en liaison avec le ministre de la Ville pour une meilleure lisibilité et efficacité". A sa suite, George Pau-Langevin, ministre déléguée à la Réussite éducative, a estimé qu'il fallait refonder la politique d'éducation prioritaire, devenue "un millefeuille".
Si Vincent Peillon note que les rapports sur la carte scolaire montrent que "son assouplissement n'a pas été bienheureux", il estime qu'il "ne serait pas juste de faire croire que la carte scolaire pourra résoudre toutes les questions de la mixité sociale". Là encore, il ne se prononcera sur l'avenir de l'assouplissement de la carte scolaire qu'à l'issue de la concertation.
En revanche, nul besoin de consulter plus pour savoir que "la scolarisation des moins de trois ans est utile quand elle s'adresse à des publics en difficulté", conclut le ministre de la lecture des rapports (et de l'engagement du candidat François Hollande lors de la campagne présidentielle). "Il y en avait plus de 30% en 2002, il y en a entre 11 et 12% aujourd'hui. Il y aura une montée en charge progressive, sur la durée du quinquennat, pour revenir aux chiffres d'il y a dix ans ", a-t-il déclaré.

Internats d'excellence : un dispositif "coûteux"

Concernant les internats d'excellence, le ministre a étudié "les évaluations (qui) ont montré que ce dispositif était très coûteux pour des résultats peu probants dans la mesure où les élèves étaient sélectionnés". S'il n'a pas souhaité rompre les engagements pris par l'Etat sur ce dossier (la dernière convention Etat-Anru date du 3 mai 2012), il ne faudra donc pas compter sur lui pour étendre le dispositif.
Sur le dossier des élèves handicapés, la ministre déléguée à la Réussite éducative a confirmé que 1.500 auxiliaires de vie scolaire individuels (AVS-i) supplémentaires sont recrutés dès cette rentrée (voir notre article consacré à se sujet dans l'édition du jour), pour répondre aux besoins d'accompagnement prescrits par les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), "actuellement loin d'être couverts", selon le ministère.
Parmi les nouveautés de cette année, signalons encore la création de 500 postes d'assistants chargés de prévention et de sécurité (APS) et naturellement, pour mémoire, la création des emplois d'avenir "professeurs" qui concerneraient 18.000 étudiants d'ici 2015, dont 6.000 dès 2013 (voir ci-contre notre article du 29 août). 

 

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