Aménagement - Rapport de suivi du Grand Paris : des incertitudes sur le financement
Dans leur rapport de suivi du Grand Paris, Annick Lepetit, députée PS de Paris, et Yves Albarello, député UMP de Seine-et-Marne, s'inquiètent des financements à venir. "Si le projet semble beaucoup mieux engagé aujourd'hui qu'il y a dix-huit mois, il demeure plusieurs sujets d'inquiétudes. Comme nous le faisait remarquer le rapporteur général du budget Gilles Carrez que nous avons auditionné, il n'y a toujours pas de plan de financement consolidé", a ainsi insisté Annick Lepetit, lors de la présentation du rapport devant la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale, le 23 novembre.
Le projet du Grand Paris, qui prévoit la construction d'un métro automatique de 130 kilomètres de long autour de Paris, reliant Orly au Sud et Roissy au Nord, et la construction de 70.000 logements par an, devrait coûter 35 milliards d'euros, sans compter les frais de fonctionnement estimés à 800 millions d'euros... Parmi les interrogations des deux députés : le devenir de la dotation de 4 milliards d'euros que l'Etat a prévue. "Qu'en est-il de cette dotation, a questionné Yves Albarello, à quel moment sera-t-elle versée et sous quelles modalités ?" Autre sujet d'inquiétude : le financement des gares qui n'étaient pas envisagées dans le projet initial. 74 gares sont prévues actuellement dans le projet du Grand Paris, soit près du double du nombre initial. "Nous savons que le coût d'une gare est évalué à 80 millions d'euros et que la Société du Grand Paris (SGP), jusqu'à présent, ne prévoit pas l'aménagement des gares à sa charge. Il faudra là aussi clarifier la prise en charge de cet aménagement", a souligné la députée de Paris.
Un comité de suivi
Les députés ont aussi relevé le manque de précision en matière de calendrier, de phasage et de vision d'aménagement d'ensemble. "Pour le moment, nous n'avons pas pu obtenir un semblant de calendrier, a indiqué Annick Lepetit, même si le ministre [chargé du Grand Paris] a commencé à évoluer puisqu'il a dit que les travaux commenceraient là où les études étaient les plus avancées et que, par conséquent, le prolongement de la ligne 14 serait le premier tronçon. Mais nous avons besoin de clarté sur l'ensemble."
Les députés regrettent aussi que le partenariat public-privé prévu pour construire la liaison rapide entre l'aéropot Charles-de-Gaulle et la capitale soit "en stand-by".
Ils ont toutefois tenu à mettre en avant les points positifs de l'application de la loi. "Si nous regrettons certaines lacunes, insuffisances et contradictions notamment en ce qui concerne le volet financier, le phasage dans le temps ou encore et surtout la perception incorrecte de l'opinion publique de l'intérêt national du projet, en revanche, nous constatons un certain nombre de sujets de satisfaction", a ainsi souligné Yves Albarello. Les députés se félicitent notamment de la qualité du débat public, du caractère concerté et partagé du Grand Paris Express, du respect de l'environnement, de la complémentarité entre le Grand Paris Express et les réseaux actuels de transport. Ils se satisfont aussi du "poids des collectivités territoriales dans le succès attendu du projet".
Pour continuer à suivre l'évolution du projet, les rapporteurs proposent de mettre en place un comité de suivi de la loi sur le Grand Paris. "On voit bien que compte tenu de l'évolution des choses, nous avons besoin d'enseignements et de renseignements au fur et à mesure", a affirmé Annick Lepetit. La commission a adopté le rapport et donc retenu le principe de ce comité. Un moyen de contrôler tout dérapage.