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Assises de l'Amif - Grand Paris : après le transport, place au logement

Le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, présentera un plan spécifique pour la production de logements en Ile-de-France dans les "prochaines semaines". Il en a dévoilé quelques pistes, mardi 5 avril, lors des 15e Assises de l'Amif. L'objectif : encourager les "maires bâtisseurs".

La méthode "Momo". L'expression lancée il y a quelques semaines par l'architecte Roland Castro connaît son petit succès. Ce qui n'est pas pour déplaire au principal intéressé, le ministre de la Ville, Maurice Leroy, venu clôturer un débat sur le Grand Paris, lors des 15e Assises de l'Amif (Association des maires d'Ile-de-France), le 5 avril, à Vincennes. "Je suis d'une zénitude totale", a-t-il lancé, après l'accord "historique" signé le 26 janvier, avec le président de la région, Jean-Paul Huchon, prévoyant 32,4 milliards d'euros d'investissement pour moderniser les transports franciliens à horizon 2025 et réaliser le Grand Paris Express, le réseau né de la fusion du projet de la région "Arc Express" avec la grande boucle portée par le gouvernement. Un accord qui vient de trouver une première traduction avec la proposition de loi socialiste votée le 30 mars par le Sénat pour débloquer le Sdrif (schéma directeur de la région Ile-de-France). Texte qui doit à présent être examiné par les députés. "On a réussi tous ensemble… On n'avait pas le choix, si nous n'aboutissions pas à un accord de principe le 31 janvier (date de clôture des débats publics du Grand Paris, ndlr), je ne sais pas s'il y avait un plan B, il y aurait surement eu un planté", a plaisanté le ministre, devant un président de région opinant du chef. On est bien loin de l'ambiance des assises des années précédentes et du dialogue de sourd entre les élus de la région et le secrétaire d'Etat au développement de la région capitale, Christian Blanc. Tout n'est pas réglé pour autant mais les conditions semblent réunies pour passer les derniers écueils : la question du financement du Grand Paris Express avec de nouvelles taxes envisagées, l'implantation des gares et le sort des 18 gares optionnelles... Fin mai, le conseil de surveillance de la Société du Grand Paris se réunira pour arrêter le schéma d'ensemble du réseau. Le préfet de la région Daniel Canepa a annoncé que le décret fixant ce schéma serait publié au mois de juillet. Point de départ de la préparation des 17 futurs contrats de développement territorial qui devront être signés "fin 2012 début 2013", la loi ayant prévu un délai maximum de dix-huit mois à compter de la parution du décret. "Nous nous sommes fixé un objectif ambitieux : que les premiers contrats soient signés fin 2011 pour faire démarrer le processus déjà bien engagé sur certains territoires", a précisé le préfet.
 

Encourager les maires bâtisseurs
 

Au-delà des gares et du transport, les contrats aborderont la question logement qui apparaît à présent comme le deuxième volet du Grand Paris. Alors que depuis une dizaine d'années, la région peine à construire 40.000 logements par an, il en faudrait 70.000 pour sortir de la crise immobilière. C'est en tout cas le cap fixé par la loi sur le Grand Paris. Soit 10.000 de plus que les objectifs du Sdrif 2008 qui va devoir être révisé d'ici à 2013. "La marche à franchir est considérable", a reconnu Benoist Apparu qui a annoncé pour les "prochaines semaines" un "plan spécifique de production de logements en Ile-de-France". Le secrétaire d'Etat au Logement a avancé trois pistes visant à encourager les "maires bâtisseurs" : aider les élus par le biais de la fiscalité pour répondre aux besoins d'équipements nécessaires à l'accueil de nouvelles populations, travailler sur la spéculation et sur la fiscalité des terrains à bâtir pour inverser la logique actuelle qui pousse à la rétention du foncier et, enfin, mieux utiliser les espaces sous employés. Selon le ministre, il existe une réserve de terrains constructibles de l'ordre de 20.000 hectares en Ile-de-France, soit "deux fois et demi la taille de Paris" : 13.000 hectares dans les PLU (plans locaux d'urbanisme) auxquels s'ajoutent 7.000 hectares répertoriés dans le Sdrif. Benoist Apparu a également avancé la possibilité de puiser dans les 15.000 hectares en provenance des parkings de surface et des délaissés autoroutiers et ferroviaires. Mais pour Jean-Paul Huchon, il faut commencer par "rattraper le contingent de la loi SRU". "40% des communes ne l'appliquent pas et préfèrent payer des pénalités ridicules."
A ce plan régional s'ajoutera un schéma territorial préparé par le préfet de la région. "Les 10.000 logements supplémentaires (par rapport au Sdrif, ndlr) seront construits en priorité là où existe un contrat de développement territorial", a précisé Daniel Canepa. "A partir du moment où un maire ne veut pas construire, il n'y aura pas de contrat de développement territorial, c'est clair", a prévenu le préfet.