Habitat - Que font nos voisins européens pour lutter contre la précarité énergétique ?
Alors que le plan français de lutte contre la précarité énergétique lancé en janvier 2010 devrait arriver prochainement dans sa phase opérationnelle (voir ci-contre notre article du 21 juillet 2010), un guide de bonnes pratiques à destination des bailleurs (privés ou publics), des collectivités et des associations vient d'être publié. Sa principale vertu est de présenter des expériences menées dans cinq pays européens : France, Allemagne, Italie, Pologne et Royaume-Uni.
Produit dans le cadre d'un projet européen (FinSH, "Financial and support instruments for fuel poverty in social housing"), ce document d'une cinquantaine de pages est organisé autour des huit points-clés à prendre en considération pour monter une politique locale de lutte contre la précarité énergétique (parc social et parc privé) : adopter une approche globale et stratégque ; identifier ceux qui ont besoin d'aide ; communiquer et sensibiliser les résidents ; impliquer les résidents dans le processus de rénovation ; financer un programme de rénovation ; s'entourer des compétences nécessaires ; évaluer le programme. Si certains conseils prodigués peuvent paraître d'évidence aux habitués de ces sujets, le guide a néanmoins le mérite de proposer une vision globale du domaine. Il constitue donc une lecture utile pour préparer les contrats locaux de lutte contre la précarité énergétique que les collectivités devront prochainement conclure si elles souhaitent que leur territoire bénéficie des aides de l'Agence nationale de l'habitat et des fonds du grand emprunt (voir nos articles ci-contre).
S'appuyer sur les concierges, éditer des CD, distribuer des thermomètres...
Les bonnes pratiques présentées concernent autant le parc social que le parc privé : ainsi, la ville de Ferrare (Italie, p. 7) s'est fixé pour objectif non pas de faire le plus d'économies d'énergie possible mais d'obtenir les meilleurs résultats par rapport aux investissements entrepris. Dans le Lincolnshire (Royaume-Uni, p. 11), un bailleur social interroge les locataires de HLM qui quittent leur logement pour connaître les raisons de leur départ et si celles-ci sont liées à des coûts de chauffage trop élevés. Pour sensibiliser les habitants à ces questions d'économies d'énergie, Cardiff (Royaume-Uni) a choisi de diffuser un magazine sous forme papier et CD-audio en différentes langues (p. 16). A Brême (Allemagne), le bailleur social se concentre sur la formation des concierges qui sont les mieux placés pour repérer les ménages concernés.
Autre initiative peu commune, celle de Postdam (Allemagne), qui distribue gratuitement des thermomètres indiquant la température optimale et quelle économie d'énergie peut être réalisée en baissant celle-ci. Le financement de ces différentes initiatives n'est pas oublié : à Milan (Italie), des panneaux solaires et publicitaires financent une partie de la campagne. Au Royaume-Uni, les déménagements fréquents sont considérés comme un frein aux travaux d'économies d'énergie : un prêt baptisé "Pay as you save" (payez selon vos économies d'énergie) permet de lutter contre ce phénomène (p. 36). Citons pour conclure des expériences françaises : en Provence-Alpes-Côte d'Azur et dans le Doubs, des associations d'insertion forment les occupants des logements pour qu'ils soient en mesure d'effectuer eux-mêmes la plupart des travaux (chantiers d'autoréhabilitation).
Hélène Lemesle
Référence : FinSH, habitat à vocation sociale : sortir de la précarité energétique. Un guide pour les bailleurs, collectivités et associations, mai 2010.