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Lutte contre l'exclusion - Précarité énergétique et santé ne font pas bon ménage

La fondation Abbé-Pierre a présenté, jeudi 12 décembre, dans le cadre d'un colloque au Conseil économique, social et environnemental (Cese) intitulé "Quand le logement rend malade", un rapport sur les liens entre précarité énergétique et santé, un sujet jusqu'alors peu exploré. L'étude a été réalisée par le Creai-ORS de Languedoc-Roussillon (organisme issu de deux structures régionales antérieures : le Carrefour de ressources et d'études pour l'autonomie et l'inclusion et l'observatoire régional de santé), avec le soutien notamment de la région, du département de l'Hérault et de la ville de Montpellier. Elle porte sur deux territoires bien distincts - l'est de l'Hérault et le Douaisis (Nord) - et couvre 362 logements et 750 personnes (adultes et enfants).

Des conditions de logement dégradées pour les "exposés"

Pour permettre de tirer des conclusions, l'étude procède par comparaison entre deux groupes de personnes : l'un "exposé" (personnes en situation de précarité énergétique) et l'autre "non exposé". Le recueil d'informations s'est appuyé sur l'administration de plusieurs questionnaires : le premier décrivant l'état du logement, le second l'état de santé des habitants de plus de seize ans et le troisième celui des enfants de moins de seize ans présents au sein du foyer.
Comme on pouvait s'y attendre, l'étude révèle des écarts importants entre les deux groupes. Ceux-ci portent en premier lieu sur l'état du logement. Ainsi, 71% des exposés déclarent souffrir du froid en hiver, contre 1,2% des non exposés. Les proportions de ménages laissant des pièces non chauffées sont respectivement de 64% et 28%, de 56% et 23% pour l'utilisation d'un chauffage d'appoint et de 49% et 26% pour l'utilisation d'un chauffage électrique. De même, 85% des exposés disent supporter des dépenses de chauffage "trop importantes", contre 44% des non exposés. Autres élément significatif : 64% des logements des premiers présentent des moisissures, contre 17% chez les seconds.

Des répercussions sur la santé et l'estime de soi

De tels écarts ne manquent évidemment pas d'avoir des répercussions en termes d'état de santé perçu par les intéressés (profil de santé de Duke). Celui-ci est apprécié sous la forme de notes que s'attribuent les personnes interrogées sur différents items. La note de santé globale est ainsi de 5,1 sur 10 chez les exposés et de 6,0 chez les non exposés.
Sur les 17 items du profil de santé de Duke - notés de 0 à 100 - aboutissant à la note globale, les écarts sont tout aussi significatifs. Les plus importants s'observent sur la santé générale (respectivement 55,5 chez les exposés et 61,4 chez les non exposés), sur la santé mentale (54,4 et 64,2) et sur l'estime de soi (65,9 et 70,1). Parmi les pathologies surreprésentées chez les adultes exposés figurent des pathologies aiguës hivernales comme le rhume et les angines (74,3% de citations contre 49,1%), ainsi que la grippe (28,7% contre 17,7%). Quatre autres pathologies sont rapportées comme significativement plus fréquentes chez les adultes du groupe exposé : les bronchites chroniques, l'arthrose, l'anxiété et dépression, ainsi que les maux de tête.

Chez les enfants aussi

Les écarts sont également significatifs chez les enfants de moins de seize ans, avec une réserve méthodologique compte tenu du nombre limité d'enfants dans l'échantillon. Leur note globale de santé est de 7,1 sur 10 chez les exposés, contre 8,6 chez les non exposés. Dans les items de santé, les écarts de santé sont très significatifs sur le rhume et les angines (respectivement 83,8% et 59,3%) le "nez qui coule" (67,1% et 28,6%), les sifflements respiratoires (29,8% et 7,1%) et les "yeux qui pleurent" (23,4% et 7,2%). 

 

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