Energie/social - La transition énergétique ne doit pas aggraver la précarité énergétique, préviennent des ONG
La transition énergétique ne doit pas conduire à une aggravation de la précarité énergétique, ont prévenu le 28 mars des associations humanitaires lors d'une séance spéciale du débat national sur la transition énergétique. "On est tout à fait pour une transition énergétique, mais il ne faudrait pas que ce soient les plus pauvres qui paient le plus. Il n'est dans l'intérêt de personne que cette transition se transforme en un drame social", a souligné Claire Hédon, d'ATD Quart-Monde.
D'autres associations ont souligné l'imbrication entre la précarité énergétique et la crise du logement, et mis en garde contre le danger que les précaires ne soient de plus en plus relégués vers les logements mal isolés, ou passoires thermiques. "On ne peut pas réussir une transition énergétique qui laisse 15%, et peut être demain 30 ou 50% des citoyens sur le bord de la route", et qui provoquerait "une fuite des plus riches vers les logements les mieux isolés", a jugé Bertrand Lapostolet, de la Fondation Abbé-Pierre. Si la rénovation des logements reste réservée aux catégories qui en ont les moyens, "il ne restera sur le marché à un prix accessible que des logements mal isolés", a aussi mis en garde Frank Dimitropoulos, du Réseau des acteurs de la pauvreté et de la précarité énergétique dans le logement (Rappel). "Les aides publiques ne suffisent pas, et les associations sont de plus en plus sollicitées", a également indiqué François Boulot du Secours catholique, dont les aides en matière d'énergie ont augmenté de 90% de 2004 à 2011. Instauration d'un "guichet unique" pour traiter les précaires énergétiques, mise en place d'un "bouclier" ou "chèque" énergie (couvrant toutes les formes d'énergie, y compris le fioul ou le bois), élargissement de l'assiette de la CSPE (taxe sur l'électricité, qui finance entre autres les tarifs sociaux)... : les associations ont aussi détaillé leurs propositions.
La ministre de l'Ecologie et de l'Energie Delphine Batho a réaffirmé que le débat national sur la transition énergétique, qui vise à guider l'évolution vers un système plus sobre et moins dépendant du nucléaire et du pétrole, "doit être en phase avec les préoccupations des citoyens en matière de coûts de l'énergie". Sur la question de la précarité énergétique, "on a aujourd'hui beaucoup de témoignages qui remontent des CCAS (centres communaux d'action sociale, NDLR), des élus, en banlieue, en milieu rural, et on est bien conscients qu'il va falloir certainement aller plus loin", a-t-elle reconnu.