Emploi - Pôle emploi concrétise ses nouveaux partenariats avec les régions
Bousculé depuis quelques mois par la montée en charge des régions sur le front de l'emploi, Pôle emploi tente de passer avec elles des partenariats. L'objectif affiché : partager les données sur le marché de l'emploi local, se répartir les rôles, et favoriser ainsi une action conjointe localement. Mais c'est aussi une façon pour l'opérateur public de contrecarrer les velléités actuelles de certaines régions, comme le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, de le cantonner à l'indemnisation des demandeurs d'emploi, et de se charger, localement, quant à elles, de leur accompagnement. Le sujet a été mis sur la table au moment des discussions autour de la loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation de la République (Notr). La loi, qui positionne les régions comme des acteurs incontournables des politiques de formation, d'apprentissage et du développement économique, leur donne finalement la possibilité de se voir déléguer, si elles le souhaitent, la coordination du service public de l'emploi, mais hors Pôle emploi. Autre changement : l'Etat a lancé en mars 2016 le plan 500.000 formations supplémentaires pour les demandeurs d'emploi, qui est piloté par les régions et sur lequel Pôle emploi intervient, l'objectif étant de doubler le nombre d'actions de formation pour les chômeurs. Le budget de l'opérateur public, qui s'établissait à 568 millions d'euros en 2015, va fortement augmenter avec ce plan pour lequel le gouvernement investit un milliard d'euros. Pôle emploi est même amené à se positionner directement dans certains cas, comme en Auvergne-Rhône-Alpes, où le président de région, Laurent Wauquiez, refuse de contribuer au plan du gouvernement. "Pour ne pas pénaliser la région, les sommes prévues seront versées à Pôle emploi, a signalé Jean Bassères, directeur général de Pôle emploi, lors d'un point presse le 12 avril, il s'agira d'un partenariat de nature différente mais il faut le garder, ne serait-ce que pour respecter la loi qui impose que les achats de formation se fassent en accord avec la région."
"Redéfinir les modalités de fonctionnement"
Enfin, le 30 mars, l'Etat et les régions ont signé une plateforme d'engagements réciproques concernant l'emploi, la formation professionnelle et le développement économique, ouvrant la voie pour les régions à des conventionnements avec Pôle emploi afin d'expérimenter de nouvelles modalités de travail. "Nous allons voir quels sont les axes de coopération nouveaux que l'on va pouvoir proposer aux régions", a signalé Jean Bassères au sujet de ces nouveaux conventionnements. "Nous avons signé trois conventions avec les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur, Centre-Val de Loire, et Bretagne, et d'autres vont suivre", a-t-il précisé.
Au-delà de la plateforme Etat-régions et du plan 500.000 formations supplémentaires, le patron des régions, Philippe Richert, accueille favorablement cette nouvelle forme de collaboration. "Le directeur général de Pôle emploi est ouvert pour qu'on puisse travailler davantage ensemble, pour qu'il n'y ait pas d'un côté Pôle emploi et de l'autre les régions", a indiqué le président de l'Association des régions de France à l'occasion des rencontres des acteurs publics organisées le 12 avril, manifestant son souhait d'aller "plus loin" dans la décentralisation des politiques de l'emploi, et notamment dans le domaine de la formation des demandeurs d'emploi.
Plusieurs axes sont définis pour ces expérimentations, dont les aides individuelles distribuées par Pôle emploi pour compléter le financement d'une formation. "Nous allons avoir une discussion stratégique avec les régions sur ces aides", a indiqué Jean Bassères, l'objectif étant de garantir leur articulation avec les priorités économiques régionales.
Mobiliser les conseillers entreprises sur les priorités économiques régionales
Autre chantier : l'intervention des 4.200 conseillers entreprises de Pôle emploi. "Nous allons voir avec les régions comment mobiliser ces conseillers sur les priorités économiques régionales, et avoir des actions particulières par rapport à ces priorités", a expliqué le directeur général de Pôle emploi. Ainsi, la convention signée le 11 avril avec la région Provence-Alpes-Côte d'Azur définit de nouvelles règles du jeu pour les 400 conseillers de Pôle emploi de la région. Ces agents devront respecter des délais resserrés de traitement des offres déposées par les entreprises. Ils devront ainsi contacter l'employeur dans les 48 heures maximum après réception de l'offre et seront tenus à lui faire une proposition dans les dix jours. Enfin, ils devront réaliser un reporting mensuel auprès de la région sur le nombre d'offres recueillies et sur les résultats des actions entreprises menées par Pôle emploi. L'enjeu est de taille car la région affiche un taux de chômage largement au-dessus de la moyenne nationale (12%) avec 470.000 chômeurs et quelque 25.000 offres d'emploi non pourvues…
Pôle emploi souhaite aussi travailler avec les régions dans le domaine de la création d'entreprise par les demandeurs d'emploi. "Nous intervenons en amont et dans ce cadre nous souhaitons doubler le nombre de demandeurs d'emploi qui bénéficient d'une prestation sur ce sujet, qui est externalisée mais financée par Pôle emploi. Après, il faut que ces demandeurs d'emploi, si leur projet est valide, soient soutenus. Nous proposons aux régions de coordonner et de piloter cet accompagnement, d'autant plus qu'elles vont récupérer le dispositif Nouvel Accompagnement pour la création et la reprise d'entreprise (Nacre) à partir de 2017", précise Jean Bassères.
La mise en cohérence des aides à la mobilité et le développement du numérique font partie des sujets sur lesquels pourront aussi porter les expérimentations entre les régions et Pôle emploi, l'idée étant de trouver des solutions innovantes, développées avec des startups, pour partager les diagnostics et données du territoire, à l'image de "La bonne formation". Cet outil mis en place par Pôle emploi permet de cibler les formations statistiquement les plus efficaces pour le retour à l'emploi.